Jusqu’à quel point est-il justifié pour une société d’exporter ses ressources naturelles sans les transformer sur place? C’est le grand débat qui a actuellement lieu dans le milieu forestier de la Colombie-Britannique, un débat stimulé par la Chine. Car ce pays n’est pas seulement le premier exportateur mondial, il est aussi le deuxième importateur mondial! Et s’il y a une province du Canada qui profite de cet « appétit » de la Chine pour les importations, c’est bien la Colombie-Britannique. Entre 2005 et 2011, la Chine a accaparé de 5,2 % à 32,6 % de la valeur totale des exportations des produits forestiers britanno-colombiens (Figure 1). En argent sonnant, ce 32,6 % se traduit en 3,2 milliards $. Si cela fait le bonheur du gouvernement et de plusieurs industriels forestiers, tout le monde ne partage pas cette joie, particulièrement lorsqu’il s’agit de l’exportation de billots récoltés en forêt publique, mais non ouvrés (transformés) en Colombie-Britannique. Malgré qu’il ne s’agisse pas des bois avec le plus de valeur commerciale (construction de caissons pour couler du béton), la bataille politique sur le sujet est chaude. Une bataille qui peut susciter la réflexion au Québec.
De futurs gratte-ciel en bois?
Si ce blogue est consacré à l’aménagement forestier, ces dernières années j’ai gardé un oeil intéressé sur le débat de l’incorporation du bois dans les constructions non résidentielles au Québec (Stade Chauveau, Colisée de Québec…). La raison en est simple : culture du bois et culture d’aménagement forestier sont étroitement liées. C’est pourquoi la construction prochaine d’un immeuble en bois de dix étages à Prince George (Colombie-Britannique) a suscité mon intérêt. Cet immeuble abritera le Wood Innovation and Design Center et servira autant de modèle que de centre de recherche et d’enseignement en ingénierie du bois. En appui à cette démarche, un rapport de recherche sur les possibilités de construction en hauteur (jusqu’à trente étages!) en bois vient d’être déposé. Donc, pour aujourd’hui, petite visite virtuelle en Colombie-Britannique pour mieux comprendre les dessous de ce dossier et petit retour sur les derniers développements dans ce domaine au Québec.
Plan Nord et foresterie : quand le Plan d’une génération fait fi de ce que les deux précédentes ont bâti
Plus tôt cette année, j’ai produit une chronique intitulée « Un Plan Nord sans Foresterie? » qui faisait suite à un débat sur la place de l’aménagement forestier dans ce grand projet. En mettant un point d’interrogation, je dois avouer que j’avais alors espoir que le colloque de l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec du 29 mars dernier (« Le Plan Nord sous le couvert forestier ») allait offrir une perspective plus positive de cette question. J’avais tort. Au fur et à mesure que les conférenciers défilaient, la même constante revenait : il n’y avait rien de spécifique à dire sur l’apport du Plan Nord pour la foresterie. En fait, il n’était même pas clair que ce Plan était au grand bénéfice des régions nordiques! Pour autant, cela ne veut pas dire que la foresterie ne puisse trouver sa place dans le Plan Nord… mais elle devra se la faire!
Les Planning rules : 30 ans plus tard
C’est dans l’espoir qu’elle représente le dernier chapitre d’une longue saga, que le USDA Forest Service a publié le 23 mars dernier la version finale de la Planning rule qui encadrera la production et la révision des plans des différentes Forêts nationales des États-Unis. Comme le mentionne le USDA Forest Service, cette nouvelle version des Planning rules est le fruit de 30 ans d’expérience dans la planification de l’aménagement des Forêts nationales. Je ne reviendrai pas ici sur les détails de cette saga que j’ai déjà eu l’occasion de traiter dans de précédentes chroniques. Je vais plutôt m’attarder sur les points centraux de la Planning rule 2012 ainsi que sur les points qui sont le plus susceptibles d’amener une réflexion sur l’aménagement des forêts publiques québécoises.
Les forêts urbaines: ne les oublions pas!
Depuis le début de ce blogue, il a beaucoup été question d’aménagement de forêts publiques en milieu forestier. Pour aujourd’hui, petite incursion dans le domaine des forêts urbaines. Ce ne sont naturellement pas les mêmes enjeux d’aménagement que, par exemple, dans les Forêts nationales américaines. Mais les enjeux associés aux forêts urbaines sont directement reliés aux services que les forêts rendent aux sociétés humaines, des sociétés justement de plus en plus urbanisées. Une raison plus que suffisante pour y consacrer une chronique!
La Francophonie à l’assaut de RIO+20
RIO+20. C’est le nom abrégé de la 5e Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui se tiendra à Rio de Janeiro (Brésil) du 20 au 22 juin 2012. Une Conférence que vous connaissez peut-être mieux sous l’appellation « Sommet de la Terre » et dont les deux grands thèmes seront : l’économie verte comme outil d’éradication de la pauvreté et la création d’un cadre institutionnel pour le développement durable. En vue de cette Conférence, l’Organisation internationale de la Francophonie a mandaté la Chaire en éco-conseil de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) de coordonner les efforts pour publier au mois de mai 2012 un livre intitulé Forêts et Humains : une communauté de destins. Un livre et ses messages qu’est venu présenter jeudi dernier M. Claude Villeneuve (Titulaire de la Chaire) lors d’une conférence au Centre de Foresterie des Laurentides. Compte-rendu.
Pour un peu d’amour dans l’aménagement de nos forêts
L’ouverture de ce blogue il y a 18 mois m’a permis, en particulier, d’alimenter ma réflexion sur l’aménagement de nos forêts publiques. Une réflexion qui m’a convaincu que la direction dans laquelle se dirige cet aménagement n’augure rien de très bon pour nos forêts ainsi que les communautés qui en vivent. En fait, s’il n’y a pas un changement majeur dans la structure d’aménagement, j’entrevois une ère de grande noirceur pour l’aménagement forestier au Québec.
Les Apaches à la rescousse des Forêts nationales américaines
En 2011, l’Arizona et le Nouveau-Mexique ont été touchés par d’importants feux de forêt. En Arizona, le Wallow Fire fut le plus important de l’histoire (connue) de cet État et a couvert à lui seul 2 200 km2 (538 000 acres). La particularité de ce feu est qu’il a brûlé presque essentiellement dans la Forêt nationale Apache-Sitgreaves et a été freiné sur son front ouest par les forêts que l’on retrouve dans deux Réserves de tribus Apaches, soit Fort-Apache et San Carlo. Pourtant, le pin ponderosa (Pinus ponderosa) était l’essence dominante tant dans la Forêt nationale que les Réserves apaches. La différence? Contrairement à la Forêt nationale, les territoires Apaches sont intensivement aménagés depuis plusieurs décennies à l’aide, en particulier, de brûlages dirigés. Cela a avivé le débat sur l’aménagement, ou plutôt le non-aménagement des Forêts nationales et a tourné les regards vers l’aménagement forestier des Apaches comme modèle, plusieurs n’hésitant pas à dire que ce sont les Apaches (et leur aménagement des forêts), qui sont venus à bout du Wallow Fire.