Mon grand défi lorsque je produis des comptes-rendus est d’être fidèle au message principal qui se dégage de la présentation ou du colloque auquel j’ai assisté. Lorsqu’il s’agit d’une seule présentation, c’est relativement facile. Lorsqu’il s’agit d’un colloque sur un thème donné, le défi est un peu plus élevé, mais le thème même du colloque offre une trame centrale à laquelle s’accrocher (ex. : le Plan Nord). Lorsqu’il s’agit d’un congrès sur plus d’une journée avec des sessions concurrentes, il devient toutefois impossible de faire un compte-rendu qui reflète fidèlement ce que tout le monde a pu voir et entendre. Ce que l’on va retenir de ces congrès devient nécessairement plus personnel du fait que le choix des conférences et ce que l’on va en retenir est basé sur nos sensibilités et notre expérience. C’est donc un compte-rendu centré sur une vision bien personnelle du congrès conjoint de l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec (OIFQ) et de l’Institut Forestier du Canada (IFC) qui s’est tenu la semaine dernière à Québec que je vais vous présenter aujourd’hui.
La Forêt à Coeur cet automne
Bonjour aux anciens et nouveaux lecteurs-trices de La Forêt à Coeur! À l’instar des réseaux de télévisions, je vais aujourd’hui vous présenter mon « programme » de l’automne!
Tout d’abord, les changements les plus visibles : les polices et une barre des menus plus agréable à l’oeil. Pour les polices, j’ai décidé de distinguer les titres du corps du texte (ou les éléments de liste). J’utilise TypeKit, un service de polices géré par Adobe. Les objectifs de ce changement sont de donner un visuel plus agréable en plus d’une signature bien distinctive au blogue. Merci de me faire part de vos commentaires (ealvarez@laforetacoeur.ca)!
L’aménagement forestier dans la campagne électorale québécoise: entre indifférence et incohérences
[Mise à jour le 5 septembre 2012 – voir la fin de la chronique]
Cela peut paraître un peu tard dans la campagne électorale en cours au Québec pour parler de foresterie et d’aménagement forestier, mais le fait est que cet enjeu n’a été abordé que très récemment. Une situation d’ailleurs déplorée par le Conseil de l’Industrie Forestière du Québec (CIFQ) la semaine dernière. Donc, pour la chronique d’aujourd’hui, petit survol des dossiers « chauds » du monde de l’aménagement forestier dans cette période de fièvre électorale (note : je me suis attardé aux enjeux avec un rayonnement « panquébécois »).
L’aménagement forestier à Fort Apache
J’inaugure avec cette chronique une nouvelle série en ajout aux trois déjà existantes (grands dossiers, éditoriaux et comptes-rendus). Intitulée « Études de cas » elle regroupera des chroniques mettant avant tout l’accent sur le « comment » de l’aménagement plutôt que les enjeux politiques. C’est donc une série plus technique que les autres et dont la mission est de partager différentes expériences en aménagement forestier pour que chacun-e puisse y tirer ses « leçons ».
Pour cette première chronique de la série « Étude de cas », je vais vous ramener dans le sud-ouest des États-Unis, plus spécifiquement dans la Réserve amérindienne de Fort Apache en Arizona. Lors de ma précédente chronique touchant ce territoire, il avait surtout été question de l’impact positif de l’aménagement forestier des Apaches pour arrêter un important incendie de forêt (Wallow fire). L’entrevue d’un aménagiste (M. Randy Fuller) du Bureau of Indian Affairs (BIA) responsable à Fort Apache, dans l’édition de juillet du Forestry Source, s’est donc avérée le prétexte parfait pour entamer ma nouvelle série de chroniques!
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« Cachez cette garantie que je ne saurais voir » : la nouvelle politique du MRNF
La Loi 67. Cela vous dit quelque chose? Peut-être pas encore… Et le ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF) souhaite ardemment que vous regardiez ailleurs pendant qu’il essaie de faire adopter cette Loi qui modifierait la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier (Loi 57) qui entrera officiellement en vigueur le 1er avril 2013. Après tout, pour utiliser les mots du communiqué de presse officiel du 18 avril dernier, il ne s’agit que de « modifications mineures » de façon à « préciser le contenu de la Loi [sur l’aménagement durable du territoire forestier] afin d’en assurer une mise en oeuvre efficace ». De plus, le préambule de la Loi 67 spécifie que « Ce projet de loi a principalement pour objet de préciser les droits et les obligations du ministre des Ressources naturelles et de la Faune et des bénéficiaires de garantie d’approvisionnement relativement à l’octroi de ces garanties ainsi que la nature et les effets juridiques des actes qui en découlent (…) ». Rien de bien méchant a priori, pourtant…
Aménagement forestier en Colombie-Britannique : quand le dendroctone met le feu aux poudres!
Je vous avais parlé un peu plus tôt cette année des dommages collatéraux du dendroctone du pin ponderosa. En plus d’avoir tué en Colombie-Britannique l’équivalent pour le Québec de 40 années de récolte, il y avait toute une dimension sociale et écologique associée à la récolte du bois en perdition. Aujourd’hui, le dendroctone est à la base d’une crise politique qui place le gouvernement britanno-colombien sur la défensive dans sa préparation de « l’après-dendroctone ».
La crise a été provoquée par l’apparition dans l’espace public, et à quelques jours d’intervalles, de deux documents gouvernementaux confidentiels sur les diminutions appréhendées de la possibilité forestière dans les Timber Supply Area (TSA – équivalents des Unités d’Aménagement Forestier au Québec) touchées par le dendroctone du pin ponderosa. Il était aussi question des pertes d’emplois anticipées. Mais ce qui a vraiment embarrassé le gouvernement, c’est que les documents faisaient état des mesures envisagées pour atténuer les pertes d’emplois. Et signe des tensions que ce dossier peut provoquer dans l’appareil gouvernemental, si un des documents a été mis en ligne accidentellement sur le site du Ministère des Forêts, Terres et Ressources naturelles, le second a été directement « coulé » aux médias.
What is sustained yield? Le débat du jour… en 1924!
Il est bon de revisiter ses classiques… Dans le cas de cette petite chronique, je vous invite à la lecture d’un texte de 1924 intitulé « What is sustained yield ? ». J’avais lu ce texte au tout début de mon doctorat et il m’avait impressionné. En en faisant une relecture récemment, avec un peu plus de bagage académique et de réflexion sur le monde de l’aménagement forestier, j’ai été encore plus impressionné. C’est pourquoi je partage avec vous cette redécouverte.
Il s’agit d’une réflexion de M. Avery, de la Spanish River Pulp and Paper Company. Cette compagnie a opéré à Espanola (Ontario), district de Sudbury, aux abords de la Spanish River. Aujourd’hui, les installations (modernisées) de cette compagnie font partie des actifs de Domtar. Si la réflexion de M. Avery a été publiée dans la revue Pulp and Paper Magazine (février 1924, pages 191-193), elle a d’abord été lue dans le cadre d’un congrès annuel de l’Association Canadienne des Pâtes et Papiers qui s’était tenu à Montréal en janvier 1924. C’est une photocopie du texte du congrès que je vous fournis ici (lien paragraphe précédent).
Monde de la certification forestière : le FSC assailli

Arc-en-ciel au-dessus d’une forêt de l’Alaska (Auteur: Marcin Klapczynski, Source)
Si vous suivez moindrement l’actualité du monde de l’aménagement forestier, il est impossible que vous n’ayez pas entendu parler de certification. Le grand principe de la certification veut que le caractère durable de l’aménagement forestier d’une forêt donnée soit validé par un auditeur externe. Cette validation est basée sur différents critères et indicateurs qui sont établis par des organismes de certification (ces organismes accréditent les auditeurs, ils ne certifient pas directement). Un des plus connus parmi les organismes de certification est le Forest Stewardship Council (FSC).
Développé par des groupes environnementaux dans la foulée du Sommet de la Terre à Rio (1992), le FSC a connu une popularité croissante ces dernières années. Entre 2000 et 2012, les superficies forestières certifiées FSC de par le monde sont passées de 22 millions d’hectares à 151 millions d’hectares. Si le succès est bien réel, la question est à savoir s’il sera durable. Le FSC est en compétition avec d’autres programmes de certification dans ce qui semble se transformer en une bataille « FSC contre le monde ». Aussi, nombre d’observateurs et de professionnels se montrent de plus en plus critiques envers, non seulement la supériorité présumée de ce programme, que vis-à-vis les méthodes agressives de ses partisans (groupes environnementaux) pour le promouvoir.