What is sustained yield? Le débat du jour… en 1924!
Il est bon de revisiter ses classiques… Dans le cas de cette petite chronique, je vous invite à la lecture d’un texte de 1924 intitulé « What is sustained yield ? ». J’avais lu ce texte au tout début de mon doctorat et il m’avait impressionné. En en faisant une relecture récemment, avec un peu plus de bagage académique et de réflexion sur le monde de l’aménagement forestier, j’ai été encore plus impressionné. C’est pourquoi je partage avec vous cette redécouverte.
Il s’agit d’une réflexion de M. Avery, de la Spanish River Pulp and Paper Company. Cette compagnie a opéré à Espanola (Ontario), district de Sudbury, aux abords de la Spanish River. Aujourd’hui, les installations (modernisées) de cette compagnie font partie des actifs de Domtar. Si la réflexion de M. Avery a été publiée dans la revue Pulp and Paper Magazine (février 1924, pages 191-193), elle a d’abord été lue dans le cadre d’un congrès annuel de l’Association Canadienne des Pâtes et Papiers qui s’était tenu à Montréal en janvier 1924. C’est une photocopie du texte du congrès que je vous fournis ici (lien paragraphe précédent).
Qu’est-ce qui m’a marqué? Deux extraits pour vous donner une idée :
« No one can tell us how to sustain the yield on our own property so well as our own organization. Let us forget the formulas. Let us study our units through our operating organization and give it an opportunity to display a constructive attitude toward the forest »
Et,
« Visualize a watershed that you know, one that can be operated naturally as a unit and that possibly can yield a sufficient annual cut, throughout the time required to grow trees from seed, to permit you to operate it annually. Put in charge of it some man with operating ability, who has the capacity to appreciate the benefits of permanent operations. Each of us knows several such men in our organizations today. Give him an opportunity to « farm » the unit. What have we reason to suppose would be the result? Would he not in the first place, do everything in his power to protect it from fire? Would he not try and gather into his organization men of the same point of view as himself, « forest farmers » ? »
Transposée à la réalité québécoise de l’aménagement des forêts publiques de 2012, la vision de M. Avery pourrait en fait très bien s’arrimer à une stratégie de forêt habitée (ou de proximité). Soit une approche où ce qui compte avant tout, ce ne sont pas les mathématiques, mais la symbiose homme-forêt… Pas mal pour une vision industrielle de 1924!
Et si certains sont surpris que le rendement soutenu pût être un sujet de discussion en 1924, il faut remettre en contexte que les premiers forestiers américains (M. Grifford Pinchot en particulier) ont été formés à la fin du 19e siècle en Allemagne, où l’idée de rendement soutenu était développée depuis près de 100 ans! Et même si les problématiques forestières allemandes étaient différentes de celles de l’Amérique du Nord, le concept a traversé l’Atlantique pour se diffuser dans l’aménagement de nos forêts. Au Québec, c’est par le biais de nos premiers forestiers (G.C. Piché et A. Bédard), formés à l’École forestière de Yale (fondateur : M. Pinchot), que le concept de rendement soutenu a été introduit.
Tout en espérant que les deux extraits que je vous ai donnés vous stimuleront à lire l’ensemble du texte, je ne serais pas surpris que vous ayez d’autres favoris, car il y a beaucoup de choses bien intéressantes dans cette réflexion!
Bonne lecture!