Pour cette dernière chronique de mes Carnets de voyage 2013, je vous propose une synthèse de deux conférences du Chef du USDA Forest Service, M. Tom Tidwell. C’est une personnalité forestière plutôt inconnue au Québec (je ne peux me prononcer sur le reste du Canada), mais si vous avez l’occasion d’assister à une de ses conférences, vous allez certainement trouver cela très instructif. C’est non seulement un très bon orateur, mais c’est aussi quelqu’un qui a une vision très profonde de l’aménagement des forêts et plus généralement de la place des forêts dans notre société. J’étais allé l’écouter l’an dernier au congrès qui se tenait à Spokane (Washington) et j’avais été bien impressionné par sa « prestation ». J’ai donc répété l’expérience cette année en participant au Breakfast with the Chief. Lire la suite
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SAF 2013 — Carnet de voyage n°5: Les forestiers et leur formation – s’adapter ou disparaître
Adapt or die. L’expression est venue de la Présidente de la Society of American Foresters pour exprimer la réalité de cet organisme. Dans un contexte où l’effectif de cette Association est en déclin (1990: 22 000 membres, aujourd’hui: 14 000), la Présidente a averti que si la Society of American Foresters voulait continuer à exister pour un autre siècle (elle a été fondée en 1900), elle se doit d’être l’Association de choix pour les aménagistes des ressources naturelles. Sinon, elle pourrait tout simplement disparaître (chronique sur le sujet). Il faut ici préciser que, contrairement au Québec ou à d’autres juridictions au Canada, il n’y a pas aux États-Unis de protection légale du titre de « forestier » (« ingénieur forestier » au Québec). La Society of American Foresters est avant tout la voix des forestiers.
Et le problème justement, c’est que les forestiers ont de moins en moins l’oreille du public et du monde politique; cette diminution de prestige se faisant naturellement sentir au niveau du recrutement. De plus, autre signe des temps qui changent, les formations universitaires liées à l’aménagement des ressources naturelles, qui furent longtemps synonymes de « foresterie », ont éclaté ces dernières années en une myriade d’options. Pour ce Carnet de voyage, je vous propose donc un compte-rendu d’un Atelier du congrès qui portait spécifiquement sur ce sujet. Lire la suite
SAF 2013 — Carnet de voyage n°4: État de la foresterie autochtone aux États-Unis
Un des champs d’intérêt que j’ai développé depuis l’ouverture de mon blogue est celui de la foresterie autochtone. J’ai donc saisi la chance que m’offrait le congrès de la Society of American Foresters 2013 d’avoir un Atelier dédié à un bilan de la foresterie autochtone aux États-Unis!
Mais avant de parler « bilan », il convient de mettre en contexte l’aménagement forestier autochtone chez nos voisins du Sud. Leurs forêts couvrent 7,3 millions d’hectares répartis en 305 Réserves dans 24 États et elles représentent le tiers du total de la superficie des Réserves. Ces forêts n’appartiennent pas directement aux Autochtones, c’est l’État américain qui conserve les droits en fiducie et qui exerce ses responsabilités d’aménagiste via le Bureau of Indian Affairs (en collaboration avec les responsables autochtones). En pratique toutefois, les communautés autochtones sont très libres d’aménager leur territoire selon leur vision (chronique précisant l’aspect légal). Lire la suite
SAF 2013 — Carnet de voyage n°3: L’héritage de l’esclavage comme enjeu d’aménagement forestier
C’est peut-être l’enjeu d’aménagement forestier le plus original que j’ai eu à présenter, car il tire ses racines du temps de l’esclavage aux États-Unis. Pour la référence historique, c’est après la Guerre de Sécession (1861-1865) que l’esclavage fut aboli par le biais d’un amendement à la Constitution (le XIIIe, pour les intéressés).
En Caroline du Sud, d’anciens esclaves eurent l’opportunité d’acheter des terrains de leurs anciens « propriétaires »; terrains qui sont aujourd’hui des forêts. Il y avait alors un intérêt commun de la part de l’ancien esclave et du « propriétaire » d’en venir à un accord. D’un côté, l’esclave avait besoin de revenus pour sa famille et, d’un autre côté, le « propriétaire » voulait continuer ses cultures de coton, riz ou tabac. Les anciens esclaves acquirent donc des terrains en échange d’un engagement à travailler pour leur ancien « propriétaire ». L’achat des terres devait se faire par écrit de façon à ce que les choses soient claires. Jusque là, les choses allèrent bien, car sur les terrains acquis s’établirent de véritables petites communautés qui permirent aux familles de subsister. Et cela était vraiment fait dans un esprit communautaire sous l’autorité de l’aîné de la famille (cela est toujours le cas aujourd’hui). Lire la suite
SAF 2013 — Carnet de voyage n°2: La réhabilitation (forestière) de George Washington
George Washington, héros de la Révolution américaine, premier Président des États-Unis… et massacreur (butcher) d’arbres. L’anecdote, qui se veut malgré tout fondamentalement positive pour George Washington, est illustrée dans la peinture ci-contre. Le jeune George Washington, après avoir reçu une hachette en cadeau, ne peut s’empêcher de mutiler un cerisier. Confronté par son père, il admet sa faute, ce que « l’histoire », et le système d’éducation (!) retiendront. Cette anecdote, racontée par un des premiers biographes de G. Washington, a cependant le grand défaut d’être complètement inventée. En fait, loin d’être un « massacreur » d’arbres, George Washington, à l’instar d’autres « Pères fondateurs » des États-Unis, en particulier Thomas Jefferson, était un amoureux et un planteur d’arbres.
C’est de M. Eric Rutkow, Keynote speaker au congrès de la Society of American Forester 2013 et auteur d’American Canopy: Trees, Forests and the making of a nation, qu’est venue cette révélation. Selon M. Rutkow, cette anecdote a été inventée de toutes pièces par le biographe pour mousser les ventes de son livre (note: selon M. Rutkow, ce ne fut pas la seule histoire inventée de cette biographie). Comme M. Rutkow était lui-même au congrès pour faire la promotion de son livre, il concéda toutefois avec humour qu’il pouvait malgré tout comprendre le biographe! Lire la suite
SAF 2013 — Carnet de voyage n°1: L’industrie forestière du sud des États-Unis: une apologie à la Triade
Le sud/sud-est des États-Unis est une zone forestière très méconnue. Quand on pense à la foresterie aux États-Unis, ce sont généralement les enjeux des Forêts nationales, qui sont concentrées dans l’Ouest, qui attirent l’attention. Et quand on pense « Sud », en particulier au Québec, on pense avant tout « soleil »! C’est pourquoi, comme premier Carnet de voyage, je vais vous présenter quelques statistiques sur ce monde forestier peu connu.
Petit avis pour commencer: toutes les statistiques et diapositives que j’ai intégrées dans cette chronique sont issues d’une présentation de M. Richard Harper, analyste au USDA Forest Service, Forest Inventory and Analysis program. Je le remercie de m’avoir permis de les utiliser.
Comme la plupart le savent, depuis le début des années 1990 et le débat sur la chouette tachetée, la récolte dans les Forêts nationales américaines a énormément diminué (de l’ordre de 80%-90%). Vous pouvez alors vous demander d’où vient le bois produit par les États-Unis. Et bien, en grande partie il vient du Sud! Un état de fait qui n’est pas nouveau, mais qui s’est accru avec le temps comme on peut le voir dans la Figure ci-dessous. Deux grandes raisons expliquent cette situation, soit l’histoire de la colonisation des États-Unis et la présence d’une sylviculture très intensive. Lire la suite
Carnets de voyage — SAF 2013: à la rencontre d’un autre monde
Cette année encore, je vais vous présenter un compte-rendu du congrès annuel de la Society of American Foresters (SAF) qui se tenait cette année à Charleston (Caroline du Sud) du 16 au 20 octobre dernier. Ce compte-rendu, comme l’an passé, sera sous forme de « Carnets de voyage » afin de couvrir un maximum de sujets qui ont retenu mon attention.
Comme l’an dernier, le congrès a accueilli un peu plus de 1 500 congressistes, de très nombreux exposants, affiches et sessions concurrentes… ce qui est toujours un casse-tête! Mais un heureux casse-tête dans la mesure où la difficulté de faire un choix est un bon signe de la qualité d’un congrès.
Si j’ai eu une petite déception, c’est en égard de la participation de représentants du Québec. Si l’an dernier, j’avais pu noter quelques affiches du Québec, cette année, je n’en ai vu aucune. Et, pour être constant avec l’an dernier, il n’y avait aucune présentation du Québec. De façon générale, je ne peux dire que j’ai remarqué beaucoup de Canadiens. En fait, et cela vaut dans les deux sens, la SAF semble être un monde en soi. Lire la suite