SAF 2013 — Carnet de voyage n°2: La réhabilitation (forestière) de George Washington

Représentation du jeune George Washington admettant à son père que c’est lui qui a « charcuté » un arbre (Photo: E. Alvarez lors de la présentation d’Eric Rutkow)
George Washington, héros de la Révolution américaine, premier Président des États-Unis… et massacreur (butcher) d’arbres. L’anecdote, qui se veut malgré tout fondamentalement positive pour George Washington, est illustrée dans la peinture ci-contre. Le jeune George Washington, après avoir reçu une hachette en cadeau, ne peut s’empêcher de mutiler un cerisier. Confronté par son père, il admet sa faute, ce que « l’histoire », et le système d’éducation (!) retiendront. Cette anecdote, racontée par un des premiers biographes de G. Washington, a cependant le grand défaut d’être complètement inventée. En fait, loin d’être un « massacreur » d’arbres, George Washington, à l’instar d’autres « Pères fondateurs » des États-Unis, en particulier Thomas Jefferson, était un amoureux et un planteur d’arbres.
C’est de M. Eric Rutkow, Keynote speaker au congrès de la Society of American Forester 2013 et auteur d’American Canopy: Trees, Forests and the making of a nation, qu’est venue cette révélation. Selon M. Rutkow, cette anecdote a été inventée de toutes pièces par le biographe pour mousser les ventes de son livre (note: selon M. Rutkow, ce ne fut pas la seule histoire inventée de cette biographie). Comme M. Rutkow était lui-même au congrès pour faire la promotion de son livre, il concéda toutefois avec humour qu’il pouvait malgré tout comprendre le biographe!
George Washington est né sur une ferme. Adulte, il pratiqua d’abord la culture du tabac avant de se tourner vers le blé. Toutefois, son domaine était très grand (il avait 40 esclaves pour l’entretien) et il s’attarda beaucoup à son aménagement paysager, dont la plantation d’arbres. Si les affaires de l’État l’ont amené à s’impliquer dans la vie publique, comme l’écrit M. Rutkow on pouvait sortir l’homme de sa ferme, mais pas la ferme de l’homme. En appui à cette image, l’auteur rapporte quelques anecdotes.
Tout d’abord, quelques jours avant la première et plus grosse bataille de la guerre d’indépendance, G. Washington écrivit à l’intendant de sa ferme pour lui faire part de ses instructions précises concernant la plantation d’arbres. Aussi, après la signature du Traité de Paris en 1783 qui confirmait l’indépendance des États-Unis et alors qu’il jouissait d’un énorme prestige, G. Washington préféra quitter la vie publique pour retourner où il se sentait le mieux, soit dans sa ferme au milieu de ses arbres. Finalement, après la Convention de Philadelphie de 1787 qui établit la Constitution des États-Unis, il fut à nouveau appelé par l’État pour devenir le premier Président des États-Unis. Et à une époque où il n’y avait pas de nombre maximum de mandats et où sa popularité aurait pu lui permettre de rester Président, G. Washington quitta volontairement son poste après deux mandats pour retourner à sa ferme.
Mais peut-être l’aspect le plus révélateur de son amour des arbres est que lorsque quelqu’un souhaitait être dans les bonnes grâces de G. Washington, il lui offrait un arbre!
Voilà pour une petite page forestière de l’histoire des États-Unis. Pour un compte-rendu plus détaillé du livre de M. Rutkow, ce sera pour une autre chronique!
Pour en savoir plus sur l’histoire de George Washington et son domaine: George Washington’s Mount Vernon