Qui se soucie de l’aménagement de nos forêts au Québec? Pas grand monde semble-t-il, en particulier dans les médias. C’est dans l’indifférence médiatique la plus complète que le Ministère des Ressources naturelles (MRN) a publié le 3 avril dernier un communiqué qui, sous un vocable jovialiste, consacrait en fait l’échec d’une politique adoptée en avril 2010 et entrée officiellement en vigueur… le 1er avril 2013! Cette politique forestière faisait du MRN le grand responsable de tout ce qui se passait en forêt, dont la certification forestière. L’industrie était essentiellement reléguée au rôle d’acheteur de bois. Cela fut vrai jusqu’au 3 avril… Si nous étions « un pays forestier », comme on se plait souvent à le dire, nous aurions dû entendre parler un petit peu de ce communiqué et de ses conséquences, mais non… Alors, pour la postérité, disons un mot sur ce changement fondamental, et ignoré, dans la politique forestière québécoise.
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LEED : le cheval de Troie vert de l’acier et du béton?
Parmi les champs d’intérêt que j’ai développés depuis l’ouverture de ce blogue, il y a le grand dossier des constructions non résidentielles en bois, un dossier important au Québec. Ce qui est au fond logique pour un blogue dédié à l’aménagement forestier, car la promotion de la culture dans ce domaine va de pair avec une culture d’utilisation du bois. L’effet collatéral de cet intérêt est que je garde toujours un oeil sur l’actualité liée à la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design), qui est en voie de devenir LA certification « verte » des immeubles. Lorsqu’est paru l’automne dernier un dossier du USA Today sur la certification LEED avec le titre In U.S. Building industry, is it too easy to be green? ma curiosité a naturellement été attisée. Malgré le « petit » délai entre le dossier et cette chronique, les enjeux soulevés par les journalistes du USA Today gardent tout leur intérêt aujourd’hui.
Le point de départ de l’enquête des journalistes du USA Today fut l’hôtel Palazzo à Las Vegas. Cet hôtel de plus de 3000 chambres (en fait, des « suites »), que vous pouvez imaginer très luxueux (sept piscines, trois télés par « suite »…), a obtenu une certification LEED qui fut payante, car elle lui a valu un congé de taxes foncières de 27 millions $ sur 10 ans. Et c’est là que les journalistes ont « accroché ». Pour obtenir sa certification, l’hôtel a tiré profit d’une série de mesures « faciles » à atteindre comme d’avoir des stationnements incitatifs pour les véhicules verts. Ces stationnements étaient occupés par des Hummer et autres énergivores au moment du passage des journalistes…
La fin d’un monde dans la foresterie québécoise?
C’est bientôt la fin… non pas du monde (!), mais d’un monde : celui de la politique forestière des CAAFs (Contrats d’Aménagement et d’Approvisionnement Forestier) en vigueur depuis le 1er avril 1987. Plus fondamentalement, c’est la fin d’un monde où l’industrie s’occupait de la planification forestière alors que dans moins de quatre mois (1er avril 2013) la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier entrera officiellement en vigueur. C’est le gouvernement du Québec, par le biais du ministère des Ressources naturelles (MRN), qui sera alors responsable de l’aménagement. On peut imaginer que l’on va entrer dans une toute nouvelle ère, mais jusqu’à quel point? À la lumière d’évènements récents de l’actualité, certains des changements les plus significatifs pourraient bien surprendre.
Monde de la certification forestière : le FSC assailli

Arc-en-ciel au-dessus d’une forêt de l’Alaska (Auteur: Marcin Klapczynski, Source)
Si vous suivez moindrement l’actualité du monde de l’aménagement forestier, il est impossible que vous n’ayez pas entendu parler de certification. Le grand principe de la certification veut que le caractère durable de l’aménagement forestier d’une forêt donnée soit validé par un auditeur externe. Cette validation est basée sur différents critères et indicateurs qui sont établis par des organismes de certification (ces organismes accréditent les auditeurs, ils ne certifient pas directement). Un des plus connus parmi les organismes de certification est le Forest Stewardship Council (FSC).
Développé par des groupes environnementaux dans la foulée du Sommet de la Terre à Rio (1992), le FSC a connu une popularité croissante ces dernières années. Entre 2000 et 2012, les superficies forestières certifiées FSC de par le monde sont passées de 22 millions d’hectares à 151 millions d’hectares. Si le succès est bien réel, la question est à savoir s’il sera durable. Le FSC est en compétition avec d’autres programmes de certification dans ce qui semble se transformer en une bataille « FSC contre le monde ». Aussi, nombre d’observateurs et de professionnels se montrent de plus en plus critiques envers, non seulement la supériorité présumée de ce programme, que vis-à-vis les méthodes agressives de ses partisans (groupes environnementaux) pour le promouvoir.
Pour un peu d’amour dans l’aménagement de nos forêts
L’ouverture de ce blogue il y a 18 mois m’a permis, en particulier, d’alimenter ma réflexion sur l’aménagement de nos forêts publiques. Une réflexion qui m’a convaincu que la direction dans laquelle se dirige cet aménagement n’augure rien de très bon pour nos forêts ainsi que les communautés qui en vivent. En fait, s’il n’y a pas un changement majeur dans la structure d’aménagement, j’entrevois une ère de grande noirceur pour l’aménagement forestier au Québec.
Une réforme : mille inconnues
S’il y a une certaine « désaffection » pour le monde forestier, cela n’a pas paru lors du colloque conjoint Kruger – Association Forestière des Deux Rives qui s’est tenu le 18 janvier dernier à l’Université Laval dans le cadre de la Semaine des Sciences Forestières (site web et présentations). Près de 200 participants se sont présentés. Et s’il y avait de « vieux routiers », on retrouvait aussi un très grand nombre d’étudiants. Il faut dire qu’un colloque sur le thème de la réforme forestière, à quatorze mois de sa mise en oeuvre, avait de quoi susciter l’intérêt. Si le colloque a su donner un tour d’horizon des différents enjeux de la réforme, il a aussi fait apparaître une multitude de questions et inconnues qui ne trouveront des réponses pleines et entières qu’à partir du 1er avril 2013.
Et la date est fixe et officielle. S’il semble qu’il y avait un « flottement » quant au moment de la mise en oeuvre de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, M. Richard Savard (sous-ministre associé à Forêt Québec) est venu mettre fin à ces spéculations : ce sera le 1er avril 2013. Une annonce fort à propos, car M. Savard ayant été le premier conférencier (et ce fut sa première annonce), cela a permis au cours de la journée de prendre la mesure du temps qu’il restait pour répondre aux défis de cette réforme.
Le FSC : seul programme de certification dans LEED?
[Mise à jour le 16 décembre 2010 – Finalement, FSC reste la seule référence dans LEED… pour l’instant. Le dossier est loin d’être clos et comporte bien des ramifications. Cet article résume bien la situation.]
Ah, les acronymes! Que serions-nous sans eux? ; )
FSC pour Forest Stewardship Council. C’est le seul programme de certification d’un territoire forestier accepté par les groupes environnementaux. LEED pour Leadership in Energy and Environmental Design. Ce n’est pas le seul mais certainement le plus reconnu des programmes de certification environnementale pour les bâtiments. Une certification qui s’acquiert par le biais d’une grille d’analyse selon cinq principaux points. L’utilisation du bois est incluse dans la catégorie “Materials & Resources” qui vaut généralement 13 ou 14 points / 110 (100 de base + potentiel de 10 points bonis; la grille évolue selon le type de construction). Actuellement, seul le bois du programme de certification FSC semble accepté (l’article qui m’a aiguillé sur ce sujet). Cela pourrait toutefois changer très bientôt.
The Economist : 3- La part des pays industrialisés pour sauver les forêts tropicales humides
La revue britannique The Economist a publié, dans son numéro du 25 septembre 2010, un numéro spécial sur les forêts et, surtout, comment les sauver. Je vais prendre quelques chroniques pour faire un survol des principaux points développés dans ce dossier essentiel pour quiconque veut comprendre les principaux enjeux internationaux liés aux forêts.
Aujourd’hui : La part des pays industrialisés pour sauver les forêts tropicales humides (de fait, c’est surtout de ces forêts dont il est question dans ce dossier!)
Un cas en juin 2009. Celui d’un procureur de l’État de Parà au Brésil qui a été en mesure d’établir une chaîne de traçabilité entre des ranchs installés illégalement et des grandes chaînes de détaillants (Wal-Mart, Carrefour et autres non mentionnés) de pays industrialisés. Il a alors donné une amende de 1,2 milliard de $ aux abattoirs qui s’approvisionnaient de ces ranchs illégaux et a menacé d’en faire autant auprès des détaillants qu s’approvisionnaient auprès de ces abattoirs. Une nuit. C’est ce que ça a pris pour que les détaillants cessent de s’approvisionner de la province de Parà.
Les détaillants occidentaux sont sensibles à la mauvaise publicité. Et c’est sous cet angle-là que les choses bougent. Greenpeace travaille beaucoup en ce sens et a fait récemment changé la politique de Nestlé concernant son approvisionnement en huile de Palme.