Commentaire

Le FSC, le « Parrain » de l’aménagement des forêts du Québec? — 8 commentaires

  1. Excellent texte, bien documenté, incisif et provocateur. J’ajouterais tout de même qu’au final, ce sont les consommateurs de produits forestiers qui décident des priorités d’aménagement – s’ils devait ignorer le « sceau FSC » complètement, cette mainmise mafieuse dont tu parles s’effondrerait.

    • La question ici est de savoir s’il y a vraiment un « choix FSC ». Si tous les papiers sont FSC, le consommateurs va nécessairement en acheter. Mais jusqu’à quel point est-il prêt à payer plus cher pour faire le « choix FSC »? À cet égard, je n’ai rien vu passer de concluant… Merci du commentaire : )

    • Un des meilleurs articles que j’ai lu qui expliquent clairement la situation.
      Personnellement je suis tout à fait en désaccord avec le fait que des groupes environnementaux puissent
      dicter ce qui est acceptable ou nom quand a l’exploitation d’une ressource renouvellable qui est essentielle à la survie de plusieurs familles et paroisses .
      Les opérations forestières sont maintenant ,et cela depuis une vingtaine d’années,effectuées de façon remarquable.
      Je suis à même de juger pour avoir été moi-même un forestier dans les années 60-70et 80.
      Lors des séjours que je fais en forêt,maintenant a titre de chasseurs et pêcheurs,je constate le professionnaliste des forestiers et à quel point ces gens là sont sensibles à opérer de façon efficace en tenant compte des impacts de leur action sur l’environnement..J’en sui ébahie à chaque fois.
      Dommage l’image négative qui est projetée par les environnementaux.

  2. Malheureusement, je ne connais pas beaucoup de consommateurs qui parlent de priorités d’aménagement! Dans les grandes chaines de quincailleries la plupart des commis ne savent pas 1-si leur bois est certifié et 2-ce qu’est FSC. J’imagine donc qu’on ne parle ici que d’une certaine classe de consommateur, il y aurait peut-être une certaine approche à revoir de ce côté-là! Un pitch de vente peut-être?
    Alors aménagement forestier durable, oui! Mais pas à n’importe quel prix. Je pense qu’avec l’exemple de Résolu, il y a malheureusement plus à perdre qu’à gagner avec la norme. Le plus grand risque est qu’une partie de l’argent investi ces dernières années afin d’améliorer les pratiques opérationnelles ne soit détournée pour acquitter les frais de gestion d’un tel système! Et on parle ici de beaucoup d’argent. J’adhère donc 100% au concept de mafia.

  3. Bonjour,

    Texte intéressant, mais c’est drôle que vous ayez omis les Non-conformités majeures les plus importantes selon moi (6.2,6.3, 6.4, au sujet des aires protégées, vieilles forêts et du caribou forestier). Est-ce que c’était volontaire?

    Que dire des projets de PF Résolu d’augmenter de 100% la densité du réseau routier, dans des zones où les taux de perturbation pour le caribou forestier sont déjà critiques?

    Et des coupes prévues dans les massifs forestiers abritant les dernières hardes de caribou forestier en forêt commerciale de la région? Le tout sans assurance d’aires protégées suffisantes pour assurer le maintien de l’espèce?

    Et du non-respect de la gamme complète des âges des vieilles forêts?

    Je pense que vous auriez dû également vous pencher sur ces questions. Il faut arrêter de se gargariser avec de « l’aménagement durable » et « écosystémique » quand on est incapables de maintenir des hardes d’animaux menacés sur le territoire que l’on exploite.

    Ce que je constate au final, c’est que la norme boréale FSC, malgré ses imperfections (elle est humaine, non?!) est ce qui se fait de plus rigoureux en termes de conservation et de protection de l’environnement. Si la norme a ses limites, elle vaut certainement mieux pour l’instant que le RNI (nous verrons bien avec le RADF).

    Salutations.

    • Je vous rassure, ce n’est pas par une «drôle» de forme d’humour que j’ai «omis» de parler des non-conformités que vous jugez les plus importantes!

      Les quatre que j’ai gardées l’ont été parce qu’elles illustraient très bien l’idée de « partage » des responsabilités dans l’aménagement de nos forêts. Des responsabilités tellement partagées que l’on ne sait plus qui fait quoi. Et dans la dynamique actuelle, le « boss », à la fin, c’est le FSC et il n’a pas de responsabilité directe. De plus, comme une chronique = une idée, je m’en suis tenu à celles-ci; d’autant plus que le fait de leur retirer leur statut de « non-conformité » changeait le jugement global.

      Quant aux quatre autres non-conformités, je les ai analysées et, en résumé, les principales idées que j’aurais développées si j’avais creusé en ce sens:

      — Le caribou forestier est un enjeu d’aménagement, mais à l’instar de la chouette tachetée dans l’Ouest américain, le fait de ne pas aménager ne garantit pas sa sauvegarde. Dans le contexte du caribou, où son aire d’habitat a été diminuée depuis au moins 150 ans par la seule présence de l’humain, aménager est probablement sa meilleure chance de survie. Et pour aménager la forêt pour un enjeu comme le caribou, il faut des responsables clairement identifiés. Des simulations informatiques n’ont rien de rassurant (en lien avec le calcul de la possibilité forestière).

      — Pour ce qui est de la gamme complète des vieilles forêts, j’ai noté un « dogmatisme » de la part des auditeurs, surtout en égard des mesures qui étaient prises. Ce n’était pas là une situation de tout ou rien, mais de « où on met la ligne ». J’aurais certainement conclu en respectant le choix des auditeurs, mais en le jugeant excessif; le « principe de précaution » ressemblant ici à un « principe de rejet ».

      — Finalement, et parce que je réalise que je suis en train d’écrire une autre chronique ; ) j’aurais probablement argumenté qu’il faut fondamentalement apprendre à vivre avec la nature et non pas rejeter l’humain de la nature. Dans un contexte où la population mondiale augmente, que les besoins en produits du bois augmentent, on a une responsabilité de faire notre part pour répondre à ces besoins, surtout que l’on vit dans une juridiction où, même sans le FSC, l’aménagement est très balisé (peut-être trop, mais c’est là un autre débat…). Et dans tout ce débat, le FSC rejette, par nature, ce qui devrait être au cœur de nos actions, soit la responsabilité.

      Alors, en court, « non », je n’ai pas omis de parler de certains sujets parce que je n’avais rien à dire : )

      Merci du commentaire : )

      • Pour tout dire, je pense que les non-conformités dont je parle méritent une chronique 🙂 La question du caribou n’est pas si simple.

        #1 : dire que l’aménagement est la solution pour maintenir le caribou me paraît inconsidéré quand la littérature scientifique abonde pour dire que le caribou ne tolère pas les perturbations (naturelles et humaines). Les taux de perturbation étant critiques en forêt aménagée au Sag-Lac-St-Jean, en rajouter représente un gros risque pour la survie des hardes. Le défi d’aménagement dans ces zones est grand, mais pas impossible.

        12 : J’ajouterais à ça que je ne vois pas d’un mauvais œil que le FSC « n’ait pas de responsabilité directe ». N’est-ce pas approprié que celui qui certifie les bonnes pratiques forestières ne soit pas directement impliqué dans les opérations forestières? On ne va pas faire garder la bergerie par le loup… Les organismes qui auditent ne sont pas des « environnementalistes » vendus comme vous semblez le laisser croire. Ils suivent la Norme Boréale et ses critères.

        Ceci étant dit, je vous accorde que les rôles et responsabilités ne sont pas clairs présentement. On vient de changer de régime forestier. Les normes sont en révision. Je pense qu’il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain.

        Merci pour votre réponse! POB

        • Vous avez bien raison de dire que la question du caribou n’est pas simple et mériterait une chronique (ou deux!) à elle seule. Éventuellement peut-être…

          La forêt évolue et est naturellement perturbée, le climat change… Dans cette dynamique, je suis convaincu que la meilleure approche est de s’inspirer de la philosophie du judo qui veut dire « voie de la souplesse ». En pratique, cela veut dire s’intégrer aux forces de changement. Donc, soit on (les humains) quitte la région où se trouve le caribou ou on apprend à vivre dans cet écosystème avec le caribou. Et de ce que j’ai lu (Plan de rétablissement entre autres), j’ai surtout retenu que c’était un formidable défi d’aménagement. À nous de le relever ou non.

          Ce devrait être au gouvernement de certifier le bon aménagement et il y aurait une réflexion à faire sur le pourquoi nous en sommes là… Mais je maintiens que, dans un contexte où le FSC a de facto remplacé le gouvernement comme autorité morale du bon aménagement des forêts, il devrait y avoir une responsabilité directe.

          Mais plus fondamentalement, il y a quelque chose de profondément malheureux dans le fait que nous ne sommes collectivement plus prêts à faire confiance à des aménagistes proche de la forêt pour l’aménager. La durabilité, ça commence par l’attachement, pas par des lois ou règlement ou des principes et critères. La durabilité dans l’aménagement des forêts, c’est avant tout l’histoire d’une relation intime entre les humains et la forêt, ce qui a malheureusement été oublié.

          Bien à vous