The Economist : 3- La part des pays industrialisés pour sauver les forêts tropicales humides
La revue britannique The Economist a publié, dans son numéro du 25 septembre 2010, un numéro spécial sur les forêts et, surtout, comment les sauver. Je vais prendre quelques chroniques pour faire un survol des principaux points développés dans ce dossier essentiel pour quiconque veut comprendre les principaux enjeux internationaux liés aux forêts.
Aujourd’hui : La part des pays industrialisés pour sauver les forêts tropicales humides (de fait, c’est surtout de ces forêts dont il est question dans ce dossier!)
Un cas en juin 2009. Celui d’un procureur de l’État de Parà au Brésil qui a été en mesure d’établir une chaîne de traçabilité entre des ranchs installés illégalement et des grandes chaînes de détaillants (Wal-Mart, Carrefour et autres non mentionnés) de pays industrialisés. Il a alors donné une amende de 1,2 milliard de $ aux abattoirs qui s’approvisionnaient de ces ranchs illégaux et a menacé d’en faire autant auprès des détaillants qu s’approvisionnaient auprès de ces abattoirs. Une nuit. C’est ce que ça a pris pour que les détaillants cessent de s’approvisionner de la province de Parà.
Les détaillants occidentaux sont sensibles à la mauvaise publicité. Et c’est sous cet angle-là que les choses bougent. Greenpeace travaille beaucoup en ce sens et a fait récemment changé la politique de Nestlé concernant son approvisionnement en huile de Palme.
Toutefois, il y a des limites à cette stratégie :
1- Les consommateurs occidentaux ne semblent pas prêts à payer plus cher pour des produits plus verts. Des tests par Home Depot, le plus grand distributeur de produits FSC aux États-Unis, ont amené le détaillant à conclure qu’approximativement un tiers des personnes étaient prêtes à payer 2% de plus pour du bois certifié. Ce qui est insuffisant en regard des coûts engendrés par cette certification.
2- La fiabilité des programmes de certification en forêts tropicales humides ne semble pas encore bien établie. De plus, le plus grand problème n’est peut-être pas tant la récolte que la construction de chemins qui, une fois l’exploitation réalisée, restent disponibles pour les braconneurs de la faune et de la flore.
3- Finalement, la majorité des produits provenant des forêts tropicales humides ne sont pas consommés dans des marchés éco-sensibles (Amérique du Nord, Europe de l’Ouest). Ils sont plutôt consommés localement ou sont exportés vers des marchés comme la Chine, la Russie, l’Iran et Honk-Kong. Comme le souligne l’auteur de l’article, ce ne sont pas des « tree-huggers« .
En bout de ligne, ces trois éléments limitent la portée de lois, comme celle de l’Union Européenne, criminalisant l’importation de bois coupé illégalement. Conclusion de l’auteur : idéalement, la solution doit avant tout venir des pays concernés comme le Brésil.
Prochaine chronique : retour sur ce dossier et réflexion sur nos enjeux de protection des forêts.