Le sombre avenir de la foresterie au Québec
Le 22 août dernier, fut rendu public le rapport de la Commission indépendante sur les caribous forestiers et montagnards. Un rapport commandé par le dernier ministre du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Ce ministère fut scindé à la suite des élections d’octobre dernier. La responsabilité des forêts est maintenant liée au ministère des Ressources naturelles et Forêts. La «Faune» et les «Parcs» sont quant à eux associés au ministère de l’Environnement.
Le mandat de la Commission se lisait ainsi :
[…] recueillir les opinions des parties intéressées concernant les deux scénarios théoriques proposés par le MFFP, mais également sur des variantes possibles ou toute idée qui permettrait de trouver un équilibre réaliste et défendable pour concilier l’objectif de protection du caribou et les intérêts économiques en jeu.
— Commission indépendante, p. 13
À la lecture de ce rapport et ses 35 recommandations, il est cependant clair que les trois commissaires responsables de ce mandat ont laissé tomber toute notion « d’équilibre ». Pour eux, la forêt boréale devrait être réservée aux caribous et aux nations autochtones. Les communautés forestières non autochtones devraient quant à elles se tourner vers des programmes de diversification économique. Quant à l’industrie forestière… « Il existe une industrie forestière en forêt boréale? » pourrait résumer le regard des commissaires.
Points « amusants », la présidente de cette Commission était la doyenne de la Faculté de Foresterie, Géographie et Géomatique de l’Université Laval. Aussi, l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec (OIFQ) a donné un appui enthousiaste à ce rapport.
Pour aujourd’hui donc, présentation d’un rapport passé quelque peu « sous le radar », mais qui annonce de noirs lendemains pour la foresterie au Québec.
Du rapport et ses scénarios de base
Le rapport a 77 pages, annexes comprises. C’est donc un texte assez court. Cette longueur reflète cependant un grand effort de synthèse considérant la large consultation dont il est issu.
Pour présenter quelques chiffres, des consultations publiques ont été tenues dans sept villes. Il y a aussi eu de nombreuses rencontres privées. La Commission a reçu 147 mémoires et 469 répondants ont rempli un questionnaire disponible en ligne sur les priorités de la future « stratégie caribous». Tout cela en quelques mois cette année! Sur ce point, « chapeau » aux commissaires (vraiment)!
Comme mentionné en introduction, la Commission avait comme mandat de base de « recueillir les opinions des parties intéressées concernant les deux scénarios théoriques proposés par le MFFP […] ». Le premier scénario était intitulé « scénario consultatif révisé » et avait l’objectif suivant :
Sur le plan de la gestion des perturbations, le scénario consultatif révisé vise à limiter les modalités d’aménagement pour respecter un seuil de 35 % du niveau de perturbation dans les vastes espaces propices (VEP). Pour les zones d’habitat en restauration (ZHR) (dans lesquelles les perturbations sont généralement plus élevées), des activités de restauration actives de l’habitat seraient mises de l’avant pour ramener le taux de perturbations plus près de 35 % sur un horizon de 50 ans.
— Commission indépendante, p. 11
La définition (résumée) des « vastes espaces propices » (VEP) :
Les vastes espaces propices (VEP) sont des territoires peu perturbés par des causes humaines ou naturelles et ayant une superficie d’au moins 5 000 km2. Des critères particuliers d’aménagement du territoire et des ressources y sont appliqués afin de favoriser l’autosuffisance des populations de caribous.
— MFFP
La définition des « zones d’habitat en restauration » (ZHR) :
Les zones d’habitats en restauration (ZHR) sont des territoires perturbés d’au moins 5 000 km2, qui sont fréquentés par le caribou, mais dont les conditions actuelles de l’habitat sont jugées insuffisantes pour assurer le maintien ou la croissance des populations. Des efforts de restauration active seront déployés et des modalités particulières d’aménagement du territoire et des ressources naturelles y sont prévues. Ces zones sont adjacentes à une aire protégée, à un VEP ou à une zone de connectivité, afin de maximiser la superficie d’habitats favorables disponibles pour le caribou et de favoriser les échanges génétiques entre des populations.
— MFFP
Le second scénario est intitulé « scénario sans impact additionnel » et se distingue ainsi du premier :
Pour sa part, le scénario sans impact additionnel sur les possibilités forestières est fondé sur le scénario consultatif révisé. De ce scénario, certains territoires ont été retirés considérant leurs conséquences économiques ou en raison d’une priorisation visant la préservation des territoires les plus névralgiques quant à l’objectif du maintien de certaines populations de caribous.
La concentration des mesures de gestion de l’habitat permet de consolider de grands paysages plus favorables au maintien des populations de caribous. Ce scénario ne permet toutefois pas de couvrir toutes les populations, excluant notamment les populations de Val-d’Or, de Charlevoix et de Pipmuacan, dont les habitats sont très perturbés.
En d’autres mots, ce scénario propose de concentrer les efforts de protection là où les chances de réussite sont les plus élevées, tout en ne générant pas d’impacts additionnels sur les approvisionnements en bois.
— Commission indépendante, p. 12
La carte ci-dessous présente la localisation des VEP et ZHR associés à ces scénarios.
Analyse du rapport
Pour développer sur mon constat d’introduction quant au fait que les commissaires « ont laissé tomber toute notion d’équilibre » qui était au cœur de leur mandat, voici les principaux points de mon analyse de leurs 35 recommandations.
De l’industrie et des communautés non autochtones
Il n’est fait référence qu’une fois à « l’industrie forestière », soit à la recommandation 16 où il est question de consultations pour réduire l’empreinte des chemins forestiers dans l’aire de répartition des caribous.
Les communautés forestières non autochtones sont l’objet de deux recommandations (28 et 30) qui, pour l’essentiel, prennent acte de la fin prévisible de la vocation forestière de ces communautés. La 28e se lit ainsi :
La Commission recommande au gouvernement de mettre en place des programmes ciblés de compensation financière permettant d’assurer une transition plus harmonieuse de certaines collectivités vers une économie davantage diversifiée et moins dépendante des activités forestières actuelles. […]
— Commission indépendante, p. 61
La 30e recommandation se lit ainsi :
La Commission recommande au gouvernement d’accélérer les travaux de fermeture de chemins forestiers et leur renaturalisation afin de compenser les pertes d’emplois qui pourront découler de la réduction de coupes de bois. De plus, il y aurait lieu d’accroître les travaux sylvicoles dans les régions les plus affectées par la réduction de coupes forestières et d’y prévoir des travaux intensifs de réhabilitation d’habitats du caribou.
— Commission indépendante, p.61
Cela fait le tour des aspects « socio-économiques » non autochtones du rapport. Toutes les autres recommandations sont centrées sur les mesures de protection du caribou et de la prise en compte des intérêts des Premières Nations.
Le guichet automatique à aires protégées
De mon observation, toutes les propositions des groupes environnementaux et des Premières Nations pour la création d’aires protégées ou autres zones de protection ont été acceptées. La recommandation 13 va en ce sens :
À court terme, mettre en réserve tous les projets d’aires protégées soumis au gouvernement et localisés dans l’aire de répartition des caribous forestiers et montagnards.
— Commission indépendante, p. 59
La carte ci-dessous donne une idée du potentiel résultat de cette recommandation [note : merci de m’aviser de toute erreur dans la délimitation de la limite nordique en lien avec les aires protégées] :
Cette métamorphose de la Commission en guichet automatique à aires protégées pourrait s’expliquer par le point suivant :
La Commission constate que la nouvelle cible de 30 % de territoires protégés d’ici 2030, en respect des cibles internationales déterminées par la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique, offre au Québec l’opportunité de faire coïncider cette exigence avec celle de protéger le caribou forestier et le caribou montagnard.
— Commission indépendante, p. 40
Pour le rappel, l’an dernier le Québec a atteint la cible de 17 % du territoire en aires protégées. La Commission semble avoir décidé de combler le 13 % manquant pour le prochain objectif.
La première référence à une superficie d’aire protégée dans les recommandations est d’ailleurs la plus spectaculaire. Elle est liée à un « Grand Parc national pour le caribou » dans le secteur des Montagnes Blanches qui totaliserait 16 191 km2 (1,6 million d’hectares, recommandation 8). C’est une superficie plus grande que l’État du Connecticut. Et ce n’est clairement là qu’un début…
La recommandation 12 se lit ainsi :
Créer des aires protégées additionnelles, de bonnes dimensions, dans d’autres secteurs névralgiques [note : non précisés] afin de protéger les massifs de forêt mature; à court terme, prévoir des moratoires ou autres mesures administratives afin de limiter les impacts additionnels en attendant la création d’aires protégées.
— Commission indépendante, p. 58
Et, considérant la recommandation 7… :
La Commission recommande que la stratégie qui sera retenue par le gouvernement s’applique à l’ensemble de l’aire de répartition du caribou et prévoit des mesures adaptées pour la partie de l’aire non couverte par les aires protégées, les VEP, les ZHR et les ZC [zones de connectivité].
— Commission indépendante, p. 58
… C’est toute la zone en rose pâle sur la carte ci-dessous qui serait considérée et pas « seulement » les secteurs retenus dans les scénarios du MFFP.
L’inspiration de cette recommandation provient de la Société pour la Nature et les Parcs qui, dans son mémoire, a plaidé pour que la future stratégie de rétablissement des caribous s’applique à l’ensemble de l’aire de répartition. Les commissaires leur ont donné raison.
La nouvelle limite nordique
Ce n’est pas tout…
Il y a la recommandation 14 qui, a priori, peut paraître anodine, mais qui est loin de l’être! Elle s’exprime ainsi :
Pour les VEP et les ZHR, prévoir un taux de perturbation significativement inférieur au seuil de 35 %.
— Commission indépendante, p. 59
L’objectif ici, qui fut promu par le Centre d’étude de la forêt, étant de maximiser les chances d’autosuffisance des populations de caribous.
Pour le rappel, les VEP et les ZHR, qui représentent des superficies minimales de 5000 km2, ne sont pas des aires protégées. Aussi, lorsque l’on parle de « taux de perturbation », on fait référence à des peuplements de moins de 50 ans issus tant de perturbations anthropiques que naturelles.
La Commission n’avance pas de chiffre concernant un « taux de perturbation significativement inférieur au seuil de 35 % ». Dans son mémoire, le Conseil régional de l’environnement (Capitale-Nationale) propose 20 % (p.11).
Sur cette base, et considérant qu’en forêt boréale les feux sont très présents et que nous sommes au cœur d’une épidémie de tordeuse des bourgeons de l’épinette, il est facile de déduire que cette recommandation va avoir pour effet de convertir plusieurs VEP et ZHR en « de facto » aires protégées.
En bref, les commissaires auraient pu simplement proposer d’abaisser la limite nordique des forêts attribuables à la limite méridionale de l’aire de répartition du caribou forestier.
Exclusion des humains et massacre de biodiversité non désirée
Le rapport ne se limite pas à « mettre sous cloche » la forêt boréale pour les seuls intérêts du caribou forestier par le biais d’aires protégées. Plusieurs mesures sont liées à la fermeture de chemins forestiers et leur renaturalisation afin de limiter la pression associée à la présence humaine dans différents secteurs.
Aussi, la recommandation 23, qui vise la population de caribous montagnards en Gaspésie, se lit ainsi :
Mettre en place un plan renforcé de contrôle des proies alternatives et des prédateurs et accroître la zone de gestion des prédateurs.
— Commission indépendante, p. 60
Il faudrait ici faire une pause dans le processus de protection des caribous afin de prendre la mesure de cette proposition qui, immanquablement, va avoir un impact majeur… sur la biodiversité!
Dans le rapport, il est beaucoup question de notre responsabilité morale et éthique de préserver le caribou… Mais jusqu’à quel point? Est-ce que de massacrer des espèces animales pour en promouvoir une seule est moral et éthique?
Les besoins en approvisionnement en bois : une maladie honteuse ?
Il n’y a pas de recommandations spécifiques au rôle de l’industrie forestière, mais ce passage apparaît très révélateur du regard que lui ont porté les commissaires. Il est tiré de la section « La mitigation des incidences socio-économiques ».
De façon générale, les représentants du secteur forestier reconnaissent le problème de précarité du caribou et admettent que les dérangements anthropiques, incluant bien sûr les prélèvements de matière ligneuse, contribuent à la détérioration de l’habitat. Ils maintiennent également que d’autres facteurs, dont les changements climatiques, les feux de forêt, les épidémies et la présence de villégiateurs doivent être pris en compte dans le développement d’une stratégie.
Ces représentants sont aussi conscients qu’ils ont une responsabilité dans la préservation du caribou, liée entre autres au maintien des certifications forestières, mais défendent du même souffle, le besoin d’assurer l’approvisionnement des usines en matière première.
— Commission indépendante, p. 47
La fin du deuxième paragraphe me semble très équivoque : « […] mais défendent du même souffle, le besoin d’assurer l’approvisionnement des usines en matière première »… Comme s’il s’agissait d’une maladie honteuse! Un parti pris étonnant dans le rapport d’une Commission présidée par la doyenne de la Faculté de Foresterie de l’Université Laval.
La Faculté des caribous et son Ordre professionnel
Une doyenne ou une Faculté à remplacer
Que mon interprétation du point précédent puisse avoir été teintée par mon appréciation générale du rapport ne change rien à un fait : la doyenne de la Faculté de Foresterie de l’Université Laval a présidé un rapport destructeur pour l’idée même de la foresterie en forêt publique boréale. Une activité qui, selon elle, devrait complètement s’effacer au profit des caribous forestiers et montagnards ainsi que les intérêts des Premières Nations.
Elle a le droit de le penser. Mais de deux choses l’une : soit l’Université doit la remplacer par quelqu’un qui n’a pas honte de la vocation « forestière » de la Faculté… ou elle doit abolir la Faculté. Le statu quo me semble intenable.
L’OIFQ ou comment compter dans son propre but
Concernant mes critiques du rapport de cette Commission, vous pourriez objecter que l’OIFQ s’est prononcé de façon enthousiaste en sa faveur.
C’est tout à fait exact. Et pour citer un extrait :
Bien qu’ambitieux, l’Ordre est d’avis que ce rapport constitue un moment charnière de l’histoire forestière et qu’il alimentera de façon positive et constructive les efforts qui ont cours depuis de nombreuses années au Québec pour mettre en place des solutions concrètes et novatrices visant à assurer un véritable équilibre entre les valeurs sociales, économiques et environnementales de l’utilisation de nos forêts.
— Communiqué OIFQ
De mon analyse, cette prise de position est comme un joueur qui compterait dans son propre but en prolongation, avec la règle de la « mort subite » (premier but gagne) dans le septième match d’une série éliminatoire. Il arrive que des joueurs comptent dans leur but. Mais il y a des situations pires que d’autres…
Pour essayer de comprendre cette prise de position, voici un extrait du mémoire de l’Ordre à la Commission :
Conséquemment, nous proposons plus qu’une stratégie pour protéger une espèce. Nous proposons la désignation d’aménagistes du territoire forestier. Ces aménagistes agiront en collaboration afin d’assurer la durabilité de l’aménagement forestier dans une perspective de maximiser les bénéfices socio-économiques et environnementaux qu’il génère.
Nous parions que cette approche renforcera la protection des écosystèmes et leurs habitats, favorisera le maintien de la biodiversité et la résilience, visera la durabilité des entreprises et des services environnementaux et assurera le maintien des avantages sociaux et économiques pour les communautés.
— Mémoire OIFQ, p.3
J’appuie cela à 100 %. Vraiment. Cela fait quelques années que l’Ordre a mis de l’avant une vision d’aménagement des forêts publiques axée sur la responsabilisation d’aménagistes à l’échelle locale. Et c’est aussi ce que je propose dans mon livre. Donc, d’un point de vue « vision » d’aménagement de nos forêts publiques, l’Ordre et moi sommes dans la même équipe.
Mais il n’y a cependant aucune promotion de cette vision dans le rapport de la Commission. Le mot « aménagiste » n’est même pas mentionné (j’ai cherché)! Les commissaires ont plutôt rejeté toute idée d’aménagement pour promouvoir une protection la plus intégrale possible de la forêt boréale au bénéfice des caribous et des Premières Nations.
Il y a l’option que je me fourvoie complètement dans mon interprétation du rapport. Que l’OIFQ a vu des choses que je n’ai pas vues. Mais j’ai ici (malheureusement) bien confiance dans mon interprétation.
Ce rapport, je l’ai lu une première fois une ou deux semaines après sa sortie. Il m’a déprimé et je ne comprenais pas l’enthousiasme de l’OIFQ. Différentes raisons ont concouru à ce qu’il s’écoule trois mois avant que je ne puisse prendre le temps d’écrire sur le sujet. Trois mois pendant lesquels, quand je pensais à ce rapport, je me disais que je l’avais peut-être lu trop vite.
Mais non. Trois mois plus tard, et en prenant le temps de méthodiquement l’analyser, mon constat est le même : en regard de sa vision d’aménagement des forêts publiques, l’OIFQ a compté dans son propre but au pire moment possible.
(Long) Mot de la fin : ce n’est pas qu’un simple rapport
« Ce n’est qu’un rapport », pourraient dire certains. En effet.
« Il a été déposé avant les élections et personne n’en a entendu parler », pourraient dire d’autres. Encore vrai.
Mais ce n’est pas parce que ce rapport n’a pas eu de grande visibilité publique que ses conséquences ne sont pas potentiellement énormes pour le devenir de la foresterie dans les forêts publiques du Québec. En ce sens, je partage tout à fait le point de vue de l’OIFQ quand il exprime l’idée que « ce rapport constitue un moment charnière de l’histoire forestière ». C’est pour la direction que cela va prendre que nous ne sommes pas d’accord! Et il y a certains signes qui vont déjà dans le sens de mon analyse.
Suite aux élections d’octobre dernier, le MFFP a été scindé. C’était là une des recommandations du rapport. Il est difficile de prétendre que c’est une décision directement liée à ce dernier, car l’idée était discutée depuis déjà quelques mois. Mais c’est une décision absurde sous l’angle « aménagement des forêts », car on se trouve à séparer la faune de son habitat (la forêt).
Peut-être qu’un rapport, présidé par la doyenne de la Faculté de foresterie, qui aurait levé un drapeau rouge face à cette idée, aurait pu changer les choses. Nous ne le saurons jamais. Mais chose certaine, faute d’opposition à cette idée poussée par les groupes environnementaux (en particulier), le gouvernement est allé dans le sens où soufflait le vent.
Autre signal négatif pour la foresterie, le gouvernement du Québec devrait annoncer pour juin 2023 sa nouvelle stratégie pour le rétablissement des caribous forestiers et montagnards. Le gouvernement fédéral est aussi impliqué. Et même si le ministre de l’Environnement du Québec affirme qu’aucune décision n’a été prise, les premiers échos sont très glauques pour la foresterie, allant encore plus loin que le pire des scénarios en consultation par la Commission… Comment s’en surprendre?
Les politiciens vont très souvent dans la direction où souffle le vent. Surtout en foresterie. Mettons ici en perspective qu’aux dernières élections un débat sur le sujet à la Faculté de foresterie aurait été annulé faute d’intérêt des candidats (soupir)!
Alors, quand d’un côté il y en a qui crient avec insistance depuis (au moins) L’Erreur boréale d’exclure la foresterie d’un maximum de superficie de forêt publique et, d’un autre côté, la doyenne de la seule Faculté de foresterie au Québec dit « C’est bien beau pour moi! » (mes mots), à quoi s’attendre d’autre? Et si ce n’était pas assez, ajoutez l’Ordre chargé de superviser les seuls professionnels habilités à signer des plans d’aménagement forestier qui applaudit la doyenne…
La roue du temps tourne en permanence. Dans cette optique, on peut espérer qu’un jour il y aura un regard plus positif sur la foresterie. Mais pour l’avenir prévisible, et en phase avec le rapport de la Commission indépendante sur les caribous, le futur de la foresterie dans les forêts publiques du Québec s’annonce noir.
M. Alvarez,
si plus de personnes pouvaient vous lire, la foresterie québécoise s’en porterait certainement mieux.
Je suis ingénieure forestière diplômée de 2003, vous m’avez même enseigné. J’oeuvre au cœur de l’industrie forestière depuis bientôt 20 ans.
Je vous suis avec intérêt depuis plusieurs années. Vous avez teinté mon mémoire… positivement je l’espère!
À ma première lecture du rapport de la commission, je n’y croyais pas vraiment… comment avait-on ou occulter tout un pan de l’aménagement forestier durable (promu par une loi provinciale!)??? J’étais juste sans mot! Quand j’ai lu le communiqué de l’OIFQ, ça m’a rachevée!
J’ai eu le sentiment de ne pas avoir été entendue (malgré une audience privée avec les commissaires et le dépôt d’un mémoire), d’avoir été abandonnée par mon ordre et d’avoir désormais une date de péremption… soit la date d’adoption de la stratégie du Caribou forestier.
Nous mobilisons nos maires et nos élus dans la région du Saguenay/Lac-St-Jean mais honnêtement je ne suis plus certaine que les Québécois souhaitent bénéficier d’une industrie forestière… Industrie qui devrait pourtant être mise de l’avant avec tous les objectifs de réduction des GES.
Ça me fait du bien de lire quelqu’un qui a tiré les mêmes conclusions que moi… mais où est donc l’équilibre dans ce rapport?!
Merci de tenter d’informer le public sur les réalités de la foresterie québécoise. En espérant que vous n’en parlerez pas qu’au passé au cours des prochaines années!
Caroline Lavoie ing.f.
… Je l’espère aussi! Écrire ce texte fut plutôt déprimant. Mais il s’imposait.
Merci pour les bons mots! 😌
Eric Alvarez
Bravo Eric Alvarez
Votre lecture de la situation est très juste!!!
Merci! 😌
Bonjour Éric,
Cet article présente un futur possible, mais certainement pas désiré ! Pour s’en éloigner, il faudrait (mieux) reconnaître la forêt comme un tout. Oui pour le bois, mais aussi pour les autres ressources et services écologiques (je pense aux ressources et fonctions du prof. Michel Maldague). Visons un tout qui soit plus grand que la somme des parties !
À bientôt
Gérard Szaraz
Merci pour la touche d’optimisme! On s’en reparle dans quelques années 🙂
Merci du commentaire et à plus!
Eric