Deux cents chroniques plus tard…
Mon précédent texte fut la 200e chronique que j’ai écrite depuis l’ouverture de La Forêt à Cœur en octobre 2010! Et je fais ici exclusivement référence aux textes «de fond», pas à mes occasionnels bilans comme l’actuel.
Je ne peux dire qu’il s’agissait-là d’un objectif particulier. De fait, le nombre de chroniques n’est assurément pas la meilleure mesure pour juger de mon engagement envers ce blogue. Si mes textes avaient toujours eu la longueur de mes tout premiers écrits, j’en serais probablement à la 400e ou 500e chronique! Pour autant, 200 chroniques, cela reste une étape qui justifie de prendre un pas de recul pour poser un regard sur l’évolution passée et future du blogue.
À la base, le blogue La Forêt à Cœur a été pensé pour contribuer positivement au bon aménagement des forêts québécoises. Force est de constater cependant que, dans les récentes années, ce ne fut pas toujours le cas. Et s’il y avait un aspect «devoir à accomplir» qui a justifié cela, dans un premier temps j’expliquerai pourquoi je compte revenir «à la base» positive du blogue pour l’avenir prévisible.
Par la suite, j’aborderai comment je compte remédier (ou non) à mon rythme de production trop lent à mon goût. Je complèterai ce texte plus personnel par un mot de la fin tout aussi personnel.
Sur ce, bonne lecture!
De La Forêt à Cœur militante
Depuis les débuts du blogue en 2010, mes textes ont souvent eu une petite touche éditoriale. Ne serait-ce qu’avec mon «Mot de la fin». Parfois, j’ai fait une analyse critique de certains documents ou évènements. Mais de façon très générale, comme mentionné en introduction, je m’en suis tenu à ce qui est la mission de base de ce blogue, soit d’apporter une réflexion positive pour le bon aménagement de nos forêts.
Toutefois, dans les dernières années, certains de mes textes sont allés plus loin que la simple analyse critique. Ils ont été plus «militants», si je peux dire. Je pense particulièrement aux chroniques suivantes :
- Enquête sous enquête [avril 2022]
- Le caribou forestier sous le parapluie de l’intégrisme écologique [nov. 2022]
- Le sombre avenir de la foresterie au Québec [déc. 2022]
- Le caribou forestier et la valeur du doute [mars 2023]
- Aménagement des forêts : l’ère des chercheurs-activistes [mars 2024]
Par «militants», j’entends qu’ils visaient directement à combattre des propos, des documents, voire même des articles scientifiques qui, à l’évidence, avaient pour but de réduire à sa plus simple expression l’aménagement des forêts au Québec. Surtout en forêts publiques certes, mais quand une culture anti-foresterie est aussi présente, difficile d’imaginer qu’elle n’ait pas de conséquences en forêt privée.
Je suis satisfait de les avoir écrites. Elles étaient nécessaires et m’ont donné un sentiment de «devoir accompli». Mais justement. Le devoir étant accompli, à l’avenir je vais éviter ce type d’articles «militants».
La raison fondamentale tient au fait que, si ces chroniques ont été particulièrement populaires, j’ai détesté les écrire.
Prenons pour exemple mon dernier texte de ce type sur les «chercheurs-activistes». Cela m’a pris plus d’un mois à l’écrire et, après l’avoir fini, j’avais l’impression de sortir d’une grande noirceur. La raison étant que le «matériel» à la base de la chronique était fondamentalement mauvais (sur la forme et le fond). Tellement, en fait, que j’ai dû imprimer trois exemplaires de l’article «scientifique» analysé. J’avais griffonné une telle quantité de notes dans les deux premières impressions, que j’ai eu besoin d’une troisième pour pouvoir le re-relire clairement!
J’écris sur la foresterie et ses différents enjeux depuis maintenant près de 14 ans. C’est certes par passion, mais aussi parce que j’ai abordé des sujets qui me stimulaient positivement. Même dans le cas d’analyses critiques.
Aucun de mes textes «militants» ne m’a toutefois apporté de stimulation positive. Pire, constater que l’outil qu’est la science puisse être détourné pour promouvoir une idéologie fut une expérience pénible.
Pour le rappel, ayant eu un directeur de thèse de doctorat impliqué avec un groupe environnemental (Louis Bélanger, Nature Québec), je peux vivre avec le fait que des chercheurs aient plus d’un chapeau. Mais encore faut-il ne pas les mélanger…
Le grand constat ici est qu’il m’est difficile d’imaginer animer le blogue pour les 14 prochaines années en abordant aussi régulièrement que je l’ai fait ces dernières années des sujets qui me dépriment… Et j’ai l’intention de l’animer encore longtemps (14 ans ou plus)! D’où le fait que, pour l’avenir prévisible, j’ai l’intention de me concentrer sur des sujets stimulants à documenter et à partager.
Comme je le mentionne, «je vais éviter ce type d’articles». Je n’ose pas prononcer le mot «jamais». Toutefois, si je devais à nouveau aborder de front un sujet que je trouve pénible, ce sera la très notable exception qui confirmera la règle.
Du rythme des publications
En ce mois de juin 2024, mon autre grand questionnement, qui n’est pas nouveau, tient à la fréquence de mes publications. Animer un blogue, c’est justement «l’animer». Or, je ne peux dire que je suis satisfait de ma fréquence de publications dans les dernières années.
En même temps, article «militant» ou pas, je me suis investi dans des dossiers qui ont commandé bien de la recherche, de l’analyse et de l’effort pour vulgariser et synthétiser le tout de la façon la plus agréable possible à lire. Un type de travail que j’adore faire, mais qui demande beaucoup de temps! D’où le dilemme.
À cela s’ajoute un drôle de «problème» : j’ai à l’évidence accumulé trop de connaissances. À tout le moins, pour écrire dans un style «blogue».
Écrivez 200 textes moindrement fouillés sur une même thématique. À un moment donné, vous allez être incapable de penser à un sujet donné sans faire une multitude de liens avec d’autres sous-sujets. Et tout cela devient compliqué à synthétiser. Il y a de nombreux arbitrages à faire quant à ce dont on ne parle pas.
Tout cela rend donc très difficile l’atteinte de mon objectif, a priori peu ambitieux, d’écrire un texte par mois.
Je vous expose ici le «problème». Je n’ai pas encore de réelle solution.
La seule en fait qui se soit présentée consisterait à délaisser mon chapeau de blogueur pour enfiler plus régulièrement celui d’écrivain. Je visualise ici des livres plus courts que mon premier et aux thèmes très ciblés. De très longues chroniques en quelque sorte… À noter qu’une 2e édition de mon premier livre est toujours dans les cartons.
C’est une idée. La seule pour l’instant. Mais ce n’est pas pour le court terme. D’ici la fin de l’été — début de l’automne, je vais reprendre la plume pour ma 201e chronique et les suivantes…
Une histoire à suivre donc.
Mot de la fin
En théorie, ce texte aurait dû être une chronique plus classique. La documentation était prête… Mais pas la motivation pour l’écrire!
Malgré ma lente production, je prends de fait peu de pauses. Dès que je publie un texte, je me mets à jour dans l’actualité et je pense à mon prochain. Depuis plusieurs mois, la seule phase d’écriture peut prendre trois à quatre semaines… Être blogueur a son petit côté «intense»!
Mais pour durer dans le temps (Objectif 2038!), il est parfois nécessaire de prendre une petite pause introspection. Question, ne serait-ce, que de se replacer sur le bon chemin.
Quant au fait de partager le tout, étant dans le «paysage» forestier québécois depuis maintenant près de 14 ans, je me dis que certains/es peuvent être intéressés par ce qui se passe, en quelque sorte, dans l’envers du décor de La Forêt à Cœur. Dans tous les cas, ces textes-bilans occasionnels me servent de balises. Ils me rappellent pourquoi j’ai pu prendre certaines directions. Considérant que, si la santé s’y prête, je me vois toujours être en train d’animer le blogue en 2038, il me semble sage de les intégrer à ma programmation régulière : )
Et comme il se doit pour un texte plus personnel, il est essentiel que j’offre tous mes remerciements à ma conjointe. Ce blogue n’existerait tout simplement pas sans elle. Ou à tout le moins, en dimension beaucoup plus réduite. En particulier, elle agit de facto à titre d’éditrice en chef, car elle relit tous mes textes avant publication. Cela les améliore notablement en plus d’assurer leur «modération» (parfois très utile…). Merci chérie!! xxx
Je suis contente de voir que le blogue perdurera. Au plaisir de lire tes prochaines chroniques!
Merci! 😌
Toujours intéressant de vous lire. Pour ceux qui n’ont pas encore lu votre livre et bien, j’en recommande fortement la lecture.
Merci beaucoup pour les bons mots! 😃
EA