Enquête sous enquête
En mars 2021 ainsi qu’en mars 2022, l’émission d’affaires publiques Enquête (Radio-Canada) a consacré un de ses épisodes hebdomadaires à la foresterie québécoise. Des reportages à la teneur éditoriale bien marquée. Par exemple, celui de mars 2021 commençait ainsi :
On va se poser une question cette semaine : est-ce que le ministère des Forêts du Québec [ne] devrait pas plutôt s’appeler le ministère de l’Industrie forestière?
— Enquête, mars 2021 à partir de 00:04
Celui de mars 2022 n’était pas en reste :
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Quand on veut raser une forêt, on dit qu’elle est infestée de tordeuses [des bourgeons de l’épinette].
— Enquête, mars 2022 à partir de 00:20
Ces reportages étaient chacun composés de quatre segments distincts. Pour la présente chronique, je me suis concentré sur l’analyse du dernier segment de l’épisode de 2021, lui aussi produit sous un net angle éditorial :
Est-ce que le gouvernement permet à certaines compagnies forestières de s’en mettre plein les poches?
— Enquête, mars 2021 à partir de 31:17
En cause, l’idée que des compagnies forestières, qui sont responsables du mesurage des volumes de bois coupés, en profiteraient pour ne pas tout déclarer. Pendant ce temps, le gouvernement se contenterait de regarder ailleurs.
J’ai choisi de me concentrer sur ce segment, car c’est celui qui semble avoir suscité les plus vives réactions (liens en fin de chronique) et qu’il est aussi représentatif du « niveau » de l’ensemble. Donc, pour aujourd’hui, petite enquête sur le travail d’Enquête.
À la source des soupçons d’Enquête
Pour bien placer le contexte, au Québec c’est le gouvernement qui planifie l’aménagement des forêts publiques, mais c’est l’industrie qui s’occupe des opérations forestières. C’est-à-dire qu’elle est responsable d’aller récolter les bois que lui a octroyés le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP).
C’est aussi l’industrie qui s’occupe de mesurer les volumes des bois récoltés. Le MFFP fait des vérifications. Et c’est là le point de départ des soupçons et de l’enquête des journalistes.
Je souligne que ce système existe depuis plus d’un siècle… Et cela fait plus d’un siècle que des personnes s’interrogent sur le sujet! En soi donc, les soupçons n’ont rien de neuf et sont certainement sains. Mais abordons les preuves apportées par les journalistes d’Enquête pour non seulement juger que le système a fait son temps, mais aussi démontrer que l’industrie profite du système pour «s’en mettre plein les poches» pendant que le gouvernement regarde ailleurs.
Les preuves
Les preuves des journalistes d’Enquête sont basées sur deux sources :
1) Un mesureur de l’industrie forestière qui affirme, sous le couvert de l’anonymat, que l’industrie est systématiquement favorisée dans les mesurages de bois.
2) Une vérificatrice à la retraite du MFFP qui estime qu’il y a de moins en moins de vérificateurs pour faire un bon travail au ministère et que ses patrons étaient bonasses avec l’industrie.
Examinons le tout plus en détails et, en premier lieu, la « déposition » du mesureur (anonyme) de l’industrie forestière. Je retranscris ici les segments les plus incriminants :
(Mesureur anonyme) C’est absolument pas normal que ce soit le client [industrie] qui dit au fournisseur [gouvernement] combien il a pris de bois. C’est le client lui-même qui décide du montant à payer au fournisseur qui est le gouvernement.
— Enquête 2021 à partir de 33:36
Un peu plus loin :
(Mesureur anonyme) Il y a toujours un écart dans presque tous les mesurages, en faveur de la compagnie…
(Journaliste) Les écarts que vous avez vu les plus grands, c’était de l’ordre de quoi?
(Mesureur anonyme) Ça pouvait aller facilement de l’ordre de… 20-25 % dans les pires places. Les mesureurs vont toujours avantager la main qui les nourrisse [sic], qui est la compagnie.
(Journaliste) Il connaît tous les trucs, toutes les failles du système…
— Enquête 2021 à partir de 34:42
La journaliste détaille alors différentes façons, selon sa source, pour contourner le système de mesurage.
La solidité du système de mesurage est, en bonne partie, basée sur la vérification de la qualité du travail des mesureurs de l’industrie. C’est là qu’intervient le gouvernement. S’il y a des failles à cette étape, il est facile d’imaginer que tout le système puisse dérailler. Et justement, l’équipe d’Enquête a pu parler avec une vérificatrice retraitée du gouvernement qui a vu des failles…
Tout comme pour le premier témoin, je retranscris ici les segments les plus incriminants de son témoignage (note : à visage découvert, cette fois).
(ex-Vérificatrice) Le système ne fonctionne plus… La façon qu’il a été fait, ça ne fonctionne plus. Présentement, qu’est-ce qu’on entend, c’est qu’il faut donner un service à la clientèle, à l’industrie. Notre clientèle, c’est l’industrie. Je n’avais plus le temps de faire ma job en tant que tel qui était de vérifier pour être sûr que le bois était bien déclaré.
— Enquête 2021 à partir de 36:26
(Narration) Ces dernières années, elle a vu fondre le nombre de vérificateurs au ministère. Québec s’en remet à la bonne foi des mesureurs embauchés par les usines et à un système informatisé.
(ex-Vérificatrice) C’est comme tu viens de donner un chèque en blanc là pratiquement… Le ministère dit « On a un système qui contrôle », mais le système ne contrôle pas tout…
[…]
Tu vas parler avec des mesureurs, tu vas parler avec d’autres vérificateurs, tout le monde le disent « Écoute, ça va pêter à un moment donné, ça a pas d’allure… »
— Enquête 2021 à partir de 37:01
(Narration) Depuis quelques années, nos sources assistent à un relâchement des normes de mesurage en faveur de l’industrie.
(Mesureur anonyme) La population en général s’attend du gouvernement qu’il défende ses intérêts. ’Pis nous, sur le terrain, c’est pas vraiment ça qu’on constate.
— Enquête 2021 à partir de 37:57
(Narration) En fait, sur le terrain, les vérificateurs du gouvernement n’auraient plus de marge de manœuvre pour sanctionner les fautifs.
(ex-Vérificatrice) Tu sais quand tu dis, tu montes le dossier d’enquête et qu’au bout de la ligne il se rend pas plus loin… Tsé, moi j’ai bien peur qu’à la longue le monde ils en monteront plus de dossiers d’enquête. T’as des compagnies que « oui » elles ont eu des infractions. Mais il y en a de moins en moins parce que les enquêteurs… il n’y en plus tant que ça des enquêteurs.
— Enquête 2021 à partir de 38:16
(Narration) [Elle] a alerté ses supérieurs sur les brèches du système et la baisse de qualité du bois déclaré, mais ils auraient fermé les yeux. Elle croit qu’un changement s’impose.
(ex-Vérificatrice) Les infrastructures devraient être gérées par le ministère au sorti de forêt. Un coup que tu sais qu’est-ce qui est sorti de ta forêt, après ça tu le vends et regarde… il n’y en a plus de problèmes.
— Enquête 2021 à partir de 38:48
Analyse critique et faits
Et voilà toutes les « preuves ». J’ai tendance à abuser des guillemets, mais là ils sont de circonstance. Il n’y a vraiment rien d’autre. Aucun document concret, tangible à consulter. Aucune analyse comparative de ce qui, par exemple, aurait dû sortir en volume d’un secteur de coupe versus ce qui fut déclaré.
Le témoignage du mesureur? Son anonymat fait en sorte que personne ne peut le confronter. Quant à la vérificatrice retraitée du ministère, il est difficile de voir dans son témoignage la preuve de quoi que ce soit. Sauf…
Sauf si, comme à l’évidence bien des personnes, vous êtes convaincu qu’il se passe quelque chose de « croche » entre l’industrie et le gouvernement. D’où la nécessité, comme il y a ici un procès d’intentions, de laisser de côté les émotions pour se baser sur les faits. Et pour ce qui est des faits, le reportage n’en apporte aucun.
On ne retrouve ici que des accusations dont la « logique » ne tient que parce que l’on entretient l’idée de la relation malsaine industrie-gouvernement. Une logique qui ne tient toutefois pas la route lorsqu’on la confronte à de vrais faits cette fois, soit sur le « comment », dans son entièreté, se passe le mesurage dans les forêts publiques du Québec.
Des explications qui sont venues de différents acteurs du milieu quelques jours après la diffusion et qui ont, naturellement, eu moins de retentissements que les accusations de l’émission Enquête. Voici donc, sous la forme de deux larges extraits d’articles, les informations que l’on aurait dû retrouver dans ce reportage s’il s’agissait d’une « enquête» sérieuse…
Du système de mesurage des bois au Québec
Le premier (long) extrait est tiré d’un article de la revue en ligne Opérations forestières. Le début est une réponse aux assertions d’Enquête que jusqu’à 25 % des volumes de bois ne seraient pas déclarés par l’industrie forestière…
«C’est impossible qu’il y ait des écarts aussi grands», estime Sébastien Dufour, le copropriétaire du Groupe Val, un entrepreneur général en foresterie qui récolte près de 700 000 mètres cubes par année. «On ne peut pas lancer des affaires de même sans preuve, dit-il. J’offre à l’émission Enquête de venir mesurer le bois en forêt, puis en usine, pour qu’ils constatent la différence.»
Avant qu’un peuplement soit récolté, le Ministère réalise des inventaires qui permettent d’évaluer la quantité de bois qui pourra l’être. Selon les secteurs, ces données sont établies en prenant des mesures sur le terrain, ou avec l’aide de cartes aériennes. L’implantation de la technologie de télédétection par laser, dénommé Lidar, au cours des dernières années, a grandement amélioré la précision des inventaires.
Par la suite, le bois est récolté par une abatteuse qui recueille une foule de données, dont le diamètre et la longueur des billots tronçonnés. Le bois est empilé par espèce au sol, avant d’être transporté sur le bord du chemin forestier. C’est à ce moment qu’un mesureur vient prendre un échantillon, pour calculer le volume et déceler des défauts dans le bois.
Une chargeuse forestière s’amène ensuite pour mettre le bois dans les camions qui iront à l’usine. Avant de partir avec son convoi, le camionneur doit obligatoirement obtenir une allégation de transport. Une fois arrivé à l’usine, le camion forestier doit se faire peser, ce qui constitue une autre contre-vérification. Tout ce processus assure un suivi serré du bois récolté dans les forêts publiques, soutient Luc Lebel, professeur au Département des sciences du bois et de la forêt à l’Université Laval, car il est possible de croiser les données pour faire des vérifications.
Sébastien Dufour explique que sa paye, et celle des entrepreneurs forestiers qu’il embauche dépendent du volume de bois calculé par les mesureurs. S’il y avait des différences majeures entre les volumes coupés et les volumes calculés, ces derniers seraient les premiers à se plaindre.
D’ailleurs, les forestiers peuvent demander en tout temps d’aller faire des contre-vérifications en usine si les valeurs émises par le mesureur ne semblent pas conformes. «On n’a jamais eu de problème avec les volumes, mais on a fait quelques vérifications sur la qualité, et après vérification, les calculs étaient toujours conformes», explique Sébastien Dufour, qui fait confiance au professionnalisme des mesureurs. Les marges de profits sont déjà très minces, et s’il y avait une perte de seulement 5 %, plusieurs entreprises forestières auraient déjà fermé leurs portes.
«Si tu es une entreprise cotée en bourse, tu ne peux pas te permettre de te faire prendre à voler du bois en forêt publique», renchérit Luc Lebel.
— Opérations forestières, 15 mars 2021
Dans un autre article, incidemment sur Radio-Canada, c’est le PDG du Conseil de l’Industrie forestière du Québec (CIFQ) qui répondait directement. Ci-dessous la retranscription de l’entrevue par le radiodiffuseur.
Quelque chose qu’il faut vraiment recadrer dans le reportage, c’est le système de mesurage du bois. Il y a énormément de redondances dans le système. La tête des abatteuses, soit la machine qui prend l’arbre et qui le coupe, va scanner chacune des billes à chaque centimètre. C’est mis dans un registre électronique qui est lui, récolté à tous les jours. Le conducteur du camion qui va transporter le bois a lui aussi un registre électronique et à la sortie de chaque chantier, il doit télécharger son information, il doit l’envoyer. À l’arrivée à la balance, il y a également une caméra qui filme le camion et qui filme le bois où, là encore, le Ministère a accès à l’information. Et tout ça est encrypté et de façon aléatoire par un algorithme encrypté, un camion peut se faire arrêter et se faire dire d’en décharger une partie et de retourner se faire peser et cette partie-là va être mesurée. Et en plus, sur le parterre de l’usine, ils ont un compteur en temps réel qui vient indiquer combien de pieds de planche [unité de mesure] on fait par mètre cube. Toutes ces informations sont croisées et sont téléchargées sur une base régulière et recroisées par le Ministère qui, par la suite, émet des avis d’inspection. Et les mesureurs, eux, sont inspectés sur une base annuelle et sont encadrés par une loi très stricte, a-t-il énuméré en retraçant la chaîne de travail en entier.
— Jean-François Samray, PDG du CIFQ
Ces différents points rendent risible l’idée même qu’un mesureur de l’industrie puisse se dire « Pas mal sûr que personne ne remarquera 25 % de volume de bois en moins… ».
Qui a lu le rapport Coulombe?
Finalement, revenons un peu en arrière avec la Commission Coulombe. La raison étant que les journalistes s’appuient sur cette Commission pour valider leurs suspicions d’affaires louches entre le gouvernement et l’industrie dans le mesurage des bois.
En 2004, le rapport Coulombe remettait en cause la fiabilité du système de mesurage aux mains de l’industrie. Il appelait à une augmentation de la quantité et de la rigueur des contrôles de l’État.
— Enquête 2021 à partir de 35:36
… Vraiment?
Pour le petit aparté, ceux et celles qui suivent mes textes depuis longtemps, n’ont probablement pas été surpris de me voir discuter aujourd’hui d’un sujet vieux d’un an. Mon blogue a toujours été en mode « slow actualité » (concept personnel). Mais dans ce cas particulier, il y a une autre raison pour laquelle j’avais laissé passer le reportage d’Enquête l’an dernier : je travaillais sur une série de textes justement liés à la Commission Coulombe.
C’est pourquoi, lorsque j’ai entendu les journalistes référer à Coulombe et au mesurage dans les termes ci-haut, j’ai été très surpris. Mon souvenir des commentaires de la Commission concernant le mesurage était beaucoup plus positif. Je suis donc retourné consulter le rapport pour vérifier si ma mémoire ne me jouait pas des tours…
Considérant le sérieux des affirmations des journalistes voici, malgré sa longueur, l’intégralité de la conclusion de la Commission Coulombe concernant le système de mesurage des bois en forêt publique québécoise.
L’examen sommaire n’a pas permis à la Commission de déceler de vice majeur dans le système de mesurage qui est caractérisé par l’implication d’un grand nombre de professionnels, lesquels sont encadrés par un vaste processus gouvernemental de vérification. Le doute exprimé par divers groupes quant à la fiabilité et l’impartialité du système en place est toutefois bien réel et il est dans l’intérêt de tous que ce doute soit dissipé. L’ensemble du système repose sur la confiance entre les différents acteurs, mais, compte tenu des enjeux, la Commission peut elle-même comprendre que ceci soulève des préoccupations. À la lumière de ses consultations, la Commission en vient néanmoins à la conclusion qu’il faut laisser le temps aux mesures correctives mises de l’avant par le Ministère, de même qu’aux recommandations ci-dessous, de faire leurs preuves. Ainsi, elle estime qu’il n’est pas nécessaire, à ce moment-ci du moins, de soustraire la responsabilité des activités de mesurage des bois aux détenteurs de permis d’usine.
Si ces mesures s’avéraient infructueuses dans un avenir rapproché, le Ministère devra alors considérer sérieusement la possibilité d’introduire des changements plus radicaux, allant jusqu’à l’option de prendre le mesurage complètement sous sa responsabilité. La Commission ne saurait trop insister sur l’importance d’avoir en place un système de mesurage basé sur la transparence, la rigueur, la compétence et la collaboration des acteurs sur le terrain, c’est-à-dire le Gouvernement, les entrepreneurs qui récoltent et transportent le bois, les mesureurs et les entreprises qui transforment ou achètent le bois.
Les recommandations de la Commission s’inscrivent dans cette perspective, de façon à ce que le système de mesurage gagne en crédibilité et, dans le contexte budgétaire actuel, à ce que les activités ministérielles de vérification du mesurage se situent dans un climat renouvelé de confiance entre les acteurs impliqués et la population. Il faut souhaiter qu’à terme, une telle approche conduira même à une réduction des activités de contrôle.
— Commission Coulombe, p. 222
Les quatre recommandations :
• Que le Ministère publie chaque année les résultats des vérifications ministérielles de mesurage.
• Dans un esprit de transparence du système de redevances, que tous les bois marchands et non-marchands récoltés sur les terres publiques soient mesurés, incluant ceux de 9 cm et moins, et que les droits de coupe soient directement perçus sur ces derniers.
• Que le Ministère mette en place des mécanismes pour permettre à l’Association des mesureurs de bois licenciés du Québec de participer à l’élaboration des encadrements relatifs au processus d’évaluation pour l’émission et le renouvellement des permis de mesureurs ainsi qu’au traitement des plaintes à l’égard du mesurage.
• Que l’outil informatique de gestion du mesurage «Mesubois» soit amélioré de façon à mieux intégrer les vérifications de mesurage du Ministère afin d’en faciliter l’analyse, la gestion et la diffusion.
— Commission Coulombe, p. 222-223
Fondamentalement, la Commission reconnaissait qu’il était légitime que certains puissent avoir des doutes sur la fiabilité du système de mesurage des bois au Québec. Toutefois, sur le fond, elle était loin de « remettre en cause » le système… Bien au contraire, en fait! De plus, les commissaires espéraient, à terme, une «réduction des activités de contrôle», pas une augmentation!
Il est ici difficile de comprendre ce qui s’est passé du côté de l’équipe «d’enquêteurs» de cette émission d’affaires publiques. Ont-ils seulement lu le rapport de la Commission Coulombe? On est en droit de se le demander! (soupir)
Mot de la fin: « Avis »
Je n’anime pas un blogue sur l’aménagement des forêts depuis douze ans et je n’aurais pas écrit un livre sur le sujet si je n’avais pas une réelle passion pour la foresterie! Donc, à la base, des reportages aussi négatifs sur la foresterie québécoise me chagrinent. Mais si au moins le sujet était bien documenté… Ici, c’est tout le contraire.
À l’image du segment que j’ai analysé, il y a un énorme manque d’honnêteté intellectuelle et de rigueur dans les deux reportages. Les seules « preuves » présentées sont là pour appuyer ce qui apparaît comme une idée préconçue.
En ce sens, il est désespérant que ces reportages aient pu faire réagir comme s’ils représentaient une vérité incarnée… Cela donne à réfléchir! Des réflexions qui devront cependant attendre une autre chronique (peut-être).
Pour conclure sur les reportages d’Enquête, leur écoute m’a inspiré un « Avis » qui aurait pu être montré avant leur diffusion.
AVIS : Le reportage qui suit est basé sur la prémisse que l’industrie forestière est fondamentalement remplie d’escrocs et que les hauts fonctionnaires du ministère des Forêts, le ministre en premier lieu, n’ont pour seule mission que de spolier la ressource forestière publique au profit de cette industrie. Nous souhaitions vous en aviser au cas où quelqu’un espérait un reportage balancé qui contribuerait à la réflexion sur l’aménagement de nos forêts publiques. Pour les autres, vous êtes à la bonne place. — L’équipe d’Enquête
Réactions suite aux reportages d’Enquête
Après celui de mars 2021
Réactions très critiques
Révélations d’Enquête sur le ministère des Forêts – Québec solidaire réclame une enquête publique
Laxisme au ministère des Forêts – Le Parti Québécois craint des représailles américaines
La forêt boréale, une richesse collective?
La forêt publique est privée… de vision
Réactions plus positives pour la foresterie québécoise…
Québec a-t-il perdu le contrôle de ses forêts?
Le système de mesurage est fiable, assure le Conseil de l’industrie forestière
Le reportage de l’émission Enquête manque sa cible
La forêt publique québécoise n’est pas en danger
Après celui de mars 2022
L’OIFQ croit qu’il est temps de tenir un moment de réflexion collective pour l’avenir
Révélations d’ Enquête : une réforme du système forestier et une enquête publique réclamées
Bravo Éric. Belle analyse. Les reportages d’enquêtes m’ont aussi grandement déçus. On doit espérer mieux de journalistes d’enquête. Ils ont un rôle tellement important pour notre société.
On doit exiger mieux de nos journalistes d’enquête. Ils ont un rôle important pour notre société.
Merci Luc! 🙂
Encore une fois notre profession est mise en doute, cette fois-ci appuyer par des témoignages de deux membres de la confrérie, qui selon moi sont non fondée et irréaliste.
Si je dénonce les lacunes, fraudes ou collusions du système, quels sont les garanties que je ne serai pas dans le trouble??
Le point est d’avoir des preuves concrètes. Sinon, on tombe dans la diffamation.
Merci du commentaire.
Merci pour ton éclairage Éric. J’aurai bien aimé avoir celui du Ministère suite au reportage. Je me permets de me citer (La Presse, 31 mars 2021) « (…) la commission Coulombe sur les forêts, en 2004, recommandait de rendre le système de mesurage de bois plus transparent, en publiant à chaque année les résultats des vérifications ministérielles. À l’époque, le Ministère s’était engagé à publier ces résultats sur son site dès 2007, ce qui n’a pas été fait à ce jour. Ce défaut a certainement contribué à alimenter ls controverse actuelle. »
C’est toujours un plaisir de te lire.
Bonjour Gérard : )
Oui, au début, moi aussi j’étais déçu que le ministre décide de ne pas participer. Toutefois, après coup, je suis plus compréhensif. Je soupçonne qu’ils savaient dans quelle direction « tirait » le reportage et ont jugé qu’il valait mieux ne répondre qu’après coup.
Le fait que beaucoup trop de monde croient mon « Avis » fictif est, de mon point de vue, la base de la controverse.
Ça semble logique que ce soient des informations publiques, mais il y a aussi potentiellement de très bonnes raisons pour qu’elles ne le soient pas. Ça n’apparaît pas comme une situation exceptionnelle dans les relations État – compagnies privées. Il faudrait pouvoir en discuter publiquement sans a priori de malversations.
Merci du commentaire : )
Bonjour Mme Alvarez ! Un plaisir de vous lire mensuellement et cette dernière lecture me donne de la légèrement au jeune professionnel de la forêt que je suis en vois de devenir. Croyez-vous que vous pourriez entrer en communication avec l’équipe d’Enquête peut que, peut-être, ils puissent se remettre en question et rétablir certains faits.
Je n’ai certainement pas systématiquement un avis négatif envers les émissions d’Enquête, encore moins envers la profession de journalisme d’enquête (elle est essentielle pour une saine démocratique). Je me désole toutefois que la teneur de l’argumentaire soit si restreinte et qu’elle mise davantage sur l’émotion (la re3présentation populaire de l’industrie comme du méchant loup.
À mon sens, la responsabilité journalistique impose la rigueur des faits et, pour le bien de la société, une certaine intention visant une plus grande solidarité entre tous les acteurs de cette société (à l’inverse de la diffamation qui ne peut que davantage polariser).
La responsable du reportage est entrée en contact avec moi. Disons qu’il y a peu à espérer d’un «rétablissement des faits» 😌 🤷🏻♂️
En passant, je suis un «M.» 😄
Merci du commentaire!
EA
Oups, pardon, mon erreur ! 😄
Sylvain
J’adore « l’avis » en conclusion…
L’émission enquête est clairement au service de certains groupes voulant discréditer l’industrie forestière et le
MFFP.
J’ai moi-même été des plus surprises de me voir apparaître à l’émission de mars 2022. Jamais on ne m’a contactée pour avoir ma version des faits ou demandé mon autorisation pour se servir de mon image.
C’est du journalisme de bas niveau, contrairement à votre enquête M. Alvarez!!
Merci! 😌
EA
Bonjour M. Alvarez
Félicitations pour votre article… c’est très pertinent et reflète parfaitement le problème que l’on vit actuellement… la polarisation actuelle est le résultat de groupes d’intérêt qui ne veulent uniquement discréditer l’industrie et le MFFP pour obtenir ce qu’ils veulent , c’est à dire de couper de moins en moins de bois sur le territoire public et surtout pas sur le bout de territoire où ils ont de l’intérêt… et ce sans se soucier des impacts pour les autres pôles du développement durable (environnement, société et l’économie)
Il est temps qu’on se donne une véritable viision commune de la foresterie au Québec, sinon l’avenir de celle-ci et de nos régions est sérieusement menacée!
Merci!…et merci du commentaire! 🙂
M. Alvarez,
Grand merci pour cette analyse. J’enseigne cette année le mesurage aux étudiant-e-s finissants en technologie forestière. Le manuel de normes de mesurage contient plus de 300 pages. Peu de gens le savent mais les mesureurs sont encadrés par une loi qui leur est spécifique. La possession d’une carte de mesureur est un privilège qui n’est accordé qu’à à peine quelques centaines de personnes. Au MFFP, les salaires de misère ne permettent pas d’attirer nos finissants. Il faut redonner à cette profession ses lettres de noblesse qu’elle mérite amplement.
Merci beaucoup de votre commentaire M. St-Amour! 🙂