SAF 2012 — Carnet de voyage nº 3 : L’écosystème urbain
L’ouverture de ce blogue m’a amené sur plusieurs chemins inattendus. Même si je n’ai fait qu’une seule chronique sur le sujet, la foresterie urbaine est devenue un de mes thèmes favoris, plus particulièrement sous l’angle des services environnementaux que rendent arbres et forêts à nos milieux urbains. Dans le cadre du congrès, j’ai pu dénombrer six séances qui touchaient ces aspects. Bien que je n’ai pas assisté à toutes les conférences (avec 7 à 13 séances concurrentes, il faut faire des choix…), j’ai pu faire un constat : les États-Unis sont vraiment très avancés dans ce domaine! Petite présentation des principaux éléments que j’ai retenus.
Un site devrait devenir un incontournable pour quiconque s’intéresse aux services environnementaux associés à la foresterie urbaine : Green Cities: Good Health. La chercheuse Kathleen L. Wolf (professeur, Université de Washington) nous a présenté ce site dont elle a supervisé le développement et qui se veut une synthèse scientifique des apports des arbres et forêts à « l’écosystème urbain ». Treize sujets de recherche sont abordés qui vont de l’amélioration de la qualité de vie, à l’impact sur les commerces, sur le taux de criminalité et sur la santé mentale. Mme Wolf s’est attardée dans sa présentation à ce dernier point avec pour référence la vie en « cubicules ». Alors, je ne peux qu’encourager toutes les personnes qui travaillent dans ce type d’environnement d’aller faire un tour sur ce site!
Qu’en est-il plus exactement? Si je m’attarde aux seuls points liés à la santé mentale, il a été observé que la présence de plantes, arbustes ou autres éléments faisant référence à la Nature dans le milieu de travail avait pour effet d’améliorer le moral des employés, de diminuer l’absentéisme et d’augmenter la productivité. Pour aider à comprendre le « pourquoi », elle nous a montré les résultats, sous forme d’images de scanneur, d’une étude (non encore publiée) d’un chercheur en neurologie sur l’activité de la partie la plus primitive de notre cerveau qui est « excitée » en présence d’éléments naturels (arbres, cours d’eau…). Or, il s’avère que cette partie de notre cerveau est en lien avec des fonctions essentielles comme la régulation de notre rythme cardiaque. Son constat général : les parcs et autres attributs naturels de nos villes ne sont pas seulement agréables, ils sont importants pour notre santé.
Un professionnel du gouvernement de l’Idaho est quant à lui venu nous présenter les résultats de leurs études sur les impacts de la plantation d’arbres sur l’efficacité énergétique des maisons. À leur grande surprise, les premiers résultats ont montré que les coûts de planter, entretenir les arbres, pouvait excéder les avantages économiques. En examinant plus à fond cette question, ils ont constaté que les arbres plantés à l’est ou à l’ouest des maisons contribuaient à une plus grande efficacité énergétique (et économiques) que ceux plantés au sud ou au nord. Aussi, la grosseur des diamètres influençait positivement les conclusions. La situation idéale : des arbres plantés à l’ouest des maisons et qui recouvrent les stationnements, réduisant par le fait même les îlots de chaleur en été (explication d’un « îlot de chaleur »). Quoiqu’il faille être prudent dans l’extrapolation de ces résultats au Québec (je n’ai pas connaissance d’études comparables), je n’ai pu qu’être impressionné par l’affinement de leurs recherches dans ce domaine.
Point commun des conférences auxquelles j’ai assistées ou dans le descriptif de celles auxquelles je ne suis pas allé, la suite logicielle i-Tree que j’avais présentée dans le cadre de ma première chronique sur la foresterie urbaine est en bonne voie de s’imposer comme une référence. Considérant que ces outils sont gratuits, je ne peux que ré-encourager leur utilisation ici!
Dans le cadre des conférences que j’ai dû sacrifier, j’ai noté le programme de recherche Green Cities Research Alliance — Urban Natural Resources Stewardship. C’est un programme chapeauté par le USDA Forest Service qui vise à créer des milieux urbains plus durables et agréables. Il en est à ses débuts et c’est assurément une initiative que toute personne intéressée par l’amélioration de la qualité de vie dans nos « écosystèmes urbains » devrait garder à l’oeil.
« Écosystème urbain ». C’est le mot-clé que je retiens (vous vous en doutiez peut-être…). J’ai la perception que nous appréhendons trop souvent la vie en ville selon la dichotomie Ville-Nature, comme s’il était normal que la ville ne soit que béton et la Nature… ailleurs. Or, l’apport de la Nature dans les villes est de plus en plus documenté. Mme Wolf nous a présenté un graphique montrant l’explosion des études sur le sujet dans les dernières années. L’Humain, même urbain, a à l’évidence besoin d’un contact avec la Nature. Et c’est pourquoi il est à souhaiter que la somme des connaissances qui est en train d’être accumulée sur le sujet percole à l’échelle politique et dans l’esprit des citoyens, pour que l’on finisse par voir nos villes pour ce qu’elles sont : notre écosystème de vie.
Excellent article ! On ne rappellera jamais assez l’importance des boisés et des arbres urbains. Je partage depuis longtemps l’idée que la nature doit reprendre sa place dans la ville. Quel plaisir de le lire sous une autre plume !
Bravo et merci !
Merci : )