Dans les dernières années, l’aménagement des forêts nationales américaines a pris un tournant dans lequel le mot « collaboration » est omniprésent. Je vous ai présenté cette évolution dans le cadre de mes chroniques touchant les Planning rules. Plus spécifiquement, je vous avais présenté l’automne dernier le cas de la Forêt nationale de Colville qui se veut un modèle du genre et Le Modèle utilisé dans l’élaboration des dernières Planning rules. Mais ce n’est pas le seul exemple et c’est pourquoi aujourd’hui je vais vous présenter comment s’articule cette stratégie de « collaboration » dans le grand réseau des Forêts nationales. Une considération essentielle à la compréhension de l’aménagement de ces forêts et, surtout, comment cette stratégie contribue à revaloriser le principe même d’aménager une forêt.
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SAF 2012 — Carnet de voyage nº 5 : l’avènement de la foresterie sociale
Un des moments que j’attendais le plus du congrès était la sortie à la Forêt nationale de Colville. Pourquoi? Car suite à l’invalidation par un tribunal des précédentes Planning rules, c’est à la Forêt de Colville que le Secrétaire à l’Agriculture était venu annoncer que le USDA Forest Service, dont il est le patron politique, allait établir de nouvelles Planning rules basées sur le modèle de cette Forêt nationale plutôt que de continuer la bataille devant les tribunaux (rappel : les Planning rules encadrent la production des plans d’aménagement — chroniques sur le sujet). Quelle est la particularité de ce modèle? Cela fait près de dix ans que des projets d’aménagement forestier ont lieu dans cette Forêt nationale de 4 450 km2 sans qu’il y ait de contestations judiciaires. Un exploit dans le monde de l’aménagement des forêts publiques aux États-Unis! À la base de ce succès, l’avènement d’un nouveau paradigme : la foresterie sociale. Un paradigme que je vous invite à découvrir dans cette chronique un peu plus longue que d’habitude… (Vous êtes avisés!)
Les Planning rules : 30 ans plus tard
C’est dans l’espoir qu’elle représente le dernier chapitre d’une longue saga, que le USDA Forest Service a publié le 23 mars dernier la version finale de la Planning rule qui encadrera la production et la révision des plans des différentes Forêts nationales des États-Unis. Comme le mentionne le USDA Forest Service, cette nouvelle version des Planning rules est le fruit de 30 ans d’expérience dans la planification de l’aménagement des Forêts nationales. Je ne reviendrai pas ici sur les détails de cette saga que j’ai déjà eu l’occasion de traiter dans de précédentes chroniques. Je vais plutôt m’attarder sur les points centraux de la Planning rule 2012 ainsi que sur les points qui sont le plus susceptibles d’amener une réflexion sur l’aménagement des forêts publiques québécoises.
Du processus de sélection des futures Planning rules
Les Forêts nationales américaines représentent 25 % de la superficie des forêts aux États-Unis et sont à 87 % situées dans l’ouest du pays (Alaska compris — Figure 1). Malgré cette apparente situation minoritaire et une répartition géographique ciblée, elles sont le théâtre de passions, car elles sont liées à de grands enjeux environnementaux et socio-économiques. Un nouveau chapitre de l’aménagement de ces forêts est sur le point de s’ouvrir avec la publication d’ici la fin février de la version définitive des Planning rules, soit le document stratégique pour produire et mettre à jour les plans d’aménagement de ces forêts. Mais avant sa publication, un document préalable très important a été publié le 26 janvier dernier, soit le Final Programmatic Environmental Impact Statement (PEIC). Un document technique de 373 pages qui justifie les grandes orientations des futures Planning rules qui vont paraître d’ici 30 jours (délai légal après un PEIC).
Forêts nationales américaines : le grand virage
Suite à l’invalidation en juin 2009 par une cour des Règles de planification (Planning rules) régissant la production des plans d’aménagement des forêts sous juridiction fédérale, le gouvernement américain avait annoncé un changement de direction par la voix de son Secrétaire à l’Agriculture (chronique du 6 janvier 2011). Pour donner suite à cette intention, l’année 2010 fut consacrée à une vaste consultation publique pour établir les nouvelles Règles de planification. Ces dernières ont été publiées le 14 février dernier (les commentaires sont ouverts jusqu’au 16 mai). Comme attendu, les nouveaux mots d’ordre de ce document d’une cinquantaine de pages sont : adaptation, résilience et restauration des écosystèmes forestiers et des bassins versants. Cela pour faire face aux divers stress environnementaux anticipés, les changements climatiques étant en première ligne des stress considérés. Mis sur la sellette lors du jugement de 2009, le concept de filtre brut est retenu comme outil d’aménagement et appliqué de façon à répondre aux critiques émises. En soi, si les changements de mots d’ordre ne sont pas banals, ils étaient attendus. Et si je parle ici de grand virage, c’est avant tout dans la façon pratique que le USDA Forest service souhaite appliquer ses nouveaux mots d’ordre à l’échelle locale.
La fin de l’aménagement écosystémique ? Leçons de l’aménagement des forêts nationales américaines
Un des grands principes à la base de l’aménagement écosystémique, soit l’idée de préserver une diversité d’écosystème et d’espèces (principe du filtre brut), est en train de prendre la voie de garage dans la définition des futures règles pour l’aménagement des forêts nationales américaines. Par quoi cela va-t-il être remplacé? Si la discussion est ouverte, les nouveaux mots d’ordre sont : restauration et résilience. En particulier, restauration des écosystèmes dont la dynamique de feu a été altérée et résilience face aux changements climatiques et ses conséquences : épidémies d’insectes plus sévères, sécheresses accrues et autres. Une raison particulière : préserver la qualité de leur eau. Petit retour historique pour comprendre comment le USDA Forest Service en est venu là.