Le Plan Nord : un projet aux allures pharaoniques pour lequel il serait inutile ici de reprendre tous les chiffres. Par contre, quel est l’impact de ce grand projet sur l’aménagement forestier? C’est sur la base de la question « Le Plan Nord: Comment y trouver son compte? » qu’un débat s’est tenu le jeudi 16 février dernier dans le cadre du congrès annuel de l’AETSQ (Association des Entrepreneurs en Travaux Sylvicoles du Québec). Le choix des débatteurs (M. Pascal Audet — AETSQ, M. Vincent Gerardin — Ph.D. spécialiste en écologie végétale, M. Yves Lachapelle — Conseil de l’industrie Forestière et M. Nicolas Mainville — Greenpeace) promettait quelques flammèches. Et s’il y a effectivement eu des accrochages, on a toutefois pu noter quelques intéressants points de convergence.
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Aires protégées : l’approche « noir ou blanc » a-t-elle encore un sens?
Je vais vous parler aujourd’hui d’un débat qui prend à l’évidence de plus en plus d’ampleur aux États-Unis : devrait-on autoriser l’aménagement forestier dans des territoires protégés? Il s’avère que, à la (classique) considération économique s’ajoutent de plus en plus régulièrement des questions liées à la santé même de l’écosystème forestier : aménager la forêt ne serait-il pas le meilleur moyen de transmettre aux générations futures un « sain » patrimoine forestier? Aperçu de ce débat dans le cadre d’un cas presque aux portes du Québec, soit au New Jersey.
La New Jersey’s Pinelands National Reserve (aussi appelé les « Pine Barrens » – Landes de pins) occupe 4 450 km2 (1,1 million d’acres). Elle a été créée en 1978 et a été reconnue comme Réserve de la biosphère par l’UNESCO en 1983. Ce territoire forestier consiste principalement en un mélange de pins et de chênes. Ce patrimoine est toutefois menacé par un dendroctone qui, comme son « cousin » de l’ouest (dendroctone du pin ponderosa), a la fâcheuse particularité d’attaquer les pins.
Quand l’Initiative Boréale Canadienne perd le Nord
Dans le grand débat qui a cours sur le Plan Nord, je suis tombé sur une référence à un sondage de l’Initiative Boréale Canadienne (IBC) qui, selon une porte-parole de cet organisme, « (…) permet de conclure que 81 % des Québécois sont favorables à la protection de 50 % ou plus du territoire du Plan Nord ». Il n’y a pas très longtemps, j’avais présenté le détail d’un sondage sur le caribou qui avait été repris par Greenpeace avec une interprétation plutôt joviale. Je n’ai pu m’empêcher d’aller vérifier ce tout récent sondage de l’IBC et j’ai pu constater qu’il y a certainement une marge avant de « Permettre de conclure… » quoi que ce soit.
Le sondage est relativement court (quatre questions). Ce qui au départ et en soi une glace plutôt mince pour envisager conclure quelque chose. C’est à la première question que l’on demande si la protection de 50 % de la forêt boréale contre toute activité industrielle est une mesure appropriée ou non. Il est cependant bon de noter qu’il y a un préambule à la question. Et que ce préambule mérite, malgré sa longueur, que je le cite textuellement pour que le lecteur puisse se faire sa propre idée.
Conservation ou exploitation?
C’est une première. Pour cette chronique c’est un évènement à venir qui a suscité mon intérêt. Un évènement qui aura lieu ce soir (jeudi le 3 février) en fait, soit la Chaire publique de l’Aelies (Association des étudiantes et étudiants de Laval inscrits aux études supérieures). Les Chaires publiques sont des séries de conférences sur des grands enjeux de société. Le thème de ce soir : « La forêt québécoise : conservation ou exploitation ? ». Je dois avouer qu’au premier abord j’ai été agacé par le titre qui présente la question forestière québécoise sur la base de cette dichotomie. Mais il y avait quelque chose de plus profond qui m’agaçait. Et c’est là que j’ai pris le temps de lire (relire dans un cas) deux articles qui posaient cette même question mais avec une vision à l’échelle planétaire.
Le Plan Nord ontarien : une inspiration pour le Québec?
On n’en a pas entendu parlé au Québec, mais le gouvernment de l’Ontario a adopté le 23 septembre dernier une loi sur leur Plan Nord. Un plan ambitieux. Le projet de Loi couvre 450 000 km2 du territoire ontarien dont 50% (225 000 km2, soit 21% du territoire ontarien) serait protégé. Il est question ici d’un réseau d’aires protégées intereliées.Tout comme au Québec, ce plan vise clairement, à tout le moins dans ses intentions législatives, à associer les communautés autochtones au Plan Nord. Or, ces dernières sont littéralement furieuses. C’est une levée de bouclier contre ce Plan. Elles accusent le gouvernment ontarien de décider de leur développement pour elles.
À souligner que les critiques ne sont pas seulement du côté des communautés autochtones.
Il y a là des éléments de réflexion pour le Québec :
- Une bonne intention législative ne se traduit pas toujours avec les résultats escomptés sur le terrain
- L’acceptabilité sociale d’une aire protégée n’est pas garantie. Particulièrement de la part de communautés qui vivent de la forêt.
- Peut-on sérieusement bâtir un Plan Nord sans un clair appui des communautés autochtones?
Comme le projet québécois couvre 1,2 million de km2, soit 72% de la superficie du Québec, espérons que nous saurons apprendre des leçons de nos voisins!