Les Forêts nationales américaines représentent 25 % de la superficie des forêts aux États-Unis et sont à 87 % situées dans l’ouest du pays (Alaska compris — Figure 1). Malgré cette apparente situation minoritaire et une répartition géographique ciblée, elles sont le théâtre de passions, car elles sont liées à de grands enjeux environnementaux et socio-économiques. Un nouveau chapitre de l’aménagement de ces forêts est sur le point de s’ouvrir avec la publication d’ici la fin février de la version définitive des Planning rules, soit le document stratégique pour produire et mettre à jour les plans d’aménagement de ces forêts. Mais avant sa publication, un document préalable très important a été publié le 26 janvier dernier, soit le Final Programmatic Environmental Impact Statement (PEIC). Un document technique de 373 pages qui justifie les grandes orientations des futures Planning rules qui vont paraître d’ici 30 jours (délai légal après un PEIC).
Eric Alvarez
Le dendroctone du pin ponderosa: où s’arrêteront ses impacts?
Le dendroctone du pin ponderosa (mountain pine beetle) est un insecte indigène dans les forêts de Colombie-Britannique. Si ces forêts sont donc adaptées à la présence de cet insecte, une combinaison de facteurs (hiver doux, présence de grands massifs matures dus à la suppression des feux) lui a permis d’atteindre dans la dernière décennie des proportions épidémiques sans précédent. La plus récente estimation fait état de pertes de 726 millions de m3 de pin tordu latifolié (lodgepole pine). Pour mettre ce chiffre en perspective, au Québec la possibilité forestière des résineux pour la saison 2013-2014 est de 19,3 millions de m3. Transposées au Québec, les pertes en Colombie-Britannique équivalent donc à près de 40 ans de récolte à rendement soutenu.
Naturellement, tant le gouvernement britanno-colombien que l’industrie forestière souhaitent limiter autant que possible les pertes. C’est pourquoi dans les trois « Unités d’aménagement » (Timber Supply Areas – TSAs) les plus touchées (aux alentours de Prince George, au centre de la province), la possibilité forestière a été augmentée de 80 % afin de récolter les arbres pendant qu’ils ont encore un potentiel commercial. Vous pouvez imaginer qu’un accroissement aussi important de la récolte ne va pas sans « bousculer » le milieu forestier, tant d’un point de vue social que biologique. Et si jusqu’à présent les manchettes étaient surtout consacrées aux impacts du dendroctone, en décembre dernier le Vancouver Sun a publié un dossier en plusieurs articles sur les impacts des coupes de récupération (récolte des arbres morts ou dépérissants). Un dossier qui a fait mouche, car le ministre des Forêts, Terres et Ressources naturelles de la Colombie-Britannique s’est senti dans l’obligation d’envoyer une réponse. Petit résumé.
Une réforme : mille inconnues
S’il y a une certaine « désaffection » pour le monde forestier, cela n’a pas paru lors du colloque conjoint Kruger – Association Forestière des Deux Rives qui s’est tenu le 18 janvier dernier à l’Université Laval dans le cadre de la Semaine des Sciences Forestières (site web et présentations). Près de 200 participants se sont présentés. Et s’il y avait de « vieux routiers », on retrouvait aussi un très grand nombre d’étudiants. Il faut dire qu’un colloque sur le thème de la réforme forestière, à quatorze mois de sa mise en oeuvre, avait de quoi susciter l’intérêt. Si le colloque a su donner un tour d’horizon des différents enjeux de la réforme, il a aussi fait apparaître une multitude de questions et inconnues qui ne trouveront des réponses pleines et entières qu’à partir du 1er avril 2013.
Et la date est fixe et officielle. S’il semble qu’il y avait un « flottement » quant au moment de la mise en oeuvre de la Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier, M. Richard Savard (sous-ministre associé à Forêt Québec) est venu mettre fin à ces spéculations : ce sera le 1er avril 2013. Une annonce fort à propos, car M. Savard ayant été le premier conférencier (et ce fut sa première annonce), cela a permis au cours de la journée de prendre la mesure du temps qu’il restait pour répondre aux défis de cette réforme.
Forêts Modèles : petit Réseau devenu grand!
En ce début d’année 2012, j’ai décidé d’ajouter une autre corde à mes sources d’inspiration : faire des comptes-rendus de certaines conférences auxquelles j’ai assisté. Pour cette première : une conférence sur les 20 ans du Réseau International des Forêts Modèles (RIFM) tenue au Centre de Foresterie des Laurentides le 12 janvier et donnée par messieurs Nicolas Duval-Mace et Jacques Robert. M. Duval-Mace est conseiller en politiques au Secrétariat du RIFM et M. Robert est coordonnateur régional (Québec) pour le Programme des collectivités forestières du Canada (ce Programme a officiellement remplacé en 2007 celui des Forêts Modèles, même si ce dernier nom perdure dans le vocabulaire quotidien).
De retour sur mon ancien site!
Je ne rentrerai pas dans les détails qui m’ont amené à reconsidérer mon changement de site d’hébergement de cet automne. Pour résumer : j’avais déménagé sur un système très puissant… en autant que l’on ait beaucoup de temps à consacrer aux aspects techniques! Ce qui n’est à l’évidence pas mon cas, car mon temps est investi dans le fond, pas la forme.
Alors, retour et suite de mes chroniques sur ce site. Mon « escapade » de cet automne n’aura cependant pas été vaine, car j’ai découvert des outils qui devraient m’aider à améliorer l’interaction avec les lecteurs…la « lourdeur » technique du site précédent en moins. J’ai en autres appris comment transférer l’adresse d’un site, ce qui devrait vous avoir ramené ici sans que vous ayez à nouveau à changer d’adresse!
J’ai transféré toutes les chroniques de cet automne (les dates ont été respectées). Vous pourrez donc retrouver tous mes écrits depuis le début de l’ouverture de La Forêt à Coeur sur un même site.
Cordialement,
Eric Alvarez
Le solo de guitare que vous écoutez est-il légal?
Qu’ont en commun Paul McCartney, Jimi Hendrix et Eric Clapton? Réponse : ils ont utilisé des guitares Gibson. Or, le célèbre fabricant de guitares du Tennessee est actuellement au coeur d’un processus judiciaro-politique concernant l’origine du bois de ses guitares. Dans les deux dernières années, ce fabricant s’est fait saisir des guitares et composantes de guitares pour cause de potentielle importation illégale de bois (Madagascar en 2009 et Inde en août 2011). Le fabricant affirme non seulement qu’il n’a rien fait d’illégal (aucune accusation criminelle formelle n’a pour l’instant été déposée), mais il passe même à l’offensive pour faire amender la Loi qui l’a mis en accusation.
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L’aménagement forestier nécessite-t-il un statut professionnel?
Au menu aujourd’hui, une petite réflexion sur la nécessité d’un Ordre professionnel pour encadrer la profession d’ingénieur forestier et, plus largement, l’aménagement des forêts. Cette réflexion fait suite à ma chronique précédente et à ma participation à une soirée de l’OIFQ (Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec) sur l’ouverture de l’Ordre à d’autres professionnels du monde forestier. Sans rentrer dans les détails de la soirée, j’en suis venu à me demander si on ne prenait pas le « problème » sous le mauvais angle. Et si on considérait plutôt l’idée qu’il n’y ait plus d’Ordre professionnel pour les ingénieurs forestiers? Et lorsqu’on s’arrête pour y réfléchir, l’idée n’est pas aussi « horrible » qu’elle pourrait le paraître à priori.
Quel est le rôle de l’ingénieur forestier au Québec? J’ai relu deux références, soit la Loi sur les Ingénieurs forestiers et la description de la profession d’ingénieur forestier dans le plus récent bottin de la Faculté de Foresterie, Géographie et Géomatique (FFGG). Une constante : être ingénieur forestier c’est être sur la ligne de front pour régler des enjeux d’aménagement de l’écosystème forestier. C’est une grosse responsabilité qui peut justifier la présence d’un Ordre professionnel. En pratique toutefois, les choses sont plutôt différentes. Le travail d’ingénieur forestier est tellement encadré par la réglementation que cela rend pratiquement caduque la responsabilité professionnelle. Le respect de la norme, de la règle, agit comme « responsable ». Combien d’ingénieurs forestiers peuvent faire des prescriptions sur les seules bases des meilleures connaissances disponibles et de leur expérience? À ma connaissance, aucun. Un Ordre professionnel est-il justifié dans ce cas?
La Society of American Foresters à la croisée des chemins
L’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec (OIFQ) est en processus de réflexion sur le devenir de la profession d’ingénieur forestier et, plus spécifiquement, sur l’ouverture de l’OIFQ à d’autres professionnels. Ce n’est cependant pas la seule organisation de professionnels forestiers à penser à se redéfinir. Aux États-Unis, la Society of American Forester (SAF), qui regroupe 14000 professionnels (2000 pour l’OIFQ) est en profonde remise en question.
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