400 millions $. C’est la somme que le USDA Forest Service a dû trouver cette année pour continuer à combattre les incendies de forêt (budget initial : 500 millions $). Le problème n’est pas qu’il y ait plus de feux, mais qu’ils sont plus intenses. M. Tom Tidwell, le Chef du USDA Forest Service a illustré ce fait d’une anecdote. Cette année, son organisme a perdu un laboratoire au Nouveau-Mexique dans un incendie de forêt. Il y a 10 ans, nous a-t-il rappelé, il y avait déjà eu un important incendie de forêt dans cette région qui avait menacé ce laboratoire. Ce feu avait brûlé une superficie de 190 km2 en 7 jours. Cette année, le feu a brûlé une superficie presque équivalente en 7 heures! C’est pourquoi la politique est d’investir un maximum pour contrôler les feux dès le départ (attaque initiale), faute de quoi ils deviennent souvent hors de contrôle.
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Se préparer au pire : la leçon du dendroctone du pin ponderosa
Dans la dernière année, je vous ai fait part de différents enjeux forestiers en Colombie-Britannique. En particulier, je vous ai présenté comment le dendroctone du pin ponderosa avait créé un casse-tête tant pour les forestiers que les politiciens de cette province. Non seulement une quantité de bois énorme a été tuée (l’équivalent de 40 ans de récolte au Québec), mais des scieries ont explosé à cause de la poussière des arbres tués par le dendroctone. Une de ces scieries était à Burns Lake, une petite communauté qui a ainsi vu disparaître son principal employeur. Pour faire face à ces enjeux, le gouvernement britanno-colombien a mandaté au mois de mai dernier un comité parlementaire avec pour mandat de trouver du bois dans les régions touchées par le dendroctone et, particulièrement, de permettre la reconstruction de la scierie à Burns Lake. Pour aujourd’hui donc, petit survol de la stratégie du gouvernement de la Colombie-Britannique pour faire face à cette crise et des réactions qu’elle suscite.
Aménagement forestier en Colombie-Britannique : quand le dendroctone met le feu aux poudres!
Je vous avais parlé un peu plus tôt cette année des dommages collatéraux du dendroctone du pin ponderosa. En plus d’avoir tué en Colombie-Britannique l’équivalent pour le Québec de 40 années de récolte, il y avait toute une dimension sociale et écologique associée à la récolte du bois en perdition. Aujourd’hui, le dendroctone est à la base d’une crise politique qui place le gouvernement britanno-colombien sur la défensive dans sa préparation de « l’après-dendroctone ».
La crise a été provoquée par l’apparition dans l’espace public, et à quelques jours d’intervalles, de deux documents gouvernementaux confidentiels sur les diminutions appréhendées de la possibilité forestière dans les Timber Supply Area (TSA – équivalents des Unités d’Aménagement Forestier au Québec) touchées par le dendroctone du pin ponderosa. Il était aussi question des pertes d’emplois anticipées. Mais ce qui a vraiment embarrassé le gouvernement, c’est que les documents faisaient état des mesures envisagées pour atténuer les pertes d’emplois. Et signe des tensions que ce dossier peut provoquer dans l’appareil gouvernemental, si un des documents a été mis en ligne accidentellement sur le site du Ministère des Forêts, Terres et Ressources naturelles, le second a été directement « coulé » aux médias.
Les Apaches à la rescousse des Forêts nationales américaines
En 2011, l’Arizona et le Nouveau-Mexique ont été touchés par d’importants feux de forêt. En Arizona, le Wallow Fire fut le plus important de l’histoire (connue) de cet État et a couvert à lui seul 2 200 km2 (538 000 acres). La particularité de ce feu est qu’il a brûlé presque essentiellement dans la Forêt nationale Apache-Sitgreaves et a été freiné sur son front ouest par les forêts que l’on retrouve dans deux Réserves de tribus Apaches, soit Fort-Apache et San Carlo. Pourtant, le pin ponderosa (Pinus ponderosa) était l’essence dominante tant dans la Forêt nationale que les Réserves apaches. La différence? Contrairement à la Forêt nationale, les territoires Apaches sont intensivement aménagés depuis plusieurs décennies à l’aide, en particulier, de brûlages dirigés. Cela a avivé le débat sur l’aménagement, ou plutôt le non-aménagement des Forêts nationales et a tourné les regards vers l’aménagement forestier des Apaches comme modèle, plusieurs n’hésitant pas à dire que ce sont les Apaches (et leur aménagement des forêts), qui sont venus à bout du Wallow Fire.
Le dendroctone du pin ponderosa: où s’arrêteront ses impacts?
Le dendroctone du pin ponderosa (mountain pine beetle) est un insecte indigène dans les forêts de Colombie-Britannique. Si ces forêts sont donc adaptées à la présence de cet insecte, une combinaison de facteurs (hiver doux, présence de grands massifs matures dus à la suppression des feux) lui a permis d’atteindre dans la dernière décennie des proportions épidémiques sans précédent. La plus récente estimation fait état de pertes de 726 millions de m3 de pin tordu latifolié (lodgepole pine). Pour mettre ce chiffre en perspective, au Québec la possibilité forestière des résineux pour la saison 2013-2014 est de 19,3 millions de m3. Transposées au Québec, les pertes en Colombie-Britannique équivalent donc à près de 40 ans de récolte à rendement soutenu.
Naturellement, tant le gouvernement britanno-colombien que l’industrie forestière souhaitent limiter autant que possible les pertes. C’est pourquoi dans les trois « Unités d’aménagement » (Timber Supply Areas – TSAs) les plus touchées (aux alentours de Prince George, au centre de la province), la possibilité forestière a été augmentée de 80 % afin de récolter les arbres pendant qu’ils ont encore un potentiel commercial. Vous pouvez imaginer qu’un accroissement aussi important de la récolte ne va pas sans « bousculer » le milieu forestier, tant d’un point de vue social que biologique. Et si jusqu’à présent les manchettes étaient surtout consacrées aux impacts du dendroctone, en décembre dernier le Vancouver Sun a publié un dossier en plusieurs articles sur les impacts des coupes de récupération (récolte des arbres morts ou dépérissants). Un dossier qui a fait mouche, car le ministre des Forêts, Terres et Ressources naturelles de la Colombie-Britannique s’est senti dans l’obligation d’envoyer une réponse. Petit résumé.
Aires protégées : l’approche « noir ou blanc » a-t-elle encore un sens?
Je vais vous parler aujourd’hui d’un débat qui prend à l’évidence de plus en plus d’ampleur aux États-Unis : devrait-on autoriser l’aménagement forestier dans des territoires protégés? Il s’avère que, à la (classique) considération économique s’ajoutent de plus en plus régulièrement des questions liées à la santé même de l’écosystème forestier : aménager la forêt ne serait-il pas le meilleur moyen de transmettre aux générations futures un « sain » patrimoine forestier? Aperçu de ce débat dans le cadre d’un cas presque aux portes du Québec, soit au New Jersey.
La New Jersey’s Pinelands National Reserve (aussi appelé les « Pine Barrens » – Landes de pins) occupe 4 450 km2 (1,1 million d’acres). Elle a été créée en 1978 et a été reconnue comme Réserve de la biosphère par l’UNESCO en 1983. Ce territoire forestier consiste principalement en un mélange de pins et de chênes. Ce patrimoine est toutefois menacé par un dendroctone qui, comme son « cousin » de l’ouest (dendroctone du pin ponderosa), a la fâcheuse particularité d’attaquer les pins.
« À priori ou à postériori? » Une question-clé sur la possibilité forestière sous le regard d’un chef forestier au temps des concessions
Dans le monde du calcul de la possibilité forestière, une grande question, qui revient épisodiquement, est de décider de quelle façon il faut tenir compte des perturbations naturelles. Actuellement, et depuis (au moins) la politique forestière de 1986 (Loi sur les Forêts), la stratégie est de s’ajuster à postériori. Certains chercheurs (ex. : M. Alain Leduc – UQAM) prônent plutôt une prise en compte à priori. Le monde forestier n’a toutefois pas été créé en 1986 et des aménagistes avaient déjà dans le passé réfléchi à cette question et avaient établi une politique simple. Je vais donc maintenant laisser la parole à M. Roland Royer, alors chef forestier de la Consolidated-Bathurst Limitée, qui était à cette époque le deuxième plus important concessionnaire forestier au Québec.
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De la foresterie pour les Hommes
En commençant ce web-journal, j’ai choisi de ne pas coller à l’actualité immédiate. C’est pourquoi il ne faut pas vous surprendre que je puisse revenir sur des éléments d’actualité qui ne soient pas les plus récents pourvu qu’ils s’avèrent une source de réflexion intéressante. Je vais faire référence aujourd’hui à un article publié en juillet dans un « Spécial Forêts » de la revue l’Actualité soit « Forêts : le péril russe » (note : vous allez aussi retrouver dans ce « Spécial » un article sur la Triade et une entrevue avec Richard Desjardins, ce dernier parlant en fait relativement peu de forêts à cette occasion!).
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