Chronique un peu spéciale avant une petit pause estivale alors que, plutôt que de traiter d’une actualité spécifique, je vais faire une petite réflexion sur la base de mes vingt chroniques précédentes. Ayant laissé les sujets s’imposer d’eux mêmes, le résultat fut une grande diversité dans les thèmes, unis cependant dans leur capacité à amener une réflexion sur l’aménagement forestier au Québec. Suite à ces vingt chroniques, deux constats m’ont particulièrement marqué, soit la complexité de l’aménagement des forêts publiques et le rôle essentiel mais bien souvent obscur que les forêts ont joué et jouent toujours dans le bien être des sociétés.
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Archives pour la catégorie De l’aménagement forestier (philosophie)
Les Sociétés de « Gestion » Forestière de l’Ontario
Avant les Fêtes, je me posais la question « L’Ontario : ancienne et future référence dans l’aménagement de nos forêts publiques? ». J’avais alors analysé le document de travail produit par le Ministère du Développement du Nord, des Mines et des Forêts (MDNMF) de l’Ontario en vue d’établir des Sociétés locales de gestion forestière (SLGF); des organismes autonomes qui s’occuperaient de mettre en marché le bois en remplacement de l’équivalent de leurs CAAFs (Contrat d’Approvisionnement et d’Aménagement Forestier). Suite à cette chronique, je m’étais alors concentré sur différents dossiers touchant les États-Unis et, entre temps, ce qui était un projet est devenu une Loi en voie d’adoption rapide malgré une opposition croissante. Donc, au menu aujourd’hui : petite mise-à-jour de ce dossier et discussion sur les leçons à tirer pour le Québec dans un contexte où l’idée de la création de Sociétés d’aménagement, proposées en 2008 mais rapidement enterrées, pourrait renaître.
Du rôle des forestiers dans l’aménagement des forêts publiques
Quel est le rôle des forestiers d’aujourd’hui dans l’aménagement des forêts publiques? Grande question me direz-vous! Pour essayer d’y répondre, ou à tout le moins susciter la réflexion, je vais référer à deux articles. Le premier est intitulé The myth of the omnipotent forester et fut publié en 1966 dans le Journal of Forestry sous la plume de M. Behan, alors professeur à l’Université du Montana. Le deuxième fut publié en 2006, dans la même revue, par M. Luckert (Université d’Alberta) et s’intitule Has the myth of the omnipotent forester become the reality of the impotent forester? Une autre façon de dire : « 40 ans après M. Behan, où en sont les forestiers? » Et comme le débat est d’actualité au Québec, l’Ordre des Ingénieurs Forestiers étant en pleine réflexion sur la définition de la profession, cela mérite que l’on s’arrête à l’analyse de ces deux observateurs éclairés.
Les bases de l’aménagement forestier : ou comment éviter une autre Commission d’étude
L’intérêt de base de ce blogue est d’apporter une contribution à la réflexion sur l’aménagement forestier au Québec. Mais, qu’est-ce que l’aménagement forestier? Pour avoir une réponse à cette question, je me suis tourné à nouveau vers M. Baskerville. L’article en question Understanding Forest Management (août 1986, The Forestry Chronicle : 339-347) est basé sur une question forestière « simple », à savoir : comment l’aménagement forestier pouvait-il contribuer à la production de matériel brut (raw material) de haute qualité à coût raisonnable dans les forêts canadiennes? C’est un article que je verrais très bien au curriculum d’un étudiant de premier année en aménagement forestier. Malgré sa simplicité et son âge, cet article apporte cependant des éléments de réflexion qui pourraient être très utiles aujourd’hui.
Forêt publique : sommes-nous de bons propriétaires?
Il y a les articles intéressants et il y a ceux qui sont une coche au-dessus, ceux qui deviennent un « classique » de nos références. Un gros merci à Jacques Gravel (MRNF) de me l’avoir fait découvrir.
Il s’agit de « Management of Publicly Owned Forests« , un article de M. Gordon Baskerville publié dans Forestry Chronicle en juin 1988. Un article qui pose à la fois un regard sur le passé de l’aménagement des forêts publiques au Canada et sur leur futur; un futur dans un contexte où divers gouvernements provinciaux venaient de mettre en place des politiques amenant un plus grand contrôle de l’État dans l’aménagement des forêts publiques. Cette article mériterait d’être (re)lu aujourd’hui par quiconque s’intéresse à la question de l’aménagement de nos forêts publiques. Je vais résumer au mieux.
Tout d’abord, un constat brutal : le « public », en tant que propriétaire des forêts publiques, s’est comporté en propriétaire de taudis (« slum landlords« ). Il a grandement profité des revenus de la forêt sans réinvestir dans cette dernière (l’argent servant à l’éducation, la santé, … de bonnes causes en soi!). En fait, il en arrive au chiffre ahurissant que le public a tiré un profit net de 95% de l’aménagement des forêts.
Malgré toutes les promesses, espoirs et bonnes intentions placés dans les nouvelles lois, M. Baskerville se gardait une réserve quant aux résultats de ces lois car :
1- Une loi, ce sont des mots sur du papier. Les formes qu’elle peut prendre sur le terrain vont être très diversifiées.
2- Pour prendre la pleine mesure de l’effet d’une loi sur une forêt, il faut au moins une révolution (il l’estimait à environ 80 ans).