« La Forêt à Cœur est morte… Vive La Forêt à Cœur! »
La Forêt à Cœur est en pause… métamorphose.
Depuis octobre 2010, j’ai écrit 122 chroniques en 55 mois. Avec une majorité de chroniques me prenant 20-25 heures à produire, vous pouvez avoir une mesure de l’effort soutenu qu’a demandé le blogue depuis presque 5 ans! De fait, si je me suis investi dans d’autres projets depuis l’ouverture de La Forêt à Cœur, ce fut toujours dans une logique « d’entre deux chroniques ». Après autant d’investissement en temps sur un seul projet, il est aisé de comprendre que quelqu’un puisse avoir le désir de s’engager dans d’autres aventures. Toutefois, ce n’est pas là la seule et probablement pas la principale motivation qui me pousse à prendre une petite pause.
La mission qui a motivé l’ouverture du blogue était de documenter ce qui se faisait en aménagement forestier à l’extérieur du Québec pour contribuer à l’aménagement de nos forêts ici. Or, plus tôt cette année un évènement m’a brutalement amené à la réflexion suivante: comment pouvais-je espérer remplir ma « mission » si au Québec notre culture forestière est quasi inexistante, voire menacée d’extinction? Avant d’être capable d’incorporer les expériences d’ailleurs, encore faut-il avoir localement un minimum de culture forestière!
« L’évènement » en cause: les réactions aux commentaires du maire de Saguenay concernant « les environnementalistes et les intellectuels ». Je ne reviendrai pas ici sur tous les détails de cette saga médiatique… simplement préciser qu’au-delà du « style » de ce maire, sur le fond j’ai essentiellement perçu le cri du cœur d’un magistrat face à une situation qui le dépassait. L’ampleur de la vague des réactions essentiellement négatives qui a suivi ses commentaires m’a sidéré et a suscité chez moi plusieurs questions:
- Comment une société désireuse d’être « Maître chez elle » pouvait-elle autant applaudir la privatisation de facto de ses forêts publiques par un organisme international ayant son siège social à Bonn (Allemagne)?
- Comment autant de malhonnêteté intellectuelle et de raccourcis trompeurs sur l’aménagement de nos forêts pouvaient-ils circuler aussi facilement dans les médias d’un supposé « pays forestier »?
- Comment un « pays forestier » pouvait-il collectivement avoir aussi peu de connaissances sur son histoire forestière?
… Bref, ces questions et la réflexion « brutale » qui en a résulté m’ont enlevé toute motivation pour poursuivre le blogue dans sa logique des 55 derniers mois.
Plus profondément, plus personnellement, je me suis alors retrouvé face à la grande question suivante: comment puis-je contribuer à accroître la culture forestière de mes concitoyens (et médias…), blogue ou pas? Comme première initiative j’ai eu le réflexe de me replonger dans mes documents de référence pour me lancer dans l’écriture d’un livre à saveur « histoire forestière » (j’ai établi les grandes lignes de ce projet, mais beaucoup reste encore à décider). C’est là mon premier projet en 5 ans qui ne sera pas fait « entre deux chroniques » et qui devrait bien m’occuper jusqu’à cet automne (au minimum).
Au final, quel sera le rôle de La Forêt à Cœur dans ma nouvelle « mission »? Le blogue conservera assurément une place; on ne « blogue » pas pendant presque 5 ans sans être animé par une passion pour ce média! Mais il est certain que les choses vont être différentes. À court terme, il est probable que le blogue va me donner l’occasion de publier certains résultats de mes recherches sur notre histoire forestière. Toutefois, me sentant comme au début d’une nouvelle aventure, la seule chose dont je suis sûr c’est qu’il va y avoir des surprises, que je vais explorer des chemins que je n’imagine pas encore. Pour conclure, il me semble donc approprié d’écrire: « La Forêt à Cœur est morte… Vive La Forêt à Cœur! »
Dommage, je trouvais ton blog très inspirant. Mais je suis convaincu que tu nous arrivera avec du nouveau contenu éducatif sur notre gestion des forêts. En passant, j’ai apprécié ta réplique à l’article d’Alexandre Shields dans le Devoir, sur la nouvelle SADF. Bien qu’il ait raison de déplorer l’absence de cibles concrètes, ce journaliste tombe trop souvent dans la facilité, présentant invariablement une vision écolo-cataclysmique digne des années ’60, alimentée par ses copains des diverses associations écologistes à vision monochrome. Je m’ennuie de Louis-Gilles Francoeur, c’est pas peu dire.
Au plaisir de te relire, sous une forme ou une autre.
Merci 🙂
Si je suis actuellement dans une zone grise concernant l’avenir du blogue, il n’en reste pas moins qu’un objectif de cette pause est de me ressourcer avant de continuer à diffuser du contenu « éducatif »… sous une forme ou une autre ; ) L’idée centrale ici étant que le blogue ne sera probablement plus mon seul et unique moyen de communication. Aussi, il est possible que j’écrive plus régulièrement des chroniques pour répondre à certains évènements ou textes de l’actualité québécoise.
Mon petit commentaire dans Le Devoir illustre justement le changement de philosophie qui est en train de s’opérer en moi. Il y a peu, j’aurais laissé passer… Comme si j’étais en « tourisme » à l’extérieur du Québec et que je ne souhaitais pas trop me mêler des débats quotidiens ici. Cela est en train de changer. À noter que j’ai dû couper de moitié ma réponse à l’article d’Alexandre Shields, car j’avais oublié le nombre maximum de caractères auquel j’avais droit! Il est possible qu’une des futures vocations du blogue soit de répondre pleinement à ce type d’articles. Des textes qui ne me prendront pas une semaine à écrire (ou +…) mais qui permettront de donner une autre perspective que la « vision écolo-cataclysmique » ; ) que l’on retrouve trop souvent dans les dossiers forestiers.
Alors, à bientôt fort probablement!
Bonjour Eric,
Merci pour ces multiples chroniques très intéressantes. L’aménagement des forêts est un élément central dans notre pays (la Suisse) mais son importance tend toutefois à être diminuée par les difficultés économiques actuelles. Ces diffcultés rendent en effet la planification plus complexe. Les choses changent toutefois très vite dans ce domaine et les nouvelles technologies vont peut-être permettre l’arrivée de nouveaux outils plus efficaces.
Si jamais l’aménagement forestier totalement différent de la Suisse t’intéresse, tu es le bienvenu en Suisse. Peut-être nos forêts te permettront de te ressourcer ou de trouver de nouvelles inspirations?!?
Bon vent pour ton ouvrage historique!
Valentin
Merci pour les bons mots et l’invitation! : )
Oublie la Suisse, prends une pause et recommence…on a besoin de forestiers qui réfléchissent.
Quand le ministre Lessard lui-même et sa gang de fonctionnaires manquent totalement de culture et d’honnêteté, on a besoin d’idées externes libres et honnêtes. Quand nos biolo et environnementaux ont encore rien compris du terme développement durable (qui inclut le social et l’économie), on a besoin au Québec d’éducation tout simplement.
Salut Éric
Cette petite annonce ne fut pas aisée à écrire, car si je souhaitais clairement marquer une fin, il est clair que je voulais aussi exprimer l’idée que cette « mort » annonçait une future renaissance (ce dernier point ne fut peut-être pas réussi…). Je ne sais seulement pas quand et sous quelle forme exactement. Ce que je sais cependant, c’est que cette « pause-blogue » est faite dans une logique de me préparer à m’impliquer plus directement dans les dossiers forestiers au Québec. Aussi, il est clair pour moi que si je souhaite avoir un impact quelconque, il va me falloir dépasser l’étiquette de « blogueur »; le blogue étant toutefois destiné à rester pour moi un média-clé. Alors c’est clairement plus un « au revoir » qu’un « adieu »!
Au plaisir, Daniel
Je partage vos réflexions sur l’absence de culture forestière au Québec. Il est triste de voir à quel point la population en général et les médias ont une profonde méconnaissance de l’aménagement forestier québécois qui, loin d’être parfait, se fait de façon beaucoup plus durable qu’avant. Les gens semblent vraiment n’avoir pour seule référence de la foresterie québécoise que les images (et raccourcis) de l’Erreur boréale et Greenpeace.
J’ose espérer qu’il y a de l’espoir et c’est pourquoi je saisis à l’occasion le crayon pour écrire dans les journaux ou parler à la radio. Les régions se vident, il y a de plus en plus de citadins loin des forêts, il est donc de plus en plus nécessaire de leur expliquer ce qu’il se passe dans ces forêts… sinon d’autres ne se gêneront pas pour le faire à notre place et selon leur vision «écolo-cataclysmique» pour reprendre l’expression d’André.
Au plaisir de continuer à vous lire
Merci!