Les forêts intactes : un concept à enterrer
Cela fait longtemps que je n’en ai pas parlé, mais en guise de rappel : je n’ai pas de grand plan prédéfini de sujets de chroniques. Et même à une échelle plus petite, soit celle de la chronique, il m’arrive souvent de la finir sous une forme que je n’avais pas imaginée au départ.
Mon plan de match pour les prochaines semaines était de diminuer ma pile de sujets d’actualité qui s’étaient accumulés depuis le début de l’année alors que je me concentrais sur des dossiers d’histoire forestière. Est arrivé le feu de Fort McMurray qui s’est avéré une occasion de faire une synthèse de chroniques que j’avais produites sur l’enjeu des feux de forêt aux États-Unis. Finalement, alors que j’écrivais ma conclusion en faisant ce qui se voulait un petit lien entre le concept de « forêts intactes » et des idées développées dans ma chronique, cette « conclusion » est devenue le centre d’une nouvelle chronique ! Donc, s’il est aujourd’hui question d’un concept étroitement associé au FSC (Forest Stewardship Council), ce n’était pas mon idée initiale. Mais il faut croire que ça m’inspire !
Le concept de « forêt intacte » vise à maintenir de grands massifs de forêts (500 km2 minimum) « sans interventions humaines majeures ». Pleinement appliqué dans les forêts certifiées FSC par le biais de la Résolution 65, ce concept pourrait avoir un sérieux impact sur l’approvisionnement en bois, des craintes qui seraient toutefois non justifiées selon le président de FSC Canada. Cependant, quels que puissent être ces impacts, mon constat est que ce concept présente trois gros problèmes qui justifient de l’enterrer.
Problème n° 1 : Un concept « scientifique » développé et approuvé par Greenpeace
Dans la chronique précédente, je référais à un reportage de l’émission « Enquête » (Radio-Canada) qui avait plutôt fait mal paraître Greenpeace. En particulier, le reportage donnait la parole à un chercheur (M. Claude Villeneuve) affirmant que le concept de forêts intactes promu par Greenpeace n’avait aucun fondement scientifique. Le porte-parole de Greenpeace au Québec émit un communiqué suite au reportage pour « rétablir les faits » et, en particulier, défendre la valeur scientifique du concept sur la base de deux points, soit : 1 — le concept avait été développé par le World Resources Institute dans les années 1990 et 2 — il avait été « reconnu par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture [note : FAO] ».
Le World Resources Institute, que je ne connaissais pas avant cette chronique, est un organisme de recherche non gouvernemental opérant à l’échelle internationale et visant, je résume, à contribuer à un aménagement durable des ressources naturelles, dont les forêts. Il est exact que le World Resources Institute, et plus particulièrement son initiative « géomatique » qu’est le Global Forest Watch, a collaboré étroitement au développement du concept de forêts intactes. Toutefois, il s’avère que le principal « porteur de ballon » de ce concept fut en fait… Greenpeace ! Pour s’en convaincre, quelques citations tirées du site Intact Forest Landscapes (IFL), dédié à ce concept :
The IFL Methodology was proposed by Greenpeace in 2001 as an approach for mapping and monitoring the extent of forest degradation.
et :
The following organizations contributed to the year 2000 IFL mapping and 2000–2013 map update:
Greenpeace:
Created the original IFL concept together with WRI [World Resources Institute] and lead the mapping initiative
et :
The first global IFL map was prepared in 2005–2006 under the leadership of Greenpeace (…) The global IFL map update was performed in 2014 by Greenpeace, The University of Maryland and Transparent World (…)
Donc, en pratique, lorsque le porte-parole de Greenpeace au Québec cite le World Resources Institute comme référence indépendante pour valider l’aspect scientifique du concept de forêts intactes, il passe judicieusement sous silence que c’est sa propre organisation qui devrait être en tête d’affiche ! Ce qui est somme toute « logique » considérant que cela ne fait pas trop sérieux de référer à un concept « scientifique » principalement développé… par soi même !
Quant au fait que la FAO aurait reconnu le concept, le lien du communiqué associé à cette affirmation fait référence à un rapport de 12 pages de cette organisation datant de 2009. C’est bien, mais considérant la quantité de rapports que produit la FAO, il me semble un peu présomptueux d’engager toute cette organisation internationale pour de ce concept sur la base d’un seul rapport vieux de 7 ans.
Le concept de forêts intactes est probablement très intéressant comme base de réflexion pour une organisation environnementale s’intéressant aux forêts, mais la preuve de sa valeur scientifique reste à faire. Ce qui risque cependant d’être très difficile à réaliser considérant que l’idée originale du concept a été dénaturée.
Problème n° 2 : Un concept dénaturé
Vous l’avez peut-être remarqué : dans le point précédent, j’ai parlé de l’implication de Greenpeace dans le concept de « forêts intactes » à partir des années 2000, alors que le communiqué de son porte-parole au Québec faisait référence à un concept développé dans les années 1990.
Le concept auquel faisait référence le communiqué est en fait celui de « frontier forests » (je n’ai pas trouvé de traduction satisfaisante). Et c’est bien le World Resources Institute qui en a diffusé l’idée dans les années 1990 par l’édition du livre : The Last Frontier Forests: ecosystems and economics on the edge (1997). Mais les « forêts intactes », malgré quelques idées communes, ne sont pas des « frontier forests » et Greenpeace ne devrait pas s’en réclamer… à moins de changer profondément son discours.
Fondamentalement, les « frontier forests » sont nées du constat que des millions d’hectares de forêts avaient disparu ou avaient été fragmentés, réduisant ainsi la biodiversité. La solution : protéger de très grands territoires de forêts où les perturbations naturelles seraient seules à s’exprimer ; l’influence humaine y serait presque nulle. Dans la définition de ce concept, les perturbations naturelles sont explicitement présentes (et dès le début – p. 40) : « […] with that particular forest ecosystem given periodic natural disturbance episodes […] ». Or, elles sont totalement absentes de la définition des forêts intactes ! Ce dernier concept a avant tout mis l’emphase sur l’idée d’exclusion des activités humaines ([…] showing no signs of significant human activity […]).
« Les deux faces d’une même médaille » pourriez-vous vous dire ? Non. Il s’agit de deux « médailles » bien distinctes !
Le concept de « frontier forests » implique explicitement que l’humain n’intervient d’aucune façon, pas même pour combattre les feux (p. 17). Le fondement étant de laisser la Nature retrouver, vraiment seule, son (théorique) équilibre. Dans le cas du concept des « forêts intactes », tout ce que l’on vise, c’est de ne pas récolter. La différence argumentaire, en forêt boréale, peut s’exprimer ainsi :
« Regardez, voici de grands massifs forestiers représentant un immense réservoir de biodiversité et nous voulons les protéger contre les compagnies forestières » (concept des forêts intactes)
versus :
« Regardez, voici de grands massifs forestiers représentant un immense réservoir de biodiversité et nous souhaitons les laisser brûler plutôt que de laisser les compagnies forestières récolter » (concept des « frontier forests »)
La deuxième idée est un peu plus difficile à vendre ! Mais pour se réclamer du concept de « frontier forests », c’est le message qui devrait être diffusé.
Jouons à l’avocat du Diable et estimons que ce que je viens d’écrire ne soit que de la sémantique théorique. Je vous réfère alors à la réaction officielle du Global Forest Watch, « cofondateur » du concept de forêts intactes, aux feux de Fort McMurray. L’auteure d’un billet de blogue sur ce feu, analyste pour cette organisation, s’y désole (entre autres) que le feu brûlait dans des secteurs de forêts intactes, détruisant par le fait même des habitats essentiels au caribou forestier. S’il y avait un quelconque lien philosophique entre les « frontier forests » et les forêts intactes, la réaction aurait plutôt dû être positive, car c’est là la logique des « frontier forests » : laissons la Nature agir, sans même chercher à combattre les feux.
Le fait que des groupes dits « environnementaux » puissent ne pas intégrer les perturbations naturelles dans leur réflexion sur la forêt boréale est en soi gênant. Mais ce qui est pire c’est de se réclamer d’une idée et la travestir « scientifiquement » en outil politique contre la récolte et, plus généralement, l’aménagement forestier. D’autant plus qu’il y a un point sur lequel les concepts de « frontier forests » et de « forêts intactes » sont tout à fait à l’unisson : ils représentent une insulte à l’histoire humaine et naturelle de l’Amérique du Nord.
Problème n° 3 : Un concept déconnecté de la relation historique Nature – Humains en Amérique du Nord
Fondamentalement, les concepts de forêt intacte et de « frontier forests » sont basés sur la recherche du jardin d’Éden, soit une dichotomie Nature – Humains où la première nécessite l’absence des seconds pour rester en santé. Or, historiquement, c’est tout le contraire qui s’est passé en Amérique du Nord.
Dans les premières années du blogue, je me suis beaucoup investi à documenter ce qui se faisait en aménagement forestier aux États-Unis. J’ai alors développé un intérêt pour l’aménagement forestier chez les Premières Nations qui m’a même amené à contacter un responsable du Bureau of Indian Affairs pour écrire une chronique sur l’aménagement forestier dans la réserve de Fort Apache (Arizona).
« L’étincelle », si je peux dire, s’était produite alors que j’avais documenté comment les Amérindiens de la réserve de Fort Apache avaient contribué à venir à bout du plus gros feu de l’histoire de l’Arizona (le Wallow Fire, 2 200 km2 — Fort McMurray : > 5 000 km2 en date du 20 mai). Alors que le feu semblait inarrêtable dans la Forêt nationale voisine, il stoppa presque net lorsqu’il traversa dans la réserve de Fort Apache. La raison fondamentale : cela faisait des décennies que les Apaches éclaircissaient leurs forêts pour se protéger des feux, suivant en cela une tradition ancestrale qui avait débuté bien avant le contact avec les Européens.
Dans le cas de la Forêt nationale, un siècle de combat contre les feux et une diminution draconienne de la récolte pour préserver l’habitat de la chouette tachetée du Mexique avaient créé des conditions parfaitement adaptées à un sévère feu de cime qui fut très difficile à contenir. Un feu qui brûla une partie de l’habitat « protégé » de la chouette tachetée. Aujourd’hui, renouant avec la logique ancestrale amérindienne, des programmes d’éclaircies ont été développés par l’USDA Forest Service afin de rendre l’écosystème forestier plus résilient aux feux et protéger les communautés qui vivent à proximité des forêts.
Les Apaches ne furent naturellement pas la seule nation autochtone à aménager son territoire. Lors d’un congrès de la Society of American Foresters en 2013, j’avais assisté à un Atelier sur la foresterie autochtone. Le président de l’Intertribal Timber Council s’était alors gentiment moqué des premiers naturalistes américains qui avaient décrit des forêts vierges. Ce n’était pas là un concept qui existait pour lui, car il nous a rappelé que les Premières Nations avaient occupé tout le territoire et, surtout, l’avaient aménagé avec le feu… pour entre autres s’en protéger !
Et pour donner un exemple avec un volet « québécois », dans un rapport d’exploration de 1907 en Mauricie, M. Ellwood Wilson (forestier « mythique ») recommandait d’engager les Amérindiens comme « rangers » pour qu’ils n’allument pas de feux (note : M. Wilson notait aussi qu’ils coupaient un peu de bois).
Le jardin d’Éden, il n’a jamais existé en Amérique du Nord.
Il est difficile de concevoir un concept qui se dit environnemental, mais qui est complètement déconnecté de l’histoire de l’aménagement du territoire sur lequel il s’applique. C’est pourtant le cas du concept de « forêts intactes » qui exclut littéralement l’humain de l’aménagement des forêts, une activité pourtant plusieurs fois centenaire (et probablement millénaire) en Amérique du Nord.
Conclusion
Pour conclure, il me paraît essentiel de préciser que je n’ai absolument rien contre le principe des grands massifs forestiers (au contraire). Mon parcours académique et professionnel, qui pendant très longtemps a été associé aux habitats fauniques, m’a plus que sensibilisé aux enjeux biologiques de l’aménagement forestier et je comprends très bien leur nécessité dans le grand ensemble de la biodiversité.
Toutefois, le débat actuel sur cet important enjeu de biodiversité est en voie d’être monopolisé par la Résolution 65 du FSC basée sur le concept de forêts intactes. Un concept, comme je viens de le montrer, qui a avant tout été « développé et approuvé » par Greenpeace en dénaturant une idée originale basée sur la préservation de jardins d’Éden… qui n’ont en fait jamais existé, car les humains présents en Amérique du Nord bien avant les Européens furent d’actifs aménagistes. Pour ces raisons, ce concept de « forêts intactes » mériterait d’être enterré avec la Résolution 65 qu’il a fait naître. On pourrait alors discuter de l’enjeu des grands massifs forestiers en forêt boréale sur des bases plus saines.
Bonjour,
J’ai bien apprécié votre analyse. Je m’intéresse plus particulièrement au 3e problème concernant la relation Nature-Humain en Amérique du Nord. Auriez-vous des textes d’époques à me conseiller? Ou des ouvrages sur le sujet?
Merci
Merci pour les bons mots!
Une très bonne référence de « départ » (ça en est tout un) est: « 1491: New revelations of the Americas before Columbus ».
Bonjour Éric,
Le concept de « forêt intacte » se base essentiellement sur une vision romantique de la nature qui est très répandue dans le mouvement environnemental nord-américain. Parfois, ce mouvement va jusqu’à assimiler les autochtones au « monde naturel » et aux « perturbations naturelles ». Voilà une approche paternaliste du « bon sauvage » qui se poursuit jusqu’à nos jours. Je suis toujours surpris de voir des nations autochtones s’associer à ces organismes qui entretiennent une vision folklorique et fantasmée de leur relation avec la nature…
Note que la « forêt intacte » n’est pas plus applicable au monde tropical. Les temples mayas, aujourd’hui entourés de forêts tropicales humides et denses, étaient autrefois encerclés de vastes terres agricoles… à l’apogée de cette civilisation…
De nombreux exemples sont aussi documentés dans les forêts africaines et d’Asie du Sud-Est où l’action humaine (l’aménagement des forêts tropicales pour le bénéfice des populations) s’est avérée être un facteur important de création de biodiversité au cours des siècles…
J’aime bien « (…) une vision folklorique et fantasmée de de leur relation avec la nature » 😊… Je ne crois justement pas que ce soit un mariage qui soit fait pour durer! La référence que j’ai donnée (1491: New revelations of the Americas before Columbus) au précédent commentaire est une parfaite lecture pour se départir de cette vision romantique dans les Amériques.
Merci du commentaire François!
Merci Éric pour ces recherches et cette analyse. Il importe que les points de vue et les opinions soient confrontés et que leurs sources soient divulguées. Cele aide à ramener une juste perspective dans le débat. Bravo!
Merci! 🙂
Toujours d’une grande pertinence Éric. Un must à lire ! Toutes mes félicitations (encore!) pour ton excellent travail.
Merci (encore)! 😊
Bonjour M. Alvarez,
Est-ce qu’il faut écarter un concept juste parce qu’il a été proposé par Greenpeace? S’il a été développé avec une méthodologie scientifique, à partir d’image satellites, validé par les pairs, en quoi le concept est-il mauvais?
Les paysages forestiers intacts ont une importance réelle. Vous semblez mettre dans le même panier les perturbations naturelles et d’origine anthropique. Regardez le réseau de chemin forestier après le passage des compagnies forestières*. Et l’explosion de baux de villégiature qui s’ensuit. Que faites vous des 300 000 km de chemins forestiers au Québec? Le concept des forêts intactes est important parce qu’il s’attaque à cet enjeu, à celui de la fragmentation de la forêt boréale. Pensez aussi aux réseaux linéaires en Ontario, Alberta et en Colombie-Britannique.
Le concept n’est pas à enterrer puisqu’il s’attaque à une problématique réelle et constitue l’une des meilleures réponses à ce jour. D’ailleurs, la motion 65 n’est pas une cloche de verre sur les paysages forestiers intacts, elle vise à en protéger les noyaux (et la protection peut prendre diverses formes).
Salutations,
* à lire sur le sujet : http://www.operationsforestieres.ca/recolte/voirie/chemins-forestiers-les-grands-oublies-de-la-reforme-1465
Bonjour et désolé du retard pour la réponse.
Concernant le premier point de vos interrogations, comme ma réponse reprendrait les éléments de ma chronique, je ne peux que vous inviter à la relire avec un autre regard.
Concernant les chemins forestiers, ils étaient la vedette de mes premières versions de conclusion. J’ai finalement choisi de ne pas en parler, car c’était un thème « trop fort » pour conclure une chronique (1 chronique = 1 thème). Mais en faisant une petite recherche sur le blogue, vous pourrez noter que ce n’est pas un sujet qui m’est inconnu. De plus, comme je le précisais, j’ai un bagage académique (foresterie + biologie) qui m’a très bien initié à l’enjeu de la fragmentation et des chemins forestiers. En bref : parlons des enjeux réels et non pas de concepts inventés.
Bien cordialement,
Eric Alvarez
La fragmentation par les chemins forestiers me semble un autre concept aussi vide qu’il est de bonne foi. Quelle bibitte ou animal ne traverse pas un chemin forestier?
Pour l’instant, le « problème » que je perçois est que l’on ne voit les chemins forestiers que dans leur dimension « accès au territoire ». Il y a des avantages (lutte plus facile contre les feux de forêt…) et des inconvénients (braconnage…) aux chemins forestiers. Ils devraient être intégrés dans notre réflexion « écosystémique ». Je ne perçois pas que ce soit aujourd’hui le cas.
Une grande réflexion serait ici de mise. J’imagine très bien une « politique des chemins forestiers » qui pourrait limiter (par exemple) leur nombre de km/km2 dans certains territoires. Cela ne « bloquerait » pas des territoires comme souhaitent le faire les tenants du faux concept scientifique de « forêts intactes », mais obligerait par exemple à enlever un kilomètre de chemin pour un kilomètre construit.
Merci du commentaire 🙂
Bonjour Eric,
C’est extrêmement intéressant de vous lire ! Merci pour votre travail!
Pour revenir sur un commentaire un peu plus haut:
»Je suis toujours surpris de voir des nations autochtones s’associer à ces organismes qui entretiennent une vision folklorique et fantasmée de leur relation avec la nature… »
Je pense que l’alliance des nations autochtones avec ces organismes restent tout de même très importante, car malgré les erreurs que ces organismes peuvent faire, ils permettent à des nations autochtones de faire entendre leur droit. Car on s’entend que sans union, (meme avec d’ailleurs) les nations autochtones n’ont pas grand poids dans la balance. Mais c’est un autre sujet…
Merci pour vos articles.
Merci pour les bons mots et votre commentaire! 🙂