En commençant ce web-journal, j’ai choisi de ne pas coller à l’actualité immédiate. C’est pourquoi il ne faut pas vous surprendre que je puisse revenir sur des éléments d’actualité qui ne soient pas les plus récents pourvu qu’ils s’avèrent une source de réflexion intéressante. Je vais faire référence aujourd’hui à un article publié en juillet dans un « Spécial Forêts » de la revue l’Actualité soit « Forêts : le péril russe » (note : vous allez aussi retrouver dans ce « Spécial » un article sur la Triade et une entrevue avec Richard Desjardins, ce dernier parlant en fait relativement peu de forêts à cette occasion!).
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Eric Alvarez
Sondage sur le caribou et Greenpeace : ou l’art de la lecture sélective
La semaine dernière Greenpeace relayait les résultats d’un sondage Léger Marketing commandé par le Grand Conseil des Cris sur la perception et les points de vue de la population québécoise concernant le caribou forestier. Intitulée « Menaces sur le caribou : Québécois et Cris pour un moratoire sur la coupe forestière », l’annonce laisse entendre que les choses sont très claires dans l’esprit de la population québécoise et qu’il y a unanimité sur les solutions.
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Chouette tachetée : un Plan pour rien?
Plus tôt cette année, je vous avais présenté la problématique de la sauvegarde de la chouette tachetée (Strix occidentalis caurina). Malgré son statut d’espèce menacée depuis 1990 et une diminution drastique de la récolte dans les forêts nationales, sa situation ne s’était pas améliorée. Globalement, on parlait même d’une diminution annuelle de près de 4 % de la population.
Quatre principales causes de ce déclin ont été recensées. Tout d’abord, la perte historique de son habitat (60 % — 88 % entre 1800 et 1990), la présence (même si réduite) de récolte, les feux et, peut-être la variable la plus critique, la compétition avec une autre chouette : la chouette rayée (barred owl, Strix varia). Un Plan final pour la sauvegarde de la chouette tachetée a été déposé le 30 juin dernier. Un Plan dont plusieurs doutent de l’efficacité, mais surtout, après 20 ans de quasi moratoire dans la récolte forestière dans les forêts nationales, pose plusieurs questions sur les efforts qui devraient être consentis pour sauver cette chouette.
FORESTIA : la culture forestière par le jeu
Vous devez déjà avoir entendu parlé de FORESTIA, le jeu où on est amené à aménager une forêt virtuelle. Mon intérêt ici est de vous faire part de mon appréciation personnelle du jeu.
Signalons tout d’abord que ce jeu s’adresse à des jeunes de la fin du primaire et début secondaire. Cela n’empêche toutefois pas d’avoir du plaisir!
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Budget en crise, forêts publiques à louer!
Même si vous n’êtes pas de ceux qui suivent la politique américaine avec attention, vous avez certainement entendu parler des récents débats « musclés » au Congrès des États-Unis concernant leur budget. Ils en sont venus à un accord sur la base de couper 917 milliards sur 10 ans dont 21 milliards dans le budget 2012. Si on entend rarement parler des conséquences terrain de ces décisions, en voici une qui touche directement les forêts cantonales (county forests) de l’Oregon.
Les forêts cantonales de l’Oregon, situées principalement dans l’ouest de cet État, occupent 9000 km2 (2,2 millions d’acres) et sont dispersées dans dix-huit cantons. De juridiction fédérale, elles sont aménagées par le Bureau of Land Management (BLM), une agence gouvernementale sous la direction du Département de l’Intérieur. La mission du BLM est de maintenir la santé, la productivité et la diversité des terres publiques des États-Unis pour l’usage et la jouissance (enjoyment) des générations présentes et futures. En pratique, il a sous sa responsabilité plus de 1 million de km2 (245 millions d’acres) en surface, mais aussi 3 millions de km2 (700 millions d’acres) en sous-sol (ressources minières).
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L’imaginaire au service de l’État?
…Ou comment le « flou » pourrait contribuer à faciliter le projet de décentralisation des pouvoirs en aménagement forestier. C’est une intéressante réflexion que vous pouvez retrouver dans le numéro de septembre du journal Le Monde forestier sous la plume de M. Martin Hébert (professeur d’anthropologie, Université Laval).
Des objectifs précis, des règlements à l’avenant et autres encadrements administratifs ne seraient pas la meilleure approche pour assurer une décentralisation harmonieuse. En fait, cela aurait l’effet inverse. Il faudrait plutôt miser sur les rapports informels entre les acteurs du monde forestier afin de développer un imaginaire de travail commun. Un peu flou? Un exemple pour vous aider à comprendre l’idée:
L’aménagement forestier au Pays des paradigmes
Les articles qui amènent notre réflexion beaucoup plus loin que leur objectif de base sont certainement parmi mes préférés. C’est le cas de celui de M. Andrew Park dans le numéro de mai/juin 2011 de Forestry Chonicle.
Sous le titre Beware paradigm creep and buzzword mutation, il nous détaille la voie de perdition dans laquelle ont tendance à s’engager les paradigmes, particulièrement ceux du développement durable et de résilience. Cette vision des choses qu’il a établi en modèle (paradigm creep and buzzword mutation -PCBM), repose sur l’idée-maîtresse que les paradigmes ont tendance à connaître des mutations dans leurs définitions au point de vouloir tout dire et n’importe quoi en même temps. Le paradigme va alors devenir Le mot à la mode (buzzword) utilisé par tous et chacun et même par des groupes avec des intérêts totalement opposés aux enjeux à la base du développement du paradigme. C’est cette mécanique qui a, à ses yeux, amené le concept de développement durable à perdre tout intérêt (useless) comme philosophie de développement.
La Loi sur les ingénieurs forestiers et le sens des mots
Aux États-Unis, les recours légaux contre les politiques forestières ou projets de coupes sont monnaie courante. Il ne serait d’ailleurs pas surprenant d’apprendre que certains forestiers aient pu passer plus de temps en cour qu’en forêt durant leur carrière. Le Québec est beaucoup moins familier avec cette dynamique et, comme a pu s’en rendre compte récemment l’Ordre des Ingénieurs Forestiers du Québec (OIFQ), face à un juge le sens des mots n’a pas toujours la portée ou signification attendue.
Pour mieux mesurer la portée du dossier qui est présenté ici, il faut comprendre qu’au Québec l’aménagement forestier implique de faire appel aux ingénieurs forestiers à une étape ou une autre. Leur rôle est incontournable car il est défini dans la Loi sur les ingénieurs forestiers et leur profession est sous la supervision de l’OIFQ, lui-même agissant selon les règles définies par le Code des professions. Un individu posant un geste professionnel associé aux ingénieurs forestiers sans en être un s’expose à une amende minimale de 1500$ (article 188, Codes des professions). Bref, c’est du sérieux. Mais jusqu’où va le champ de pratique protégé des ingénieurs forestiers?