À propos du principal enjeu lié aux forêts à l’échelle planétaire (rappel)

Changements nets des superficies agricoles et forestières par pays entre 2000-2010. Figure adaptée de « Forêts et Agriculture : défis et possibilités concernant l’utilisation des terres » (FAO 2016, pages 18-19) — Déforestation : « conversion de terres boisées à d’autres utilisations ou réduction permanente du couvert forestier, celui-ci tombant au-dessous du seuil minimal de 10 pour cent » (FAO 2012).
Parfois une image vaut mille mots… et celle-ci résume la chronique d’aujourd’hui !
Je dois avouer que j’avais commencé à écrire un compte-rendu en bonne et due forme du rapport de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) d’où est tirée la Figure ci-haut avant de constater qu’elle méritait d’avoir toute la place, car elle en représente l’essence. De fait, ce rapport détaille comment l’agriculture reste, encore aujourd’hui (l’histoire est millénaire), la principale cause de la déforestation tout en présentant des pistes de solutions concrètes. Ces dernières sont basées sur sept études de cas de pays (Chili, Costa Rica…) qui ont réussi à améliorer leur sécurité alimentaire tout en préservant ou en augmentant leur superficie forestière. Neuf grandes leçons sont détaillées.
C’est un rapport, vous pouvez vous en douter, qui a demandé beaucoup de travail de recherche (la méthodologie est présentée en annexe) et que je recommande fortement à quiconque souhaite se « faire une tête » sur le sujet. Toutefois, et malgré les nombreuses Figures, Tableaux et Encadrés qui en agrémentent la lecture, cela reste un document quelque peu « aride ». C’est là de fait une autre raison pour avoir laissé de côté l’idée d’un compte-rendu formel du rapport, car il aurait nécessairement fait écho à son côté technique et, la dernière chose que l’on veut lorsque l’on écrit un blogue, c’est endormir le lecteur 🙂
Mais plus encore, la Figure ci-haut m’a ramené à certaines de mes toutes premières chroniques en 2010 (déjà !) et me donne l’occasion de rappeler un message que j’avais alors exprimé et qui se résume ainsi : à l’échelle planétaire, nos enjeux de biodiversité sont un luxe que plusieurs aimeraient se payer.
Ce constat faisait suite à une série de comptes-rendus d’un numéro spécial de la revue The Economist concernant les enjeux forestiers à l’échelle de la planète où la déforestation était en premier plan pendant que les problèmes en forêt boréale apparaissaient comme peu de chose. Le point-clé dont il faut prendre conscience ici est que, lorsqu’il n’y a plus de forêts, non seulement on perd les services environnementaux qu’elles nous fournissent (régulation hydrique, conservation des sols, piégeage du CO2…), mais également toute leur biodiversité. D’autant plus que, comme il est explicité dans le rapport de la FAO, les forêts que nous perdons aujourd’hui sont très souvent remplacées par des monocultures agricoles (huile de palme, bétail…).
Or, dans nos latitudes, où il y a peu ou pas de déforestation, les débats liés à la biodiversité dans l’aménagement de nos forêts (ex : caribou forestier) font non seulement dans l’enflure verbale, mais se transforment aussi en guerre commerciale alors qu’un groupe environnemental (Greenpeace) cherche à faire perdre des clients à une entreprise forestière (Produits Forestiers Résolu) au nom de notre biodiversité. Dans une mise en contexte planétaire où la déforestation est un enjeu de premier plan, nos débats sur les meilleures façons de préserver notre biodiversité devraient se dérouler de façon beaucoup plus sereine.