Commentaire

Les forêts de la Nouvelle-Angleterre ou le mythe du Jardin d’Eden — 3 commentaires

  1. J’ai vécu en Nouvelle-Angleterre, et je reviens d’ailleurs du Connecticut. Je partage totalement ton point de vue, tant sur les origines de cette forêt omniprésente, et très belle, que sur la place de l’aménagement forestier dans une vision conservatoire.
    Vincent

  2. La notion d’aire protégée est comprise et appliquée de différentes manières dans le monde. Par exemple, la tradition nord-américaine (wilderness act) se traduit par l’interdiction des activités de prélèvement des ressources naturelles, avec quelques exceptions. Celle de l’Europe conçoit davantage l’aire protégée comme un milieu de vie pour les communautés humaines en équilibre avec leur environnement, bien que plusieurs « réserves intégrales » de petites superficies parsèment ces territoires. La foresterie et l’agriculture sont omniprésentes dans une grande partie des aires protégées d’Europe. Cette approche d’intégration des milieux de vie dans les aires protégées est aussi utilisée dans plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique Centrale et du Sud ainsi qu’en Asie.

    L’approche québécoise s’inspire d’abord de la tradition nord-américaine. Un certain pourcentage représentatif de la biodiversité du territoire est réservé à des fins de préservation. Comment rien n’est statique dans les forêts, elles continueront à évoluer en fonction d’un régime de perturbation plus naturel. Le Québec expérimente également la possibilité d’utiliser la « tradition européenne » dans le réseau d’aires protégées, afin d’assurer son efficacité par la restauration ou le maintien d’un haut niveau de naturalité des écosystèmes tout en pratiquant l’utilisation durable des ressources naturelles.

    Tout un défi dans le contexte nord-américain où la polarisation des opinions entre tenants de la « préservation stricte » et ceux de l’« exploitation maximale » est entretenue. Ces derniers deviennent souvent des alliés objectifs dans le débat sur le développement durable du territoire.

    Chacun réclame sa portion de territoire ou son «terrain de jeu» pour y faire régner ses valeurs propres (X % pour la production ou X % pour la préservation intensives). Entre les deux, point de salut. Comme si l’équilibre entre l’homme et les écosystèmes forestiers était impossible sur un même territoire. Comme si production de biens et services et protection de la nature ne pouvaient pas cohabiter. Rien de plus faux, l’écosystème forestier est intrinsèquement multifonctionnel.