Le 2e Séminaire sur le calcul des possibilités forestières de A à Z
Pour aujourd’hui, un compte-rendu un peu particulier concernant le 2e Séminaire sur le calcul des possibilités forestières qui s’est tenu au Manoir du Lac Delage les 3 et 4 décembre derniers. Un Séminaire organisé sous l’égide conjointe de l’OIFQ (Ordre des ingénieurs forestiers du Québec) et du BFEC (Bureau du Forestier en chef) qui a réuni 80 personnes. À souligner qu’une centaine de personnes supplémentaires ont pu suivre les présentations à distance.
Compte-rendu « particulier », car ce Séminaire fut presque un résumé du Manuel de détermination des possibilités forestières 2013-2018. Plutôt que de vous re-résumer des éléments bien souvent techniques, il m’est rapidement apparu plus logique de vous diriger directement vers le Manuel si vous souhaitez comprendre comment on fait le calcul des possibilités forestières au Québec. Je vous rassure: ce document se lit très bien! Il y avait cependant plusieurs autres « petites choses » qui méritaient d’être discutées, mais entrevoyant une certaine difficulté à faire « un tout » agréable à lire avec des éléments très épars, j’ai choisi une nouvelle formule pour vous les présenter. Donc, pour aujourd’hui, voici l’abécédaire du 2e Séminaire sur le calcul des possibilités forestières.
Amnésie
Constante forestière au Québec.
« Quand je vois un plan d’aménagement [au Québec], j’ai toujours l’impression que c’est le premier plan d’aménagement qui a été fait sur le territoire. Qu’il n’y avait pas dans le passé d’objectifs d’aménagement. » — M. Marc Plante (directeur du développement stratégique et de l’administration au BFEC)
[voir aussi -> Histoire, Suivis]
Bergeron, François
Consultant qui s’est invité à presque toutes les périodes de questions. Souvent très critique, il a particulièrement accroché sur le nombre de variables prises en compte dans le calcul des possibilités forestières. [voir aussi -> Lapidaires, Questions, Variables]
Coulombe, le Rapport
Toujours bien vivant après 10 ans, le Rapport Coulombe fut régulièrement cité au cours du Séminaire pour faire des ponts entre les critiques du passé et ce qui se fait (en mieux) aujourd’hui.
Données
Le BFEC rend disponible de très nombreuses données issues du calcul des possibilités forestières qui vont de simples fichiers Excel à des modèles complets (payants) permettant, avec Woodstock et un « optimiseur », de refaire des calculs de possibilités forestières. Une transparence très bien accueillie. [voir aussi -> Optimiseur, Woodstock]
Échecs, le jeu
De l’analogie qu’il était possible de faire avec ce jeu et plus particulièrement avec les logiciels d’échecs qui, malgré des années de développement dans un contexte très compétitif, sont encore incapables « d’optimiser » une solution pour faire gagner (faire « mat ») le premier joueur à chaque partie (donne un avantage). D’un côté les échecs: un espace de « modélisation » de 64 cases et 32 pièces mues par des règles de déplacements simples; de l’autre l’écosystème forestier québécois: des millions d’hectares d’interactions complexes entre une multitude de variables et pas toutes pleinement comprises. Au cours du Séminaire, on nous a assuré que l’on avait trouvé l’équivalent de faire « mat » à chaque calcul des possibilités forestières. [voir aussi -> Histoire, Modélisation, Variables, Utopie]
Facile
Caractéristique mise en évidence du processus de modélisation entourant le calcul des possibilités forestières. C’est tout à fait exact, les grandes lignes du processus de modélisation sont relativement simples et faciles à comprendre. [voir aussi -> Modélisation, Rassurer]
Girard, Jean
Directeur du calcul des possibilités forestières au BFEC. Il fut omniprésent (presque omnipotent) durant les deux jours du Séminaire. En plus de lui-même présenter deux fois, il a souvent répondu aux questions à la place des présentateurs et il fut le représentant du BFEC sur le panel du jeudi après-midi au cours duquel trois questions furent débattues entre neuf personnes (dont l’auteur de ces lignes). Au Québec, le calcul des possibilités forestières, c’est lui.
Histoire
C’est un grand constat de ce Séminaire: si au Québec on ne connaît pas l’histoire de l’aménagement de nos forêts, on est cependant certain de leur futur. [voir aussi -> Amnésie, Modélisation, Suivis, Utopie]
Impacts
Un des thèmes les plus récurrents de ce Séminaire où l’on nous a souvent présenté la quantification des impacts de différentes variables prises en compte dans le calcul des possibilités forestières. Cela fit dire à M. Paul St-Laurent, Directeur régional du MFFP dans la région du Bas St-Laurent, que de sa compréhension, sans la prise en compte de ces très nombreuses variables le rendement des forêts publiques québécoises ne serait pas vraiment plus bas qu’à bien des endroits qui servent de référence aujourd’hui (exemple donné: Irving au Nouveau-Brunswick).
Jeu
Comme dans Avoir l’impression de regarder des gens jouer à un jeu de simulation. [voir aussi -> Échecs, Optimiseur, Utopie]
K.O.
Ce qu’il n’y a pas eu lors du panel de neuf personnes qui devaient débattre, entre eux et avec le public, de trois questions sur le calcul des possibilités forestières dont le futur concept de rendement durable. La formule (3 min/panéliste/question), le nombre de panélistes et les interactions avec la salle rendaient la chose cependant peu probable.
Lapidaires
Ton de quelques questions et commentaires. [voir aussi -> Bergeron, Paradis et Questions]
Modélisation
Le calcul des possibilités forestières consiste essentiellement à modéliser, à long terme et à grande échelle, l’évolution de la forêt soumise à des activités d’aménagement forestier. (Manuel de détermination des possibilités forestières — p.5)
Quand un moyen devient un objectif. [voir aussi -> Échecs, Jeu, Histoire et Utopie]
Noire, la boîte
Ce que le BFEC a souhaité, explicitement, que nous nous enlevions de la tête concernant le calcul des possibilités forestières. Ce fut partiellement réussi alors qu’un intervenant lors du panel a fait référence à la « boîte verte ».
Optimiseur, l’
Ou « solveur ». Néologismes. Il s’agit de Mosek, un logiciel développé au Danemark. C’est lui qui trouve la solution optimale à partir des données que lui fournit Woodstock. Sans « optimiseur » nous ne pourrions calculer les possibilités forestières. Si cela était possible, l’appréciation des gens du BFEC envers les performances de « l’optimiseur » ferait de Mosek un candidat naturel au titre d’ingénieur forestier de l’année. [voir aussi -> Échecs, Jeu, Utopie, Woodstock et la conclusion du compte-rendu d’un Atelier dédié au rendement durable]
Paradis, Greg
Du consortium For@c. Très présent dans les questions et certainement un des seuls à l’extérieur du BFEC à être au même niveau que les « modéliseurs » de cet organisme gouvernemental. Le seul aussi à avoir percé quelques petits trous dans l’armure du BFEC. [voir aussi -> Lapidaires, Questions]
Questions
Très nombreuses et souvent très pointues. S’il y a eu de très bonnes questions, il y a aussi eu de très bonnes réponses. [voir aussi -> Bergeron, Girard, Lapidaires, Paradis]
Rassurer
Sentiment général qu’il était visé de nous transmettre dans ce Séminaire. Pour cela, il a été souligné à quelques reprises à quel point Woodstock, le logiciel au cœur du calcul des possibilités forestières, était utilisé par de très nombreux clients de par le monde. [voir aussi -> Facile, Woodstock]
Suivis
Ou « le manque de… » dans la foresterie québécoise.
« Est-ce que l’on a atteint les objectifs que l’on avait mis en place dans les plans antérieurs? C’est un volet qui fait incroyablement défaut dans les plans d’aménagement [au Québec]. Il n’y a pas de démonstration que les objectifs qui étaient poursuivis dans les plans antérieurs ont été atteints. » — M. Marc Plante (directeur du développement stratégique et de l’administration au BFEC)
[voir aussi -> Amnésie, Histoire]
Têtu, Paule
Citée à quelques reprises par M. Jean Girard qui regrettait son absence, ce fut certainement la non-participante la plus en vue durant les deux jours du Séminaire. Considérant toutefois que son rapport de Chantier qui a été rendu public le 16 octobre dernier contenait un passage très critique envers le BFEC (chronique), les regrets exprimés par M. Girard n’étaient probablement pas dans le sens de lui donner une chaleureuse accolade. [voir aussi -> Girard et Y]
Utopie
Définitions officielles (Larousse). 1. Société idéale mais imaginaire, telle que la conçoit et la décrit un auteur donné. 2. Projet dont la réalisation est impossible; chimère. [voir aussi -> Modélisation, Optimiseur]
Variables
Le nombre de « variables de décision » et de « contraintes » qui peuvent être prises en compte dans la modélisation d’une Unité d’aménagement forestier (UAF) se compte par millions. Pour mettre en perspective, ce ne sont pas toutes des variables complètement différentes dans la mesure où une variable donnée, dans deux zonages différents de la même UAF, est interprétée comme étant égale à deux variables. Cela fait quand même beaucoup. [voir aussi -> Bergeron, Modélisation, Optimiseur, Utopie]
Woodstock
Logiciel développé au Nouveau-Brunswick remplaçant le mal-aimé Sylva pour le calcul des possibilités forestières. Woodstock ne travaille pas seul et a en particulier besoin de Mosek, son collègue « optimiseur » qui lui fournit la solution optimale à ses questionnements. Woodstock est utilisé par environ 200 clients dans le monde ainsi que dans toutes les juridictions canadiennes qui font de l’aménagement forestier à une échelle comparable à celle du Québec. [voir aussi -> Optimiseur, Rassurer et la conclusion du compte-rendu d’un Atelier dédié au rendement durable]
X, pour variables
Il y en a beaucoup dans le calcul des possibilités forestières. [voir aussi -> Variables]
Y, le chromosome
Le chromosome « mâle ». Le monde de la foresterie en général et celui du calcul des possibilités forestières en particulier est nettement un monde de « gars ». Seules deux femmes ont présenté au cours de la journée et demie de conférences et le panel du jeudi après-midi était composé de neuf hommes et était encadré par deux autres hommes.
Zzzzzzz
Quoique toutes les présentations furent très bonnes et très professionnelles dans la forme, elles furent souvent très techniques dans le fond…
[mise à jour le 5 janvier 2015]
Bref, plus ça change, plus c’est pareil! Outre la volonté de rassurer les participants, est-ce que les organisateurs du séminaire on prit la peine de souligner des recommandations à mettre en place pour compenser les lacunes du modèle?
Quoiqu’en réponse à des questions il a été reconnu que certains points pouvaient être améliorés (souvent au prix d’un ajout à la complexité du tout), il n’y a pas eu de recommandations comme-telles. Ce n’était cependant pas le type de Séminaire dans lequel on s’attendait à avoir des recommandations je dois dire.
C’est un très bon résumé du Séminaire. J’ai eu l’occasion de luncher le premier jour avec un consultant de l’industrie qui est lui aussi très critique à l’égard de la fiabilité du système de calculs de possibilité. Et bon nombre de ses remarques ont été reprises par MM. Bergeron et Paradis. Essentiellement, on reproche aux gens du BFEC de s’appuyer aveuglément sur l’expertise de leur fournisseur et de son système de modélisation.
Par ailleurs, l’ensemble de l’exercice était excessivement technique et pointue, particulièrement la première journée. Chaque conférence visait à expliquer l’impact de tel facteur sur le calcul, en général pour réduire la possibilité. Marc Plante a permis de rendre l’exercice un peu plus complet le deuxième jour. Et la plénière à neuf a été distrayante, faute d’être instructive.
Merci : )… bon résumé de votre part aussi!