Commentaire

Forêt publique : sommes-nous de bons propriétaires? — 4 commentaires

  1. C’est très bon Éric. Merci à Jacques également. La surchauffe, je la sens, je la cotoie. Mes collègues ingénieurs passent des heures à planifier, écrire des principes et ont presque complètement délaissés leur champ de pratique qui est de prescrire.

  2. C’est toujours rafraichissant de relire Baskerville, entre autres son article sur le rendement soutenu… de quoi ? volume, qualité, habitat…
    Ce qui est troublant et vrai dans cette article, tout le monde travaille sur les PAFI alors que les stratégies d’aménagement n’ont pas été conçue. Marc Ledoux et Jean Paquet seraient très déçus, ils voulaient que les ing.f. ferment leurs ordinateurs et prennent le temps de concevoir.

  3. L’analyse de Baskerville était lucide, et la référence à la Tragedy of the commons, pertinente. Il a été un des grands forestiers universitaires du Canada.
    Je ne suis pas si certain, cependant, que le rôle frustrant du forestier des dernières décennies, coincé entre l’industrie et l’État, sans véritable pouvoir pour implanter une meilleure foresterie, que décrivait Baskerville en 1988, ne changera pas avec la pleine mise en vigueur de la Loi, à partir de 2013.
    Éric, tu écris que « Pour ce qui est des risques de surchauffe administrative, avec la reprise en main de la planification par le gouvernement et l’implication des CRÉ, CRNTT et Tables GIR, ce n’est sûrement pas un aspect qui va s’améliorer! »
    Et pourquoi donc ? Je soupçonne une certaine défiance vis-à-vis des fonctionnaires, défiance largement et injustement entretenue par le monde industriel, et étonnamment, par certains entrepreneurs de services de chasse et pêche. Je partage assez peu ce point de vue. Il fallait que l’État reprenne en main la gestion de nos forêts, justement pour éviter que cette tragédie des communs se poursuive.
    Cependant, nous sommes plusieurs à penser que le grand changement raté du nouveau régime forestier est celui de l’abandon de l’idée de confier l’aménagement forestier aux Sociétés forestières régionales que proposait le ministre Béchard. Si le gouvernement avait eu le courage d’aller jusqu’au bout de cette proposition, on aurait pu développer une véritable expertise régionale en aménagement des forêts en regroupant dans chacune des grandes régions administratives tous les praticiens, toutes les expertises de planification et d’intervention sylvicole, qu’elles viennent du ministère, des grandes industries de la transformation et des bureaux de consultants spécialisés.
    Enfin, un grand pas a quand même été fait en reprenant la maîtrise des forêts du domaine de l’État, mais l’histoire nous dira si c’était suffisant. Et comme Baskerville le pensait, il faudra peut-être une révolution forestière « Pour prendre la pleine mesure d’une loi ». Donnera-t-on ce temps à cette nouvelle loi, ou encore mieux, se permettra-t-on de l’améliorer avant de la juger ?
    Vincent Gerardin
    Silva libera

  4. De méfiance envers les fonctionnaires, je n’en ai aucune. En fait, je n’en ai pour personne. Que ce soit dans l’industrie ou le gouvernement, j’ai toujours côtoyé d’honnêtes personnes qui faisaient leur travail du mieux possible. Si je dois parler de « méfiance », c’est plus envers des structures administratives. Les grosses structures administratives finissent par avoir une vie propre et créent leurs propres besoins.
    Un élément que j’ai retenu de mon bac et qui est au cœur de ma vision, est que l’aménagement d’une forêt doit relever à la fois de l’art et de la science. Dans une grosse structure administrative, l’art n’a pas de place. La gouvernement, le MRNF, est une très grosse structure administrative. En plus, dans le contexte où plus personne ne semble avoir de crédibilité pour aménager les forêts, et surtout pas les forestiers, on se retrouve dans une logique où la réflexion d’aménagement, la réflexion sylvicole, sont étroitement encadrées par des règlements vis-à-vis lesquels il faut rendre des comptes.
    Je suis d’accord avec le principe des Sociétés d’aménagement. C’est d’ailleurs ce que j’avais proposé en Commission parlementaire. Mais le nom importe peu. Ce qui compte pour moi, ce sont des structures où les professionnels de la forêt (ing.f. et techniciens) auraient une latitude pour réfléchir, intervenir, s’investir à long terme dans l’aménagement d’une forêt. S’investir de cœur, pas en fonction d’une obligation légale… Et on ne s’en va pas du tout dans cette direction!