Commentaire

Foresterie québécoise : nous sommes toujours en 1999 — 4 commentaires

  1. Merci Éric. Tu as bien fait de mettre en évidence qu’on peut difficilement ‘’forcer’’ une récolte accrue, même si le volume est théoriquement disponible. La raison en est fort simple, et malheureusement, personne n’a fait ressortir ce point évident: la majeure partie du volume disponible (non récolté les 10 dernières années, et même plus loin dans le temps) est composée de bois pour lequel il n’y a pas de marché suffisant (trituration feuillue). À moins de rapidement construire des usines pour ces bois et de trouver des marchés (Fortress vient de fermer…), de migrer vers les biocarburants, il est fort possible que ce soit un voeux pieux en effet.

    Autre élément concernant le bilan carbone supposément négatif de la forêt (2e figure), je me demandais si la captation de base (sans aménagement) est considérée dans tes données. Si c’est le cas, cela voudrait dire que le carbone atmosphérique diminuerait si on éliminait les forêts. Donc, il me semble qu’il manque une donnée dans ce graphique, soit combien la forêt capte de carbone annuellement sans l’intervention de l’homme et avant les perturbations naturelles.

    • Bonjour François, et merci du commentaire et des précisions !

      Concernant les volumes disponibles, j’ajouterai que suite à la crise de 2008, le manque de marché a assurément touché tous les produits disponibles.

      Concernant la question sur le carbone, je peux seulement répondre que les calculs sont établis selon les règles de comptabilité internationale pour le carbone. Le Canada est tenu de produire annuellement ce type de compilation à titre de signataire de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques. Je m’en suis ici tenu au « message » de Ressources naturelles Canada, soit : à l’échelle canadienne, et ce pour les 15 dernières années, les forêts ont été une source et non un puits de carbone.

  2. Merci beaucoup Éric pour cette chronique et merci Francois pour ton commentaire! Le sujet du carbone en forêt manque terriblement de fondements scientifiques dans les médias… Question de valeurs, probablement, comme tu l’expliques si bien Éric! En attendant, voici une «petite bible» sur le cycle du carbone en forêt, parue en novembre 2019: https://masswoods.org/sites/masswoods.org/files/Forest-Carbon-web_1.pdf . On y synthétise le sujet de façon admirable. Et voici une vaste étude sur le sujet qui couvre le nord-est américain: https://phys.org/news/2019-06-older-forests-resist-changeclimate.html . On a également d’incroyables scientifiques au QC qui travaillent sur le sujet et dont les publications se bousculeront dans les mois à venir. Ce qu’il faut retenir, selon mon humble avis, c’est qu’il faille viser un équilibre. Protéger maintenant nos stocks de carbone forestier (contre les perturbations naturelles, contre les changements de vocation, et contre le rajeunissement, tout cela est notre moyen le plus direct d’ici 2030 pour agir contre le réchauffement) et parallèlement, il faut développer des stratégies d’aménagement forestier qui contribueront à générer des produits du bois à long cycle de vie. L’un et l’autre ne doivent pas être en opposition, et ne sont pas en contradiction.