En 2011, l’Arizona et le Nouveau-Mexique ont été touchés par d’importants feux de forêt. En Arizona, le Wallow Fire fut le plus important de l’histoire (connue) de cet État et a couvert à lui seul 2 200 km2 (538 000 acres). La particularité de ce feu est qu’il a brûlé presque essentiellement dans la Forêt nationale Apache-Sitgreaves et a été freiné sur son front ouest par les forêts que l’on retrouve dans deux Réserves de tribus Apaches, soit Fort-Apache et San Carlo. Pourtant, le pin ponderosa (Pinus ponderosa) était l’essence dominante tant dans la Forêt nationale que les Réserves apaches. La différence? Contrairement à la Forêt nationale, les territoires Apaches sont intensivement aménagés depuis plusieurs décennies à l’aide, en particulier, de brûlages dirigés. Cela a avivé le débat sur l’aménagement, ou plutôt le non-aménagement des Forêts nationales et a tourné les regards vers l’aménagement forestier des Apaches comme modèle, plusieurs n’hésitant pas à dire que ce sont les Apaches (et leur aménagement des forêts), qui sont venus à bout du Wallow Fire.
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Le Colorado, épicentre de débats entre États et pouvoir fédéral pour l’aménagement des Forêts nationales
Depuis l’ouverture de ce blogue, j’ai abordé différents enjeux spécifiques de l’aménagement des Forêts nationales des États-Unis. Aujourd’hui, je vais m’attarder sur un enjeu de fond, soit la lutte de pouvoir entre les États et le pouvoir fédéral pour non seulement l’aménagement de ces forêts, mais aussi leur propriété. Cet enjeu se présente sous deux formes dans l’État du Colorado, un État qui attire actuellement les regards dans l’aménagement des Forêts nationales.
La première forme est liée aux Roadless areas (chronique précédente sur le sujet). Cette politique vise à contrôler la construction de routes et autres chemins d’accès dans les Forêts nationales. L’utilisation du territoire reste permise, mais l’usage est limité à des activités qui s’accommodent de peu ou pas de chemins d’accès. Cette politique a connu son apothéose à la fin du règne du Président Bill Clinton alors que 237 000 km2 (58,5 millions d’acres) furent inclus dans cette politique, soit un peu plus de 30 % de la superficie des Forêts nationales. En plus de faire face à de nombreuses attaques en justice (neuf!), cette politique dû affronter l’administration de George W. Bush qui l’ajusta de façon à permettre aux États de moduler l’application de la politique nationale des Roadless areas à leur échelle. Le Colorado fut un des deux États (second : l’Idaho) à se prévaloir de cette opportunité avant qu’une Cour ne vienne fermer la porte. Contrairement à l’Idaho toutefois, où sa politique sur les Roadless areas a été bien accueillie par les groupes environnementaux, celle du Colorado est très critiquée.
Du processus de sélection des futures Planning rules
Les Forêts nationales américaines représentent 25 % de la superficie des forêts aux États-Unis et sont à 87 % situées dans l’ouest du pays (Alaska compris — Figure 1). Malgré cette apparente situation minoritaire et une répartition géographique ciblée, elles sont le théâtre de passions, car elles sont liées à de grands enjeux environnementaux et socio-économiques. Un nouveau chapitre de l’aménagement de ces forêts est sur le point de s’ouvrir avec la publication d’ici la fin février de la version définitive des Planning rules, soit le document stratégique pour produire et mettre à jour les plans d’aménagement de ces forêts. Mais avant sa publication, un document préalable très important a été publié le 26 janvier dernier, soit le Final Programmatic Environmental Impact Statement (PEIC). Un document technique de 373 pages qui justifie les grandes orientations des futures Planning rules qui vont paraître d’ici 30 jours (délai légal après un PEIC).
Un monde sans routes (ou presque…)
Lorsque vient le temps d’évaluer les effets de l’aménagement forestier, on s’attarde souvent au seul impact des coupes. Pourtant, si une coupe est un évènement très ponctuel (1 fois/70 ans), les routes qui ont servi à la coupe ont une durée de vie beaucoup plus longue et cela ne va pas sans impacts. À cet égard, citons une diminution de la biodiversité qui s’exprime particulièrement par une baisse de populations animales due à différents facteurs (destruction et fragmentation des habitats, risques de collision, etc.). Cela peut aussi entraîner des problèmes de co-habitation dans des territoires organisés (pourvoiries, ZECs). Et ce n’est là qu’une courte liste. Aux États-Unis, il y a une politique d’aménagement liée aux forêts nationales qui cible spécifiquement les routes, soit la bien nommée Roadless area rule. Pour aujourd’hui, petit survol de cette politique en élaboration depuis 40 ans (et oui, ce n’est jamais simple dans les forêts nationales américaines) sous l’angle particulier du Colorado.
Oregon : la métamorphose
Faisant suite à la chronique précédente, nous allons poursuivre notre périple dans le nord-ouest des États-Unis, plus précisément en Oregon, un État de 3,8 millions d’habitants où l’industrie du sciage a historiquement occupé une place centrale dans l’économie. Une industrie qui a cependant été secouée par deux chocs majeurs dans les vingt dernières années. Le premier est lié à la précédente chronique, à savoir la diminution drastique de la récolte dans les forêts nationales pour protéger la chouette tachetée, forêts qui représentent 47% de la superficie forestière de l’État. Le deuxième est l’effondrement récent du marché immobilier américain. Un groupe de Presse (East Oregonian Publishing Co.), s’est attardé à monter un dossier sur plusieurs semaines intitulé « The fate of our forests » pour montrer comment le monde forestier de l’Oregon se restructurait suite à ces deux chocs. Je vous invite à me suivre dans ce petit résumé qui, comme toujours, se complètera par une petite réflexion sur les potentiels enseignements à tirer pour le Québec.
Forêts nationales américaines : le grand virage
Suite à l’invalidation en juin 2009 par une cour des Règles de planification (Planning rules) régissant la production des plans d’aménagement des forêts sous juridiction fédérale, le gouvernement américain avait annoncé un changement de direction par la voix de son Secrétaire à l’Agriculture (chronique du 6 janvier 2011). Pour donner suite à cette intention, l’année 2010 fut consacrée à une vaste consultation publique pour établir les nouvelles Règles de planification. Ces dernières ont été publiées le 14 février dernier (les commentaires sont ouverts jusqu’au 16 mai). Comme attendu, les nouveaux mots d’ordre de ce document d’une cinquantaine de pages sont : adaptation, résilience et restauration des écosystèmes forestiers et des bassins versants. Cela pour faire face aux divers stress environnementaux anticipés, les changements climatiques étant en première ligne des stress considérés. Mis sur la sellette lors du jugement de 2009, le concept de filtre brut est retenu comme outil d’aménagement et appliqué de façon à répondre aux critiques émises. En soi, si les changements de mots d’ordre ne sont pas banals, ils étaient attendus. Et si je parle ici de grand virage, c’est avant tout dans la façon pratique que le USDA Forest service souhaite appliquer ses nouveaux mots d’ordre à l’échelle locale.
La fin de l’aménagement écosystémique ? Leçons de l’aménagement des forêts nationales américaines
Un des grands principes à la base de l’aménagement écosystémique, soit l’idée de préserver une diversité d’écosystème et d’espèces (principe du filtre brut), est en train de prendre la voie de garage dans la définition des futures règles pour l’aménagement des forêts nationales américaines. Par quoi cela va-t-il être remplacé? Si la discussion est ouverte, les nouveaux mots d’ordre sont : restauration et résilience. En particulier, restauration des écosystèmes dont la dynamique de feu a été altérée et résilience face aux changements climatiques et ses conséquences : épidémies d’insectes plus sévères, sécheresses accrues et autres. Une raison particulière : préserver la qualité de leur eau. Petit retour historique pour comprendre comment le USDA Forest Service en est venu là.